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Andersen Consulting obtient son indépendance

La Chambre de commerce internationale a tranché: le cabinet de conseil en management et informatique est délié de tout engagement vis-à-vis d’Arthur Andersen. C’est la fin de plus de trois ans de guerre au sein de la galaxie Andersen.

” Victoire totale “, ” c’est fini “, ” an zéro du futur de notre entreprise “… A l’annonce de la décision d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, Joe Forehand, CEO d’Andersen Consulting (AC) n’a pas caché sa joie. Après plus de trois ans de procédure l’opposant à Arthur Andersen, son frère ennemi du conseil fiscal et juridique accusé de marcher sur ses plates bandes, le cabinet de conseil en management et informatique a obtenu ce qu’il réclamait : son indépendance ” claire et totale. “Par sa décision, la CCI libère Andersen Consulting, qui compte parmi les cinq premiers groupes de services informatiques dans le monde, de toute obligation vis-à-vis d’AA. Et ce, sans la moindre réparation financière. Ni risque d’appel. Mais avec une obligation tout de même : celle de changer de nom, d’ici au 31 décembre.” Un petit prix à payer pour notre indépendance “, a concédé Joe Forehand. Chez Arthur Andersen, qui a pourtant annoncé la démission suprise de Jim Wadia son PDG (voir encadré), un autre son cloche prévaut : mention minimaliste du divorce, et le sentiment de n’avoir enfreint aucun des accords qui liaient les deux entités depuis septembre 1989.C’est à cette date en effet que la galaxie Andersen a connu son premier big bang : deux divisions autonomes sont créées, avec pour chacune un domaine réservé. A Andersen Consulting revient le conseil en stratégie, en management, et en informatique, tandis qu’Arthur Andersen garde la haute main sur tout ce qui est juridique et fiscal.Au-dessus de la mélée, Andersen Worlwide est chargé de jouer les casques bleus. De plus, les deux parties s’engagent à ce que la business unit la plus rentable verse jusqu’à 15 % de son bénéfice net (avant répartition aux associés) à l’autre, rappelle Benoît Génuini, PDG d’AC pour la France et membre du comité executif.

Oui, mais. Le Yalta du conseil s’est vite transformé en guerre froide. Les associés d’AC reprochent à leurs collègues d’AA d’empiéter sur leurs plates-bandes, au travers de la création d’Arthur Andersen Business Consulting notamment. L’audit est un métier à faible croissance, très concurrentiel et, de surcroît, affecté par la réduction du nombre de grands comptes. En comparaison, le secteur des nouvelles technologies fait figure de nirvana de la croissance. Résultat : de négociations en avertissements, les rapports dégénèrent. Jusqu’en décembre 1997, où AC en appelle à la CCI.L’arbitre désigné, le Colombien Guillermo Gamba, vient donc de trancher en rejetant sur Andersen Worlwide la responsabilité du divorce des deux divisions. Les tentatives de médiation d’AC, prêt à payer entre deux et quatre milliards de dollars pour quitter le navire, selon Benoît Génuini, n’auront pas suffi. Seule compensation financière, AA va récupérer 830 millions de dollars, somme due depuis le début de la procédure au titre du fameux accord des 15 %, et de toute façon mise de côté par AC.Pour importante qu’elle soit, cette séparation ne devrait pourtant pas changer grand chose d’un point de vue opérationnel. Depuis des années déjà, les deux entités disposent chacune de leurs propres structures de gestion. Pour AC, il va s’agir dans un premier temps de rassembler ses quarante-huit émanations nationales sous le chapeau d’une société coopérative, en attendant un éventuel changement d’organisation à la mi-octobre.A cette date en effet, les associés du cabinet de conseil vont se réunir pour étudier plusieurs options stratégiques : structure juridique, partenariats, croissance externe, voire même introduction en Bourse… Autant d’options courantes dans le monde des SSII. ” Plusieurs possibilités existent. Mais pour l’instant nous disposons de suffisamment d’argent pour rester indépendant”, a assuré Joe Forehand.

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Alain Ruello