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AMD va-t-il devenir le champion des consoles portables avec ses puces Z1 ?

Fournissant déjà les processeurs centraux et graphiques des Playstation 5 et autres Xbox Series, AMD lance aujourd’hui, dans le sillage d’Asus, ses puces Ryzen Z1 et Ryzen Z1 Extreme. Entre la ROG Ally et le Steam Deck, AMD va-t-il aussi devenir le roi des consoles portables ?

Asus vient tout juste d’officialiser la fiche technique exacte de sa console portable ROG Ally et c’est AMD qui est aux commandes de la puissance de calcul avec sa puce Ryzen Z1 Extreme. Loin d’être une puce custom exclusive à Asus, le Z1 Extreme entre officiellement au catalogue d’APU (1) d’AMD avec sa petite sœur, la Ryzen Z1 (lire plus loin). Comprendre qu’AMD compte tirer profit de ce lancement mondial pour tenter de créer une nouvelle catégorie de produits gaming mobiles avec d’autres partenaires.

Lire aussi : On a essayé l’Asus ROG Ally : cinq raisons qui nous la font préférer au Steam Deck (avril 2023)

Et le gaming, AMD connaît bien : depuis dix ans, c’est à AMD que les deux acteurs majeurs des consoles que sont Sony et Microsoft ont confié le destin de leurs puces (PS4 & PS5, Xbox One & Xbox Series).

Pour cette première génération de processeurs pour consoles mobiles, AMD a donc présenté deux références : le Ryzen Z1 et Ryzen Z1 Extreme, Asus ayant retenu cette dernière pour son ROG Ally. Deux puces construites sur les mêmes fondations, à savoir une gravure en 4 nm, une configuration possible entre 15 W et 30W, une partie CPU de génération Zen 4 et GPU de génération RDNA 3.

Modèles CPU : Cœurs/Tâches GPU : Nombre d’unités graphiques (CU) Mémoire cache L3
AMD Ryzen Z1 Extreme 8 / 16 (Zen 4) 12 CU (RDNA3) 24 Mo
AMD Ryzen Z1 6 / 12 (Zen 4) 4 CU (RDNA3) 22 Mo

Les différences se trouvent non à la conception, mais à la validation des puces : les meilleures sont qualifiées avec un CPU 8 cœurs/16 tâches, un GPU avec 12 Compute Units (CU) et 24 Mo de mémoire cache L3. Les puces un peu moins parfaites se contentent de 6 cœurs/12 tâches, de seulement 4 CU et 22 Mo de mémoire cache. AMD dispose donc déjà d’une gamme de puces « gaming ». Ce qui n’est pas une première, loin de là. La mobilité était en effet au cœur de la vision d’AMD quand l’entreprise à commencer à imaginer de tels processeurs il y a de cela… Presque vingt ans.

(1) : Accelerated Processing Unit (unité de calcul accéléré)

Une stratégie long terme

Cette année 2023 marque la consécration non d’une stratégie, mais d’une vision long terme. Très long terme : AMD a racheté ATI à la suite du lancement de son projet Fusion. Un projet qui visait à réunir le CPU et le GPU sur le même bout de puce (on parle de die). Avec un accouchement difficile en 2011 pour le premier APU du genre, nom de code Llano.

Bien que novateur à l’époque, l’éternel challenger d’Intel a eu du mal à convaincre au début. Et Intel est entré dans la danse avec ses puces mobiles par la suite. Qui intégraient une partie graphique certes peu puissante, mais pendant longtemps avec un CPU bien supérieur à ce que proposait AMD.

Lire aussi : Ryzen 4000 : on vous explique pourquoi ce “super processeur” d’AMD pourrait ébranler Intel (mars 2020)

La stratégie mobile actuelle date, elle, sans nul doute des Ryzen 4000 Mobile et le fameux Ryzen 4800U que nous avons testé en 2020. Une génération de puces qui fut, selon nos tests, la première à proposer un SoC où les parties CPU et GPU offraient le niveau de performances suffisant pour jouer à des jeux 3D récents de manière confortable en 1080p. Avec Zen et RDNA, AMD a développé deux architectures capables de monter en puissance de manière alignée. Et ce sont des puces comme le Ryzen 6800U ou encore la puce « Aerith » du Steam Deck qui ont achevé de valider ces blocs technologiques. Pour accoucher, aujourd’hui, de deux puces taillées pour exécuter de manière confortable même les tout derniers jeux 3D. La question étant de savoir quel est l’écart de performances réel entre les Ryzen Z1 et Z1 Extreme. Et là, la réponse est plus difficile que prévu à trouver…

Des mesures de performances qui interrogent

Commençons par ce que l’on sait : au sein du ROG Ally d’Asus, dans le cas où la puce soit poussée au maximum de son TDP (30W donc), on devrait pouvoir profiter de performances de haute volée avec une puissance affichée de 8,6 TFLOPS. On s’attend ainsi à jouer à Cyberpunk 2077 en Full HD à 60 images par seconde (niveau de détails bas, sans aucun doute). Pour avoir eu brièvement la console en main, cette promesse semble à la portée du Ryzen Z1 Extreme de cette console qui serait jusqu’à 5,2 fois plus performante graphiquement qu’un Steam Deck. Et 21 fois plus que le Tegra X1 de la Nintendo Switch selon les calculs des ingénieurs d’AMD. Ce qui se conçoit : des années séparent le Nvidia Tegra X1 original (gravé à l’époque en 20 nm, puis en 16 nm) et le Z1 Extreme gravé en 4 nm.

Attention cependant aux conclusions hâtives autour des teraflops – du calcul brut – et les performances réelles en termes d’images par seconde. L’impact du système d’exploitation, des différentes « couches » techniques ainsi que des pilotes logiciels sont plus importants que des indices de performance théorique. Et puisqu’on parle de performances théoriques, les diapositives Powerpoint récupérées par nos confrères de The Verge laissent apparaître une drôle d’incohérence provenant soit des spécifications communiquées par AMD, soit des benchmarks d’AMD.

En analysant les résultats de performance native en Full HD (pas de mise à l’échelle FSR), on ne perçoit pas du tout les écarts de performances attendues entre les deux puces – le Z1 Extreme intègre 12 CU contre seulement 4 CU pour le Z1. Alors que la puce du ROG Ally est trois fois mieux dotée en cœurs graphiques, les écarts de performances entre les deux APU sont, au mieux, de x2 en faveur du Z1 Extreme (Red Dead Redemption), au pire quasi nul dans le cas de DOTA2.

Seul un test comparatif de deux machines permettra de séparer le bon grain de l’ivraie. Ce qui devrait arriver dans les mois qui viennent. Car outre les petits acteurs chinois qui travaillent depuis quelques années sur ce format console (GPD, Aya, OneXplayer), il semble évident que la concurrence regarde avec grand intérêt la console d’Asus et sa puce… Voire travaille déjà sur des machines concurrentes.

Des puces aux commandes d’un nouveau format

Présenté par Dell ici au CES 2020 de Las Vegas, l’Alienware UFO est un prototype de PC portable façon Nintendo Switch qui n’a pas vu le jour. Mais il préfigure bien de l’Asus ROG Ally. © Adrian BRANCO / 01net.com
Présenté par Dell ici au CES 2020 de Las Vegas, l’Alienware UFO est un prototype de PC portable façon Nintendo Switch qui n’a pas vu le jour. Mais il préfigure bien de l’Asus ROG Ally. © Adrian BRANCO / 01net.com

Cela fait plusieurs années déjà que le gaming n’est plus un marché de niche et représente une bonne part des revenus de nombreux acteurs du PC – parfois plus de 25 % du chiffre chez certains ! Mais avec des prix majoritairement supérieurs à mille voire deux mille euros, les PC gamers « sérieux » représentent un sacré investissement. Une des raisons (en plus d’autres, comme la simplicité) pour laquelle le marché des consoles est bien plus volumique que celui des PC de jeu.

Lire aussi : ONE X PLAYER mini, le PC-console chinois sous Windows 11 qui promet bien plus qu’un Steam Deck ou une Nintendo Switch (juillet 2022)

Or, les Z1 apportent en eux la promesse de volumes d’une tout autre magnitude… si AMD a su contenir les prix ! Bien que le tarif de la ROG Ally ne soit pas connu, il y a fort à parier qu’il soit inférieur à 1000 €. Il suffit de voir comment de petits acteurs comme OneXPlayer arrivent à sortir des machines aux alentours de 1100/1200 € pour imaginer qu’un acteur bien plus puissant comme Asus a de quoi faire baisser ce ticket d’entrée. Grâce à de meilleurs volumes et une plus grande maîtrise de ses outils industriels.

Après le coup du Steam Deck, si Asus transforme l’essai avec la ROG Ally, il semble certain que non seulement les marques chinoises, mais aussi et surtout les « tradis » du PC que sont Dell (qui a déjà tenté l’Alienware UFO en 2020), Acer et les autres sortent une machine de leur chapeau sous le fanion de leurs marques gaming respectives. Avec, en leur cœur, une puce AMD. Pour l’instant tout du moins.

Nvidia et AMD contrôlent le gaming, quid d’Intel ?

Cela fait maintenant deux ans que les petites marques chinoises qui ont commencé à populariser le concept PC/console font appel à AMD pour propulser leurs machines.

AMD et son rival AMD contrôlent chacun des territoires du gaming. AMD propulse les consoles de salon de Sony et Microsoft, une partie des PC à GPU intégrés, ainsi que ce marché naissant des « consoles PC » portables. Nvidia domine largement le monde du PC (plus de 80 % de part de marché chez Steam) et le gaming léger avec la Nintendo Switch. Si Nvidia développe les meilleures architectures depuis des années, c’est pourtant AMD qui a l’avantage pour cette nouvelle génération de machines. D’une part parce que l’entreprise sait se mettre au service de ses clients. Et aussi parce qu’elle est la seule des deux à permettre la compatibilité nécessaire à profiter du catalogue PC. Ce que ne peut faire Nvidia tant qu’il ne concevra pas une puce tout-en-un avec un CPU x86 (ce qui devrait être bientôt possible, sur le papier, avec l’avènement d’IFS 2.0 où Intel pourra “louer” ses IP).

Il y a aussi un autre acteur, théoriquement très légitime dans le domaine du PC, qui semble avoir les armes pour venir s’attaquer à AMD : le géant Intel. Comme lui, il conçoit des puces x86 dotées d’un GPU intégré. Mais Intel a encore des faiblesses, comme la plus grande consommation énergétique dû à sa gravure plus grossière. Ainsi qu’un GPU Xe, moins performant que la puissante architecture RDNA3 employée par les Ryzen Z1. Ou encore une compatibilité logicielle moindre (mais en net progrès), ainsi que des liens moins forts qu’AMD dans le milieu du gaming. Mais le titan a dans sa manche un déroulé technologique : gravure Intel 4, nouvelle architecture graphique, etc.

En attendant, AMD est bien parti pour s’installer dans le segment des PC/consoles portables sans concurrence pendant un moment. Et pourrait bien devenir, si Intel et Nvidia ne font rien, l’empereur des consoles.

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Source : AMD