Sur le marché mondial des microprocesseurs, AMD obtenait, en volume, 7 % de parts en 1999. Aujourd’hui, elles atteignent 22 % (source AMD). Au dernier trimestre, le constructeur a même battu un record : 7,7 millions de processeurs (Athlon et Duron) vendus. Mais du fait de la guerre des prix déclenchée par Intel, cette performance ne génère pas les bénéfices attendus. En effet, les prix des processeurs d’AMD ont chuté d’environ 20 % en moyenne entre juin et septembre 2001. Et le chiffre d’affaires d’AMD a connu, entre le troisième trimestre 2000 et le troisième trimestre 2001, une baisse vertigineuse de 36 % (passant de 1,2 milliard à 765,8 millions de dollars). Quant à son résultat, il plonge dans le rouge. Alors qu’il était bénéficiaire au troisième trimestre 2000 (408,6 millions de dollars), pour la même période de cette année, il est déficitaire de 187 millions de dollars. Pour AMD, l’année 2000 avait été la première année positive en termes de résultats sur les cinq dernières années. Pour les neuf premiers mois de 2001, le constructeur affiche un bénéfice de 44,8 millions de dollars. Si, au quatrième trimestre, les pertes excèdent ce chiffre, le constructeur replongera une nouvelle fois dans le rouge.Pourtant, la guerre des prix qui fait rage ne nuit pas seulement à AMD et comme le dit Jerry Sanders, son PDG : “La volonté d’Intel de nous asphyxier n’est pas sans dommage pour lui”. Ainsi, Intel, dont l’activité processeurs représente environ les trois quarts de son chiffre d’affaires, vient d’annoncer un bénéfice au troisième trimestre en baisse de 96 % par rapport à la même période de l’année précédente. Mais si Intel souffre aussi, les deux fabricants ne se battent pas à armes égales. Si l’on en croit les analystes, le budget promotionnel d’Intel consacré aux processeurs correspond à peu près au chiffre d’affaires d’AMD…
Intel accusé de concurrence déloyale
Quoi qu’il en soit, le constructeur subit de plein fouet les conséquences de ses mauvais résultats. Il est contraint de fermer deux de ses usines de production et de licencier 2 300 personnes au niveau mondial, soit 15 % de ses effectifs, d’ici à la fin du second trimestre 2002. Mais AMD a d’autres sources d’inquiétudes. Il a perdu des clients importants : IBM en août et en septembre, Gateway, son principal acheteur jusqu’alors. Des acteurs qui prétendent officiellement faire des économies en réduisant le nombre de leurs fournisseurs. AMD, quant à lui, allègue que la vraie raison de ces désistements est à chercher du côté d’Intel et des pressions que ce dernier exerce sur les constructeurs de micros. Réprouvant ces pratiques commerciales, il a d’ailleurs intenté une action en justice, à l’instar du constructeur de stations de travail Intergraph quelques années auparavant. En dehors du marché de l’assemblage, AMD peut encore compter sur NEC, Compaq et HP qui lui restent fidèles. Mais le rachat de Compaq par HP, qui tous deux entretiennent des liens serrés avec Intel, n’est pas de bon augure.Autre handicap, aucun acteur majeur, à l’exception de NEC, ne dispose d’une offre professionnelle à base de processeur AMD.Malgré tout, AMD n’a pas encore abattu toutes ses cartes. Il lui reste à explorer un nouveau marché qui est encore la chasse gardée d’Intel : celui des processeurs pour serveurs de milieu et de haut de gamme (quadriprocesseurs et plus), un secteur nettement plus lucratif que celui des processeurs pour PC. Ce marché, AMD compte résolument le conquérir dès la seconde moitié de 2002 avec son processeur 64 bits connu actuellement sous le nom de code Hammer. Totalement compatible 32 bits et, de ce fait, avec l’ensemble des applications et des systèmes d’exploitation actuels, Hammer sera à la base de toutes les nouvelles générations de puces d’AMD, qu’il s’agisse de processeurs pour PC, portables ou serveurs. “Les trois principales initiatives d’AMD pour les années à venir sont : Hammer, Hammer et Hammer”, se plaît d’ailleurs à marteler Jerry Sanders.
AMD surfe sur la déferlante marketing de Windows XP
Par ailleurs, le constructeur a lancé le 9 octobre dernier l’Athlon XP (pour Xtra Performance). Toute ressemblance avec le sigle XP de Microsoft (qui a d’ailleurs autorisé AMD à utiliser cette appellation) étant bien évidemment fortuite. “C’est la réponse de David à Goliath, indique non sans humour notre assembleur français. Au lieu d’investir des millions de dollars comme Intel pour avoir le droit d’apposer le logo XP sur ses puces, AMD joue la carte de la débrouille et profite de la déferlante marketing de Microsoft associée au lancement de son nouvel OS : c’est bien vu !” L’Athlon XP, fort d’un nouveau jeu d’instructions, bénéficie surtout de l’architecture Palomino inaugurée avec les Athlon MP. Résultat : les puces sont plus performantes, jusqu’à offrir une puissance supérieure à celle du plus rapide des Pentium 4. Mais surtout elles dissipent beaucoup moins de chaleur que les précédents Athlon : la prouesse pourtant la moins visible. Au-delà de sa fréquence supérieure, l’Athlon XP, en passant d’une température de 50?’C à 35?’C en fonctionnement, devrait convaincre de nouveaux assembleurs. Mais il faudra attendre la réaction des constructeurs de renom pour savoir si AMD a une chance d’atteindre son objectif de 30 % de parts de marché pour l’année 2002…
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