Les processeurs haut de gamme qu’AMD prévoit de sortir cet automne constituent clairement une nouvelle génération et vont apporter une bouffée d’oxygène pour l’ex-fondeur, qui a su user l’architecture des Phenom jusqu’à la corde ces dernières années. Ayant pour nom de code Zambezi, les nouveaux processeurs FX d’AMD seront dans un premier temps au nombre de trois : deux modèles huit cœurs (FX-8150 et FX-8120) et une version à six cœurs (FX-6100). Quatre autres références devraient les rejoindre d’ici à la fin de l’année (un huit cœurs et trois quadruple cœurs).
Tous sont gravés en 32 nm (on note qu’Intel passera au 22 nm en 2012 !) et sont conçus pour prendre place sur des cartes mères équipées des composants de série 9 (AMD 990FX) et du nouveau socket AM3+ (compatible également avec les processeurs AM3). Enfin, pour faire jeu égal avec les processeurs Intel dans le domaine des instructions spécialisées, les FX embarquent les jeux SSE3, 4.1/4.2, AES, AVX et ajoutent même des couches « maison », avec les jeux FMA4 et les XOP. Toutes ces instructions matérielles sont utilisées par un grand nombre de logiciels et, lorsqu’un processeur les intègre, cela lui fait gagner énormément de temps dans l’exécution des calculs (pour l’encodage vidéo par exemple).
Huit cœurs physiques dans le PC
Pour faire simple, un processeur AMD FX doté de huit cœurs physiques se décompose en quatre parties égales. Chacune comporte une grappe de deux cœurs « Bulldozer ». Dans le cas du FX-8150, chaque cœur est cadencé à 3,6 GHz et intègre 2 Mo de cache de niveau 2 (8 Mo en totalité donc) et la même quantité de cache de niveau 3. Le lien HyperTransport, introduit dans les puces AMD avec les premiers Athlon X2, est toujours de la partie, pour se charger de la communication avec les différents composants de la carte mère.
Comme les processeurs Intel de la famille Core, les FX intègrent désormais le chipset « Northbridge » de la carte mère. Ainsi, il gère en interne – et donc plus rapidement – l’aiguillage des données à traiter par les cœurs, les lignes PCI-Express nécessaires aux cartes graphiques (entre autres), etc.
Sous le capot, un turbo deux fois plus gros que celui d’Intel
Autre point commun, sur le papier, avec les processeurs Intel Core i5 et i7 : le mode Turbo. Pour rappel, les processeurs actuels ne font pas toujours appel à l’ensemble de leurs cœurs lorsqu’une application est lancée. En fonction de la programmation de celle-ci et des ressources dont elle a besoin, les cœurs d’exécution s’activent en totalité ou pas. Dans ce dernier cas, le mode Turbo d’Intel permet aux cœurs actifs de bénéficier d’une hausse de leur fréquence de fonctionnement, à condition que l’enveloppe thermique du processeur ne soit pas atteinte. Suivant les modèles et les applications, les gains sont plus ou moins importants. Chez Intel, cette technologie se nomme Turbo Boost. La version AMD FX s’appelle Turbo Core. Ainsi, le FX-8150 peut passer de 3,6 à 3,9 GHz, voire 4,2 GHz !
Son fonctionnement semble toutefois avoir quelque peu évolué puisque, selon les schémas fournis par AMD, il est possible que la totalité des cœurs montent à 3,9 GHz, tant que l’enveloppe thermique de 125 W n’est pas dépassée et que l’application sache utiliser autant d’unités. D’autre part, lorsque quatre des huit cœurs sont utilisés, la fréquence de 4,2 GHz peut être atteinte. Reste à savoir si le fonctionnement de cette technologie a été amélioré. Car, lors de nos précédents tests des Phenom II X4 et X6, nous avions constaté que la méthode de déclenchement du Turbo Core était moins efficace que le Turbo Boost d’Intel…
Le Core i7-2600K encore hors d’atteinte !
Si, selon AMD, le FX-8150 se destine à concurrencer l’Intel Core i7-2600K, avec ses quatre cœurs hyperthreadés (quatre cœurs physiques, huit cœurs logiques), la réalité est toute autre ! Car, si on se fie aux tests que nous avons réalisé, le FX-8150 se place plutôt en concurrent du Core i5-2500K d’Intel, une puce à quatre cœurs, sans hyper threading et cadencée à 3,3 GHz (avec un mode Turbo à 3,7 GHz).
En effet, l’application Cinebench R11.5, montre que l’indice de performances pures obtenu par le FX-8150 – lorsque tous les cœurs sont actifs – se situe entre les scores obtenus par les Core i5 2500K et Core i7 2600K. Lorsque la puce est placée dans notre machine de référence, les performances globales de la configuration illustrée par les indices PC Mark Vantage et 3D Mark Vantage (CPU score) sont plutôt médiocres.
Le retour d’AMD ?
AMD a fait d’énormes progrès, l’architecture Bulldozer en témoigne et apporte un nouveau souffle dans la conception des puces de calcul par l’ex-fondeur. Toutefois, la consommation globale de la plate-forme AMD demeure importante : 106 W au repos et 246 W en charge contre 79 W et 157 W pour notre machine Intel équipée en Core i7-2600K. Du côté des choix d’architecture et de la gestion du traitement des informations, en revanche, AMD n’égale pas Intel. La preuve avec notre test Cinebench « cœur contre cœur ».
Par contre, bon point pour AMD, il n’y a pas de choix cornélien en ce qui concerne le chipset à adopter pour une éventuelle plate-forme. Trois chipsets (H67, P67 et Z68) pour Intel qui apportent chacun plus ou moins de fonctions contre un seul pour AMD.
Mais à l’heure du choix, le FX-8150 ne s’impose pas de facto. AMD préfère impressionner par le nombre que par l’efficacité. De plus, les prix annoncés par la marque (voir encadré ci-dessous) ne nous paraissent pas si abordables que cela, réduisant significativement le rapport qualité/prix des puces. Les Core i5 et i7 restent à l’heure actuelle, à nos yeux, les meilleurs choix pour une machine de jeu ou de production lourde bien que le prix global de la plate-forme Intel soit plus important. La performance se paie.
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