C’est un curieux dossier qui a attiré l’attention du site d’actualités de IEEE Spectrum. Le 19 novembre, une société appelée Chrome Enterprises a déposé une demande d’autorisation à la Commission fédérale des communications pour tester jusqu’à 450 prototypes utilisant une nouvelle technologie haut débit sans fil. Mais pour IEEE Spectrum, il est probable que Chrome Entreprise ne soit qu’un écran de fumée destiné à masquer… Amazon.
Une fréquence qui sera celle de la 5G
La technologie en question s’appelle le CBRS (Citizens Broadband Radio Service) que l’on peut traduire littéralement par service de radio à large bande pour les citoyens. Elle concerne la bande de fréquence 3,5 GHz avec une largeur de spectre de 150 MHz. Elle était réservée à un usage militaire et doit être libérée en partie sans mise aux enchères et selon un système de partage entre les acteurs du CBRS Alliance. On en compte aujourd’hui une soixantaine, avec pour majorité des opérateurs et équipementiers télécoms comme Nokia, Verizon ou Comcast mais aussi Alphabet, qui multiplie les expérimentations dans ce domaine depuis 2016. Avec ce tout ce nouveau spectre disponible, le CBRS promet des communications radio en 4G qui seront plus rapides et plus fiables que le Wi-Fi. En France, la bande de fréquence 3,5 GHz est utilisée partiellement par l’armée, ainsi que le THD Radio jusqu’en 2026, mais a vocation à être dédiée à terme à la 5G avec une attribution qui passera probablement par des enchères.
Des tests dans un spa
Dans sa demande, Chrome Enterprises a déclaré vouloir tester jusqu’à 150 émetteurs fixes et 300 unités mobiles dans des installations de Cupertino, Sunnyvale et Tracy en Californie. Un déploiement d’une ampleur inégalée. Il est donc étrange que la société qui demande l’autorisation, Chrome Enterprises, ne soit pas plus renommée. Son adresse postale est située dans un immeuble de bureaux dans l’Etat de Géorgie et la société a été créée l’année dernière dans le Delaware, un État aux règles strictes en matière de confidentialité. L’adresse e-mail de Chrome Enterprises est un compte Yahoo.com et le numéro de téléphone renvoie directement à une messagerie vocale. Les lieux d’expérimentation sont incongrus : un centre de spa, une faculté ou encore un fabricant de plastique. Mais il est spécifié que les tests pourront être effectués dans un rayon de 2 kilomètres. Or, il se trouve que deux des adresses se situent juste à côté de bâtiments appartenant au Lab126, le laboratoire de recherche d’Amazon, et que la troisième se trouve à proximité de l’un des plus gros centres de distribution de la plate-forme.
Si Amazon est vraiment derrière Chrome Entreprises, il joue un jeu dangereux en se cachant. Car déclarer des informations inexactes à la FCC peut justifier une révocation de licence ou une amende.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.