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Amazon va participer à la création de l’euro numérique, la future alternative européenne aux cryptomonnaies

La Banque Centrale Européenne (BCE) prépare l’arrivée de l’euro numérique. Pour mettre au point son alternative aux cryptomonnaies, l’organisme monétaire s’est notamment tourné vers Amazon, le géant américain du commerce en ligne.

Ce vendredi 16 septembre 2022, la Banque Centrale Européenne (BCE) a dévoilé le nom des cinq entreprises chargées de participer à la conception de l’euro numérique. Sans surprise, ce projet de monnaie dématérialisée a été confié à des organismes bancaires.

Le communiqué liste des partenaires comme CaixaBank, une entreprise financière espagnole, Worldline, le spécialiste français des paiements, European Payments Initiative, un projet de paiement visant à concurrencer Mastercard et Visa, et le spécialiste des paiements en points de vente Nexi.

Petite surprise, la banque centrale, l’entité chargée d’émettre l’euro, a également confié le projet à une multinationale américaine : Amazon. La BCE précise que l’entreprise est incluse dans l’initiative en tant que système de « paiements pour le commerce électronique ».

Les entreprises sélectionnées développeront « des interfaces utilisateur potentielles pour l’euro numérique » en collaboration avec la BCE. Ces prototypes serviront de base à des transactions simulées. La banque centrale précise que les prototypes mis au point ne seront réutilisés dans la suite du projet. En clair, l’interface de la version définitive sera différente des propositions d’Amazon et consorts.

Amazon s’est timidement intéressé au secteur des paiements numériques ces dernières années. Le géant américain a notamment recruté un spécialiste des actifs numériques l’année dernière. Au même moment, Amazon a aussi engagé un chef de produit spécialisé dans les technologies blockchain.

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L’euro numérique, une alternative aux cryptomonnaies ?

L’euro numérique est une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Il s’agit d’une version 100 % numérique d’une devise fiduciaire destinée à faciliter les paiements et les échanges entre les institutions bancaires.

La BCE développe cette version numérique de la devise dans le but de proposer une alternative aux cryptomonnaies, comme le Bitcoin ou l’Ether. L’euro numérique est spécifiquement prévu pour répondre à l’émergence des stablecoins, ces tokens indexés sur une monnaie fiduciaire. Parmi les stablecoins les plus populaires, on trouve l’USDT, l’USDC, le BUSD ou encore le Pax Dollar. Ils sont essentiels au fonctionnement de l’écosystème crypto.

Avec l’euro numérique, la BCE répond par ailleurs à la dématérialisation croissante des paiements depuis la crise du Covid-19. Désormais, plus de 40 % des achats réalisés en Europe dans une boutique physique sont réglés avec une carte bancaire. Le cash est progressivement délaissé par les Européens. Certains pays, dont la Belgique, ont d’ailleurs décidé d’obliger les commerçants à accepter les paiements électroniques, que ce soit par le biais d’un terminal ou d’une application sur smartphone.

L’euro numérique offre une multitude d’avantages, affirme la BCE. La monnaie permettra d’abord de lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent. Elle garantira des transactions bien plus rapides qu’un virement bancaire traditionnel et réduira les frais de gestion d’un compte bancaire (remplacé par un wallet numérique sur smartphone). L’euro numérique offrirait aussi une meilleure sécurité aux utilisateurs grâce à la technologie blockchain. La BCE a d’ailleurs testé des chaînes de blocs basées sur le réseau Ethereum, comme la blockchain privée Quorum.

Déploiement en 2026 en Europe

Aux dernières nouvelles, l’euro numérique ne sera pas déployé avant 2026. La monnaie sera disponible dans tous les pays de l’UE, en complément de l’euro traditionnel. Comme promis par la BCE, l’euro numérique ne précipitera pas l’abandon de l’argent liquide. Il sera toujours possible de payer avec des billets ou des pièces.

La banque centrale avance une grande prudence dans la conception de l’euro numérique. Initié en 2020, le projet a d’ailleurs donné lieu à une kyrielle de tests différents. Des transactions numériques transfrontières ont notamment été organisées entre la Banque de France, la Banque Centrale de Tunisie et l’Autorité monétaire de Singapour.

Au terme de ces expérimentations, la BCE a donné son feu vert au projet en 2021. Une phase d’investigation de 24 mois a alors été instaurée par la banque centrale. C’est dans le cadre de cette phase qu’Amazon, et les quatre autres firmes choisies, auront un rôle à jouer. La BCE estime que la phase d’enquête se terminera au premier trimestre de l’année prochaine. Sur base des observations réalisées pendant ces 24 mois, l’organisme décidera de la suite des opérations. Si les résultats sont concluants, la BCE préparera ensuite le terrain à l’émission de l’euro numérique à l’horizon 2026.

L’émergence des monnaies numériques de banque centrale

La BCE n’est pas la seule banque centrale à concevoir sa propre monnaie numérique. La Chine a pris de l’avance sur le reste du monde en déployant dès 2020 son yuan numérique, ou e-yuan. En réponse à Pékin, la Réserve fédérale américaine, la banque centrale des États-Unis, étudie la possibilité d’émettre une version numérique du dollar. Le projet a été évoqué à plusieurs reprises ces dernières années, au grand dam des banques privées, qui y voient un grave danger pour le système financier et monétaire. Des projets analogues ont vu le jour un peu partout dans les mondes ces dernières années, en réponse à l’adoption croissante des cryptomonnaies. C’est le cas en Australie, à Singapour, en Afrique du Sud et au Japon.

L’essor de ces monnaies numériques de banque centrale suscite régulièrement l’inquiétude des défenseurs des libertés individuelles. Edward Snowden, le célèbre lanceur d’alerte, estime d’ailleurs qu’une monnaie numérique émise par une banque centrale est « une perversion de la cryptomonnaie, une monnaie crypto-fasciste » qui menace la liberté d’épargne des citoyens. L’ancien employé de la NSA craint par exemple que les banques centrales appliquent des taux d’intérêt négatifs pour stimuler la consommation.

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Source : BCE


Florian Bayard
Votre opinion
  1. “La création de l’euro numérique, la future alternative européenne” Portant c’est une entité Américaine, membre des GAFAM que l’Europe essaie de faire plier pour respecter les lois européennes, qui va participer à sa mise en place ?…
    Je ne suis pas prix Nobel d’économie mais il y a un soucis dans la phrase.

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