Présentée en mai dernier lors de sa conférence I/O, l’application de messagerie Allo est entre les mains de notre rédaction depuis une petite semaine. Lancée ce 21 septembre, elle est censée permettre à Google de reprendre pied face à une concurrence qui commence à sérieusement le distancer. Son arme secrète ? Insérer dans cette messagerie instantanée Google Assistant qui pourra répondre à n’importe laquelle de nos questions. Suffisant pour reprendre la main face à WhatsApp, Facebook Messenger et Apple Messages ?
Se jeter Allo
Désormais bien rodée, l’installation de cette nouvelle application de messagerie demande tout d’abord l’autorisation d’aller fouiller dans notre carnet d’adresses. Une technique toujours perçue comme intrusive, mais indispensable pour proposer d’ajouter d’indispensables contacts sans lesquelles une telle application est inutile.
Si le correspondant potentiel n’utilise pas encore Allo – ce qui est fort probable – un SMS lui sera envoyé s’il possède un iPhone. S’il préfère Android, c’est directement une notification du système qui s’affichera sur son smartphone. Un détail peut-être, mais en tout cas très révélateur de la volonté de Google d’inciter ses utilisateurs à installer Allo.
Google Assistant tout le temps là mais en anglais
Une fois la conversation engagée, rien de très original ne transpire vraiment de l’application. Tous les basiques du genre sont là : texte, photos, emojis, stickers et même partage de sa position géographique. Pour ceux qui désirent conserver leur intimité, il est également possible de lancer une conversation chiffrée de bout en bout grâce au « mode incognito ».
Dans ce mode, on pourra choisir le temps d’expiration des messages, de 5s à jamais, en passant par une heure ou une semaine. Dommage cependant que Google n’ait pas choisi ce procédé par défaut à l’heure où WhatsApp et Apple l’ont fait. La question du respect de la vie privée mérite en effet quelques efforts supplémentaires…
La véritable innovation d’Allo vient donc d’ailleurs. C’est en effet Google Assistant qui est censé faire la différence. Le bot s’affiche dans la liste des correspondants, comme n’importe quel contact. Pas du tout bilingue, il ne fonctionne pour l’instant qu’en anglais, mais Google rassure en annonçant d’autres langues disponibles bientôt. Pour l’instant, lui adresser une question en français n’affichera que la première réponse d’une recherche classique sur Google.
Pour s’adresser à lui, on peut soit lui écrire, soit lui parler en enregistrant sa demande (toujours en anglais) et en lui envoyant – signalons que la reconnaissance vocale est particulièrement efficace, une fois encore. Notons également qu’il est possible de convier l’assistant dans n’importe quelle conversation avec un ami en commençant son message par « @Google ».
Un assistant et encore quelques limites
Avec une telle présence à tous les étages de l’application, cet assistant est-il pour autant efficace ? Plutôt si l’on en croit notre expérience après presque une semaine d’utilisation. On a ainsi pu lui demander aussi bien la météo – qui peuvent être envoyés automatiquement chaque matin, que des résultats sportifs ou encore des conseils sur les restaurants du quartier. Basique, mais essentiel pour un bon début.
On a pu également solliciter son intervention pour préparer un séjour à l’étranger. Après nous être assuré que la destination était proche d’un aéroport international, nous avons pu consulter les vols disponibles avant de craquer et de quitter Allo pour un navigateur et une interface classique.
Car à une question posée, Allo apporte une réponse, qu’on peut affiner, élargir, valider ou refuser. Mais chacune de ces possibilités reposent sur des sortes de bulles prédéfinies qui limitent assez rapidement l’interaction et ce qu’on peut retirer de l’aide apportée par l’assistant de Google.
Le point d’entrée de l’intelligence artificielle de Google
Ce sont plutôt l’intelligence artificielle vantée par Google et les technologies attenantes qui sont étonnantes. La reconnaissance d’image fonctionne par exemple très bien. En lui soumettant une photo de la porte d’Ishtar prise par nos soins au Pergamonmuseum de Berlin, il reconnaît tout de suite l’édifice, mais connaît aussi le lieu où il se trouve. Ces réponses sont affichées comme des propositions, il suffit de cliquer sur l’une d’entre elles pour accéder ensuite aux informations la concernant (historique, photos, carte, etc.). C’est donc là que se trouve toute la puissance d’Allo : regrouper via une porte d’entrée un accès à toutes les technologies de Google.
Reste une interrogation : cela sera-t-il suffisant pour convaincre les gens d’abandonner Messages, WhatsApp ou Messenger pour Allo ? Avec plusieurs milliards d’utilisateurs cumulés, rien n’est moins sûr. Surtout que la solution de Google souffre encore d’un défaut : elle n’est disponible que sur mobile, aucune version web ou desktop n’est pour l’instant proposée. Un handicap alors que les services de messagerie se font de plus en plus universels.
Enfin, à l’heure où les assistants se multiplient (Siri chez Apple, Cortana chez Microsoft, Alexa chez Amazon) et sont de plus en plus intégrés aux systèmes d’exploitation, est-on prêt à utiliser une application dédiée – qui plus est de messagerie – pour seulement faire appel à celui de Google ? Un point de plus où Google devra convaincre.
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