Elle est déjà loin l’époque des doux massages chez Pixelpark. Il est révolu le temps des petits déjeuners servis chaque matin dans les bureaux des start-up ! “Les entreprises n’investissent plus dans ce genre de détails. Dans la nouvelle économie, où l’argent manque, ces petits avantages ont été tout simplement supprimés”, constate Jürgen Rohmeier, directeur du département nouvelle économie au cabinet de recrutement Kienbaum und Partner.Après le boom des années 1990, les managers allemands appliquent de nouvelles stratégies pour retenir leurs salariés. “En période de restructuration, il est plus important que jamais de motiver les bons éléments”, estime Jürgen Rohmeier.Malgré la crise, les employés continuent de scruter attentivement les petites annonces, surtout depuis que le levier financier ne fonctionne plus. “Les stock-options restent toujours un moyen de motivation malgré l’effondrement des marchés financiers. Mais l’argent n’est plus le principal critère pour rester”, explique Robert Berengeno, porte-parole de la fédération allemande des start-up (Enes).
Le plaisir du travail
“Les entreprises allemandes doivent savoir que les nouvelles recrues sont plus motivées par la liberté de mouvement que par l’argent”, estime Katherina Dietze du cabinet de conseil IBT.Selon un sondage de l’institut Forsa, 85 % des 20-39 ans recherchent d’abord le “plaisir au travail “. Pour Matthias Horx, directeur du Zukunftsinstitut, un centre de recherche sur le travail à Francfort (*), la formation continue constitue désormais l’un des facteurs essentiels du “retention marketing “. Les entreprises allemandes investissent près de 18,3 milliards d’euros (120 milliards de francs) chaque année dans ce domaine. “Actuellement, les gens ont besoin de sécurité mais ils veulent aussi des perspectives”, confirme Jürgen Rohmeier, du cabinet Kienbaum und Partner. En plus de la flexibilité du travail, les entreprises découvrent les bienfaits du congé sabbatique. D’après les sondages, 70 % des employés rêvent de profiter de cette liberté. “C’est une mesure favorable au maintien du personnel dans l’entreprise”, assure Jürgen Rohmeier. Plus de 10 % des firmes allemandes proposent déjà cette formule.Dans la net économie, la réapparition des titres redondants est l’une des tendances du moment. Head consultant new media, manager of business-development, web developer ou encore screen designer… sont les nouvelles dénominations inscrites sur les cartes de visite des salariés allemands. Les entreprises proposent à leurs collaborateurs ?” à un coût réduit ?” une manière d’affirmer leur identité et leur appartenance à la société.Les avantages en nature sont néanmoins toujours prisés. Bertelsmann offre un PC avec un accès internet à l’ensemble de ses employés. Adidas a construit une grande salle de sport au siège de Herzogenaurach. D’autres entreprises mettent à disposition un studio fitness, une maison de vacances ou un espace sieste dans les bureaux.
Revoir la politique sociale
Mais, pour Matthias Horx, les entreprises vont devoir revoir fondamentalement leur politique sociale. “L’entreprise de demain sera une université”, dit-il. L’exemple d’Infineon est parlant. La filiale semi-conducteurs de Siemens construit actuellement un nouveau siège à Munich. On ne parle plus de “centre administratif “. Le siège porte désormais un nom : “Campeon “. Ce sera une ville expérimentale de 9 000 personnes, avec une académie et un laboratoire de recherche. “Les entreprises de demain n’ont pas besoin de nouveaux décors, estime Matthias Horx, mais d’une nouvelle architecture sociale pour motiver et retenir leurs salariés.”(*) “War for talents”, dernier ouvrage de Matthias Horx sur la politique sociale dans lentreprise. Disponible en allemand et en anglais sur Zukunftsinstitut.de.
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