Alors que le nombre des victimes augmente chaque jour un peu plus, le monde cherche ses nouveaux repères. Les 62 nationalités représentées parmi les disparus démontrent par l’absurde que personne n’est à l’abri.Une partie de la riposte à la journée de cendres du 11 septembre n’est d’ailleurs pas à chercher à New York ou à Washington, mais à Bruxelles. Mais si une Europe forte n’a jamais été aussi nécessaire, le sentiment d’un vide immense n’aura jamais été aussi prononcé.Les difficultés à regagner Paris de Pierre Moscovici, le ministre des Affaires européennes parti faire une conférence à Boston, ont valeur de symbole. Il aura fallu attendre dix jours pour que les Quinze se réunissent pour un sommet extraordinaire.Comme si parler d’une seule voix au plan diplomatique et militaire ne représentait pas un facteur évident de stabilité dans le monde, la seule alternative à la polarisation de la vie internationale.Au plan économique, la Banque centrale européenne, qui invoquait ces derniers mois son ardent combat contre l’inflation pour masquer son incapacité à saisir l’ampleur du ralentissement, s’est empressée de baisser ses taux à l’occasion de la réouverture de Wall Street. Une baisse à l’heure américaine, alors que les marchés européens venaient de fermer leurs portes !Les menaces de récession qui pèsent aujourd’hui sur les Quinze méritent d’autres perspectives que celles tracées par l’inaudible Duisenberg. Et quand chacun guette le niveau du patriotisme à l’aune du Dow Jones, tout en observant distraitement les dizaines de milliers de licenciements dans l’aviation, les professions de foi américaines d’un Mestrallet ou d’un Messier ne sont guère plus rassurantes.C’est en affirmant l’existence d’un modèle social et économique original qu’il sera possible de préserver la confiance des Européens et la solidarité avec les États-Unis.
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