Lundi 26 juin s’est tenue la première édition de Paris Capitale du Libre. Orchestrée par la mairie de Paris et Alexandre Zapolsky, PDG de Linagora et président de l’Association des sociétés de services en logiciel libre (ASS2L), la
manifestation dévolue à l’open source a accueilli plus de 1 500 visiteurs.01net. : En quoi consiste votre association, l’ASS2L ?
Alexandre Zapolsky : L’Association des sociétés de service en logiciel libre a été créée en 2004. Elle fédère aujourd’hui une soixantaine de professionnels du Libre, de Bull à des sociétés unipersonnelles. Elle offre
une interface de dialogue unique vis-à-vis des pouvoirs publics.Quel est l’enjeu du logiciel libre ?
La France a perdu la bataille du logiciel, du matériel et de l’Internet. Le seul secteur où nous pouvons encore préserver nos chances d’avoir un leadership est celle du Libre. Pour maintenir et développer son savoir-faire en ce domaine, la
France doit fédérer les acteurs du privé et les pouvoirs publics.
A ces conditions, elle pourra créer des emplois, l’un des enjeux du Libre. Nous sommes encore à nous enferrer dans des débats stériles à savoir pour ou contre le logiciel libre. Pendant ce temps, les Etats-Unis ont investi, ces derniers
mois, 150 millions de dollars dans des start-up de l’open source. Il est plus que temps de créer un
Quaero du Libre.Quelle est l’idée de l’Open Source Valley ?
Faire de l’Ile-de-France le poumon scientifique et économique du Libre en Europe. Les acteurs de la recherche publique et du privé doivent se mobiliser autour d’un projet défini. Il s’agit de créer une sorte de pôle de compétitivité.Le soutien de la mairie de Paris se concrétise-t-il par un financement ?
Non, mais l’adjointe au maire de Paris, Danièle Auffray [en charge des nouvelles technologies et de la recherche, NDLR] est intervenue lors de Paris Capitale du Libre. Elle soutient l’idée de la création d’un pôle
économique sur le développement durable dans lequel le logiciel libre aurait tout à fait sa place.L’open source peut-il intéresser les investisseurs ?
Il faut le dire, le libre intéresse les capitaux-risqueurs. Dans la Silicon Valley aujourd’hui, on ne lève pas d’argent s’il n’y a pas de l’open source dans son business plan. JBoss a été créée
en 2002. Trois ans plus tard, la société, qui réalisait alors 23 millions de dollars de chiffre d’affaires, a été vendue à Red Hat pour 420 millions de dollars. Le logiciel libre atteint des valorisations supérieures à celles des
logiciels propriétaires. Les investisseurs ont compris que la valorisation d’une société ne tenait pas uniquement à son chiffre d’affaires, mais à l’aura qu’elle avait au sein de sa communauté.Il existe donc un modèle économique de l’open source ?
Il y a un modèle économique et un marché du Libre. Celui d’un éditeur orienté services. Nous sommes très proches d’un Oracle ou d’un SAP, la différence c’est que les solutions que nous mettons en place chez nos clients sont partagées. La
valeur ajoutée n’est plus dans la R&D, puisque celle-ci est assurée par plusieurs sociétés, mais dans le support et la maintenance de ces solutions ouvertes. Introduire cette notion de profitabilité n’est-ce pas dénaturer le logiciel libre ?
Non pas du tout. Libre ne signifie pas gratuit. L’open source garantit la liberté des utilisateurs qui ne sont pas enfermés dans un code propriétaire. Bien souvent, les logiciels grand public sont gratuits, mais ce
n’est pas le cas sur le marché professionnel. En France, l’open source représente 10 000 emplois.
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