01net. : Vous dénoncez depuis plusieurs années le manque de moyens dont dispose la Cnil pour remplir ses missions. Dans le cadre du budget 2008, le gouvernement vient de décider de la création de 15 nouveaux postes
et d’allouer des ressources de fonctionnement supplémentaires à hauteur de 400 000 euros. Que pensez-vous de ces arbitrages ?
Alex Türk : Nous sommes très satisfaits. La Cnil compte aujourd’hui 95 collaborateurs. Cela représente donc une augmentation de près de 20 % de nos effectifs. Et cela va bien au-delà du plan de
rattrapage qui nous avait été accordé par Jean-Pierre Raffarin, car celui-ci n’incluait pas cette enveloppe de 400 000 euros pour notre budget de fonctionnement. Ceci étant, pour l’avenir, je milite toujours pour une sanctuarisation du
budget de la Cnil et je rendrai prochainement une note au Premier ministre, François Fillon, qui ira dans ce sens.A quoi vont servir ces nouveaux moyens ?
Nous allons doubler le service des contrôles, étoffer nos services de plaintes et d’expertise et également recruter des juristes au profil très polyvalent. Pour des raisons compréhensibles, ces recrutements s’échelonneront sur toute
l’année 2008. Cela nous permettra également de lancer, si besoin est, des études informatiques sur des sujet donnés. Nous menons également une réflexion sur le développement de la représentation de la Cnil en région. Cela pourrait passer,
dès 2009, par la création à Marseille, par exemple, de services déconcentrés qui seraient chargés d’assurer le suivi des plaintes et des Cil (Correspondants informatiques et libertés) sur le terrain. Nous comptons aujourd’hui plus d’un millier
de Cil, avec une implantation plus forte en entreprise que dans les collectivités locales, ce qui est pour nous assez surprenant. Et sans attendre la création d’antennes en province, nous continuons d’aller à la rencontre des régions avec, dès la
semaine prochaine, une nouvelle étape à Nantes, en Bretagne.Quels seront les dossiers prioritaires de la Cnil pour l’année 2008 ?
En premier lieu, la biométrie, il s’agit d’une thématique complexe à laquelle nous avons déjà consacré plusieurs séances plénières. Ensuite, les moteurs de recherche sur lesquels nous menons des expertises informatiques, tout en
collaborant au plus près avec les acteurs du marché. Là encore, les questions sont très sensibles puisqu’il s’agit de la possibilité de tracer les personnes. Enfin la vidéosurveillance, un sujet où les choses vont bouger fortement mais pour lequel
nous n’avons pas encore reçu de calendrier précis de la part du gouvernement.A l’occasion de la présentation du dernier rapport d’activité de la Cnil, au début de l’été, vous aviez évoqué la duplication du modèle de la Cnil dans plusieurs pays africains francophones. Où en est-on aujourd’hui ?
Nous disposons depuis le 25 septembre 2007 d’une structure dédiée (l’Association francophone des autorités de protection des données personnelles) qui regroupe déjà le Québec et les 26 pays et gouvernements membres de
l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie). Sur le continent africain, des pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal, le Bénin et bientôt le Maroc sont impliqués dans cette démarche. De notre côté, et sur un sujet connexe, nous
avons formé un groupe de travail sur le transfert et l’externalisation des données. L’objectif étant d’amener des pays comme le Sénégal, où des activités comme la hot line, le télésecrétariat représentent un gisement d’emplois
important, à disposer d’un niveau de protection des données équivalent à celui de la France et de l’Europe. Ce qui devrait être le cas d’ici peu.
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