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Alerte à la publicité high-tech dans le métro

Plusieurs associations dénoncent un dispositif de panneaux publicitaires animés qui détectent le passage des voyageurs. Une plainte en référé est en préparation.

C’était au début de décembre 2008, à la station Charles-De-Gaulles-Etoile du métro parisien. Le président de la Régie des transports parisien présentait des
panneaux publicitaires high-tech, des écrans LCD de 70 pouces diffusant des images animées. Ce mercredi 28 janvier,
plusieurs associations tirent la sonnette d’alarme et annoncent être en train de préparer une plainte en référé pour suspendre le déploiement de ces panneaux dans le reste du réseau de la RATP. Quatre cent de ces unités doivent être installées d’ici
à juin 2009.Les associations ‘ Résistance à l’Agression Publicitaire ‘, ‘ Souriez Vous Etes Filmés ‘, ‘ Big Brothers Awards ‘, ‘ Robin des
Toits ‘, appuyées par la députée Vert de Paris, Martine Billard, et le maire-adjoint radical de gauche du XIe arrondissement, Jean-Christophe Mikhaïloff, dénoncent en effet le manque de concertation avec lequel ces dispositifs ont
été mis en place par la RATP et sa régie publicitaire Métrobus, et craignent plusieurs dérives.Les panneaux publicitaires sont équipés de capteurs permettant de compter le nombre de voyageurs passant devant, le nombre de ceux qui s’arrêtent et de savoir où les regards se posent sur l’affiche. ‘ Un
dispositif de mesure d’audience intégré ‘,
selon les termes de la RATP, qui permettra de mieux cibler les publicités en tenant compte des horaires, de la fréquences des passages, etc.Pour les associations, ce système ressemble fortement à de la vidéosurveillance et surtout, les usagers n’en sont pas avertis. ‘ Capter les mouvements des gens sans leur dire pose un problème de loyauté. Or, cela
fait partie des recommandations de la Cnil
[Commission nationale de l’informatique et des libertés, NDLR] que de mettre en place des systèmes de surveillance de manière loyale ‘, explique Jean-Pierre
Petit, de ‘ Souriez Vous Etes Filmés ‘.

Inquiétudes sur la publicité par Bluetooth

Pour Laurent Collot, expert technique qui a participé à l’élaboration de ces panneaux, les peurs sont légitimes mais il réfute l’idée d’une vidéosurveillance. ‘ Les capteurs repèrent des formes de visages humains
et identifient la position du visage par rapport à l’affichage. La seule chose qui est conservée, c’est un décompte
[du nombre de visages, NDLR], qui n’est absolument pas lié aux caractéristiques individuelles des passants.
Personne n’a accès à des images ‘.
Les associations dénoncent aussi l’installation du Bluetooth dans les panneaux. Cette technologie sans fil n’est pas activée mais elle permettrait de communiquer avec les téléphones mobiles, a priori pour envoyer de
la publicité et faire du ‘ push-marketing ‘ à la volée (à condition que l’utilisateur ait configuré son mobile pour autoriser une communication Bluetooth).Une autre crainte concerne la technologie RFID (communication à courte distance par ondes radio) qui, elle, ouvrirait la voie à une communication entre le panneau publicitaire et le passe Navigo, le titre de transport sans contact de la
RATP. ‘ Cela permettrait d’alimenter un fichier marketing qualifié avec toutes les informations du passe, imagine Jérôme Thorel, des ‘ Big Brothers Awards ‘. L’âge de l’usager, le
type d’abonnement (zones 1, 2, 3…), le nombre de passages devant l’affiche, le nombre d’arrêts, etc. ‘.
De leur propre aveu, les associations manquent de données sûres sur ces usages et sur les intentions de Métrobus. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a déjà exprimé
ses réserves quant au passe Navigo et à
l’utilisation du Bluetooth à des fins publicitaires. Mais elle n’a pas réagi à ce projet de publicité high-tech.Les associations reconnaissent également que pour l’heure, le dispositif fournit des données anonymes. Elles sont donc plus dans la prospective et la vigilance, estimant qu’il vaut mieux réagir maintenant avant que le pire
arrive.

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Arnaud Devillard