Difficile dans le contexte de restructuration actuel de se faire une idée précise de la situation d’Alcatel. Le groupe tricolore s’en tire-t-il plutôt mieux que ses homologues les plus malmenés (Lucent Technologies, Marconi, Motorola et Nortel Networks) ; ou la situation est-elle pire que ce que le groupe laisse entendre ?Officiellement, Alcatel fait preuve d’un optimisme de bon aloi et se retranche derrière une “prudence légendaire”, pour justifier son récent programme de restructuration : externalisation de certains sites de production, recentrage sur le marché des opérateurs, provisions sur créances douteuses et amortissement d’écarts d’acquisition. De même, la répartition géographique des risques lui serait plutôt favorable. Il n’empêche, la situation semble beaucoup plus sérieuse qu’il n’y paraît : communication mal maîtrisée, valses-hésitations autour de l’avenir de ses PABX, forte dégradation des ventes aux États-Unis, déboires dans les activités spatiales (Globalstar et SkyBridge), bref, pas de quoi redonner le sourire aux actionnaires. Or, c’est en grande partie sur ce terrain ?” l’action a perdu 70 % de sa valeur depuis le début de 2001 ?” que se joue l’avenir du groupe et de son p.-d.g. Serge Tchuruk.
Les défis à surmonter s’accumulent
Un contexte dans lequel l’annonce de la mise en vente de ses activités composants (environ 50 usines, dont 7 en France) n’a guère eu d’impact sur les marchés financiers. Même le projet d’externalisation de la plupart de ses activités industrielles, avec pour objectif de ne conserver que douze usines dans le monde, laisse sceptique.Au-delà d’une conjoncture difficile (avec une nouvelle vague de 2 500 licenciements aux États-Unis), les défis à surmonter s’accumulent. Témoin la communication d’entreprise dont Serge Tchuruk assure qu’il ne souhaite pas se désengager. Du moins, pour l’instant. Une position de principe qui devrait néanmoins évoluer avec une vraisemblable externalisation de la production de PABX (basée à Brest). Reste à savoir dans quelle mesure un tel mouvement ne serait pas le prélude à une cession de cette activité. Ce qui, compte tenu du recentrage en cours sur le marché des opérateurs, serait somme toute assez logique. “Une réflexion est en cours, mais rien n’est encore décidé “, reconnaît-on au sein du groupe. “C’est une décision difficile à prendre et que nous ne sommes pas en mesure d’assumer aujourd’hui”, déclare un membre du comité exécutif. Bref, le débat, en interne, bat son plein.Autre source d’inquiétudes : la situation de certaines activités spatiales comme Globalstar ou SkyBridge. Fournisseur de Globalstar, Alcatel risque de laisser beaucoup de plumes dans l’aventure… Côté SkyBridge, le groupe a discrètement gelé le projet depuis quelques mois. Dans les mobiles enfin, l’avenir est aussi incertain avec une sortie quasi programmée de l’univers des terminaux et une société commune avec le japonais Fujitsu dans les infrastructures qui risque fort de souffrir des incertitudes autour de l’UMTS.Recentré sur les télécoms depuis quelques années, et maintenant sur les opérateurs, Alcatel a vu son avenir assombri au cours de ces derniers mois. Auparavant relativement diversifiées, les activités du groupe reposent désormais entièrement sur les opérateurs de télécommunications. A priori, pas très rassurant…
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