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Albert Hitchcock (Nortel)

‘ Je passe 30 % de mon temps avec les clients. ‘

Arrivé chez Nortel en 1993 après être passé chez Racal Vodafone et British Aerospace, Albert Hitchcock a été nommé directeur des systèmes d’information de Nortel en décembre 2002. En pleine crise des télécoms, il s’est trouvé
contraint de faire plus et mieux avec moins, dans une entreprise en pleine restructuration. En trois ans, le budget alloué à la DSI est tombé de 1,76 milliard de dollars à 495 millions. Dans le même temps, le nombre de serveurs a chuté de
12 000 à 2 700, et celui des PC et stations de travail par employé est passé de 1,7 à 1,2.Aujourd’hui, le DSI de Nortel se félicite d’avoir choisi la stratégie de la voix sur IP, cette technologie s’étant révélée rentable au bout de dix mois d’implantation. Mais également d’avoir intégré dans les téléphones portables une
capacité Wi-Fi qui facilitera les appels sur Internet. En interne, la facture de cartes de téléphone (calling-card bills) a été réduite de 57 % à l’issue d’une expérience menée pendant trois mois auprès de 5 000
collaborateurs. Cette spectaculaire réduction des coûts s’est accompagnée d’un véritable changement culturel dans l’entreprise.01 Informatique : Vous encouragez le travail collaboratif. Avez-vous des chiffres précis à nous donner ?Albert Hitchcock : Oui. Nous traitons 44,4 millions de messages électroniques par mois, et nous avons à notre disposition 593 routeurs. Nos salariés sont amenés à travailler de façon plus flexible, qu’ils
soient à leur poste, sur la route ou chez eux. Le travail n’est pas un endroit où l’on va, mais une chose que l’on fait !La formation en ligne nous a fait économiser 18 millions de dollars de frais de voyage. Là aussi, tout est rationalisé. Quant aux dangers du travail en réseau, notamment celui des virus, nous avons installé un dispositif qui
détecte les intrusions avant même qu’elles aient commencé à nuire sur le réseau. Nous les voyons se profiler dès qu’une activité anormalement élevée est observée.Réussissez-vous à faire évoluer la culture Nortel ?Les informaticiens ne sont pas habitués à se confronter aux clients. Nous les aidons à s’adapter en développant de nouvelles capacités. En cela, la crise a du bon. Sans elle, nous n’arriverions pas à imposer les
changements. Car, naturellement, les gens opposent une résistance à tout changement.A la DSI, nous devons être plus au contact des clients et développer notre communication (influencing skills). Est-ce que j’apporte de la valeur ? Suis-je capable de le démontrer ? Si oui, on y va. Mais
sinon, c’est inutile.Siégez-vous au conseil d’administration ? A qui rapportez-vous ?Cela vient de changer. Auparavant, je rapportais au directeur des opérations. Désormais, mon interlocuteur direct est le PDG de Nortel. Et j’interviens souvent au comité exécutif pour effectuer des présentations. Je passe
également beaucoup de temps, environ 30 %, avec les clients. De toute façon, diriger les systèmes d’information d’une entreprise où l’informatique et les réseaux font partie du métier de base m’intéresse.Je suis totalement impliqué, et en prise avec le processus de décision. La situation est différente de l’époque où je travaillais dans d’autres industries, par exemple dans l’aéronautique [British Aerospace,
NDLR]
.Quelle est l’expérience la plus pénible que vous ayez endurée ? Et la plus heureuse ?La plus pénible est d’avoir dû me séparer de tant d’amis, de collègues, de collaborateurs. Une entreprise comme la nôtre ne peut pas se développer énormément, puis se replier brutalement, sans souffrance. Mais
l’expérience la plus heureuse et la plus intéressante, c’est sans conteste d’avoir pu changer totalement notre manière de travailler.Avez-vous l’intention de rester un pur constructeur télécoms ou, à l’instar d’Alcatel et de Lucent, souhaitez-vous mixer cette activité avec une dose de logiciels et de services ?Nous sommes et nous resterons un constructeur de télécoms, mais avec de plus en plus de services et de logiciels associés. Cette évolution est très importante. D’ailleurs, 70 % de l’activité déployée dans nos
laboratoires de recherche porte déjà uniquement sur les aspects logiciels.

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Pierre-Antoine Merlin