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Alain Stevens : Le cyberdétective mène ses filatures sur le Web

Limier de la Côte d’Azur, il a remplacé la loupe de Sherlock Holmes et les enquêtes à la Philip Marlowe par un PC et un abonnement à Internet.

Les ” cyberaigrefins ” n’ont qu’à bien se tenir, le limier du Web est sur leurs traces ! Alain Stevens, 35 ans, est agent privé de recherches avec, en guise de carte de visite, son site Internet ( www.investigations-online.com). Son bureau, sur les hauteurs de Cannes, abrite une bibliothèque remplie d’ouvrages financiers, juridiques et informatiques, ainsi qu’un ordinateur branché sur le Web. “Le détective à l’ancienne, ” la brigade des cocus “, dont le fonds de commerce était l’adultère, c’est terminé”, assure-t-il.

Malversations financières et sécurité informatique

Initialement formé aux métiers de la banque, Alain Stevens a complété son parcours en étudiant le droit et l’informatique en autodidacte. Il a débuté sa carrière à Paris, en menant des enquêtes financières pour différentes sociétés (banques, agences de détectives), pour revenir finalement dans sa région d’origine, il y a trois ans. Aujourd’hui, ses dossiers tournent souvent autour de malversations financières ou de problèmes de sécurité informatique. Sa spécificité ? Il a fait d’Internet son principal champ d’investigation et un outil de recherche privilégié. L’une de ses dernières affaires met en évidence une dérive propre à la nouvelle économie : l’utilisation non autorisée de contenus. Un site d’informations spécialisées, riche en textes et en programmes, avait conclu un contrat avec une autre société afin de lui ” louer ” ses contenus. Le contrat rompu, la seconde entreprise a continué à utiliser illicitement ces données afin d’attirer de gros investisseurs. Alain Stevens a dû démontrer qu’il y avait eu malversation. Cela peut paraître simple en théorie, mais, sur Internet, les preuves sont très volatiles. Aussi, pour engager une action en justice, faut-il satisfaire à des procédures complexes et rigoureuses.Lorsqu’on l’interroge sur ses mé- thodes, on s’attend à découvrir des procédés insoupçonnés. Pas du tout : “J’utilise les moteurs de recherche, les annuaires ou bien des outils comme Copernic”, annonce-t-il. Il admet avoir parfois recours à des moteurs et banques de données très spécialisés (qu’il préfère ne pas divulguer) mais, selon lui, une bonne utilisation des outils classiques suffit dans la plupart des cas. Il faut également savoir biaiser : “Si vous pistez une personne qui a un hobby particulier, faites une recherche sur cette activité. Vous trouverez des annuaires où elle sera peut-être répertoriée.” La recherche en ligne doit en général être complétée par des investigations sur le terrain, mais elle permet de gagner du temps, de limiter le coût des enquêtes et d’améliorer leur efficacité : “En ce qui concerne la recherche de personnes, j’ai un taux de réussite d’environ 90 %. Mais cela prend parfois un certain temps.” Une internaute vient de l’engager pour rappeler à son ex-mari le sens de l’expression ” pension alimentaire “. “J’ai retrouvé sa trace, mais je suis toujours à la recherche de sa dernière adresse.” Et de conclure sur un constat : “Je suis surpris et presque effrayé par la quantité d’informations sur les individus qu’on peut trouver sur Internet.”

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Karine Chadeyron