“Je suis l’homme des téléprocédures ! ” C’est ainsi que se présente Alain Risson, 59 ans, consultant financier et maire de Gluiras (Ardèche). Depuis plus d’un an, Gluiras est la première commune française à tester la carte citoyenne, un système de téléprocédure sécurisée qui permet d’authentifier un document envoyé par courrier électronique entre deux institutions. Exemple : le conseil municipal se réunit et délibère. Pour communiquer la décision prise au préfet, il suffit alors à Alain Risson d’introduire sa carte à puce dans un lecteur spécifique, d’entrer son code en guise de signature et d’envoyer par e-mail le document crypté.Rien a priori ne prédisposait Gluiras, petit village ardéchois de 400 habitants l’hiver, 2 000 l’été, et situé à 25 kilomètres du mont Gerbier-de-Jonc, à devenir la commune pionnière de la carte citoyenne. Rien, si ce n’est la passion et l’esprit d’entreprise de son maire, Alain Risson. Responsable de la commission chargée des nouvelles technologies à l’Association des maires de France, président d’un groupe de travail sur les téléprocédures financé par France Telecom, Alain Risson n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Dès 1983, il utilisait déjà le Minitel pour centraliser un système de gestion de plusieurs petites communes. Après avoir enseigné le marketing à l’université de Montpellier, Alain Risson se forme à la gestion en dirigeant pendant dix ans une grande société mutualiste marseillaise. Parallèlement maire de Gluiras depuis 1977, l’homme connaît bien le fonctionnement des collectivités territoriales. Assez pour en stigmatiser les lacunes : mauvais service, opacité, lourdeur. “Mon obsession militante depuis des années, c’est d’essayer de faire mieux !” Fort de son expérience de chef d’entreprise, Alain Risson gère son projet en travaillant avec des partenaires privés : Gemplus pour les cartes à puce, ou encore Certplus pour les procédures de certification.Avec la carte citoyenne, l’envoi d’un document se fait par l’intermédiaire d’un serveur de sécurité, basé à la mairie. Cette dernière se connecte grâce à un navigateur spécifique. La préfecture n’a plus qu’à récupérer le document. Le serveur stocke ce document et ” horodate ” la transmission : commence alors une période de deux mois pendant laquelle la décision municipale pourra être légalement contestée. Prochaine étape : la distribution de cartes à puce à tous les Gluirassous, afin qu’ils puissent utiliser la téléprocédure pour demander une carte d’identité, une fiche d’état civil, une carte grise ou même inscrire leurs enfants à l’école. Pour éviter l’écueil de la fracture numérique, Alain Risson a même créé un centre multimédia accessible à tous, et installé une borne, utilisable 24 heures sur 24, sur la place publique.Le dernier projet d’Alain Risson lié aux nouvelles technologies ? Equiper les compteurs d’eau de sa commune d’émetteurs radio afin de pouvoir les relever à distance. Le maire de Gluiras n’a pas fini de faire parler de lui !
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