01net. :
Vous avez été l’un des tout premiers hommes politiques à être présents sur le Web, pensez-vous qu’Internet permette aujourd’hui aux partis politiques de dépasser la cadre de leur audience naturelle ? Alain Madelin : Aujourd’hui, je n’en suis pas certain. Depuis le tout début, et pendant cette campagne, nous avons une action assez forte sur le Web, mais je pense qu’il existe encore un décalage entre cette forme de communication, l’intérêt des gens pour le Réseau et le niveau d’équipement des ménages en matériel informatique. En fait, Internet est encore beaucoup plus une vitrine qu’un moyen de communication.Par ailleurs, je crois que la démocratie c’est avant tout la formation d’une opinion publique citoyenne qui a besoin de lieux de débat, d’espaces d’affrontement médiatiques. Et, s’agissant de la solidité des propositions et de l’argumentation, Internet peut permettre d’aller beaucoup plus loin. En définitive, j’espère que l’outil Internet contribuera à former une opinion politique plus citoyenne et à éviter ou à réduire le charlatanisme politique.
Quelles sont les grandes priorités concernant le développement de l’Internet en France ?Prenez le haut débit. C’est une priorité dans la modernisation du pays. Est-ce que c’est pour autant une priorité politique au sens que les politiques doivent faire le haut débit ? Non ! Je dirais simplement que les politiques ne doivent pas empêcher le haut débit de se faire… On doit favoriser, la liberté, la concurrence et mettre le moins de freins possible sur le chemin du haut débit.Personnellement, je me méfie des hommes politiques qui donnent d’avance pour les cinq ans qui viennent le tarif de l’Internet illimité à haut débit. Pour moi, cela n’a aucun sens. C’est comme si, il y a cinq ans, les hommes politiques nous avaient dit : “Je vous propose tel tarif pour le téléphone mobile “… En fait, ils n’en savaient rien. La seule chose qui compte c’est de faire baisser les prix le plus bas possible. Il ne doit pas y avoir de limite à la baisse des tarifs…C’est une des raisons pour lesquelles je suis, par exemple, depuis longtemps partisan du débouclage final du téléphone de façon à favoriser la concurrence entre opérateurs. De même, s’agissant de l’aménagement du territoire, une des questions qui se posent est de savoir si l’on va ou non utiliser les installations électriques pour mettre en place le haut débit. Suivant la réponse, les équipements ne seront pas les mêmes… Mais si technologiquement cela marche, il faudra en saisir l’opportunité.En Bretagne, par exemple, une région qui a fait de forts investissements dans le haut débit, les lignes sont aujourd’hui réservées à la connexion de nos lycées de nos universités et de nos hopitaux. Sur ces lignes, il y a de la place et il faudrait les remettre sur le marché pour faciliter l’accès de l’internaute de Redon au haut débit.Quant à la technologie, il va y avoir l’arrivée de la vidéo (avec la vidéo-conférence à distance, NDLR) pour le grand public. Et on n’a pas idée de la révolution que cela représente. Or, la génération de matériel adéquat n’est pas encore là.Quelle bilan dressez-vous de l’action publique en matière de NTIC ? Nous avons un retard en terme d’équipement par rapport à d’autres pays mais, en même temps, nous sommes plutôt en phase avec le mouvement de l’Internet. Les qualités françaises que sont l’imagination, la créativité, la débrouillardise, l’esprit d’initiative, sont au fond des qualités de ce nouveau monde Internet. De telle sorte que je ne suis pas de ces Cassandres qui disent : “Mais c’est terrible ! nous sommes décrochés…”Franchement, on le voit bien si l’on suit ce qui se passe pour les start-up, tout cela fonctionne plutôt bien dans le domaine Internet. Ce qui compte c’est d’avoir le bon rendez-vous, avec le bon matériel, au bon moment… L’outil Internet va considérablement changer les choses. La révolution est à venir et va dépasser tout ce que l’on peut imaginer.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.