Comme toujours quand sont présentés les nouveaux budgets, il y a plusieurs manières de les regarder, car ils sont généralement comme les verres : à moitié vides ou à moitié pleins. . . La vision que l’on en a dépend largement des lunettes chaussées. Le projet de budget 2001 pour la recherche n’échappe pas à cette robuste loi.Pour les tenants du verre à moitié plein, ce budget s’annonce comme un bon budget, qui traduit une priorité nationale retrouvée. En effet, l’effort de recherche publique civile est réel, puisque la tendance à la réduction de croissance observée les années antérieures est inversée ( 2,2 %, contre 1,3 % en 2000 et 1,7 % en 1999). De plus, cette progression se retrouve dans les trois grands postes de référence : les crédits de paiement (CP), qui dotent en moyens de fonctionnement, les dépenses ordinaires (DO), qui couvrent les frais de personnel, et les autorisations de programme (AP), qui gagent l’avenir – principalement en investissements. Tout particulièrement attendues en raison du vieillissement des personnels de recherche et de l’importance des files d’attente à l’entrée des fonctions correspondantes : 265 créations de postes. Que demande le peuple ?…Mais, pour les tenants du verre à moitié vide, un regard analytique donne une vision des choses beaucoup moins favorable. Passé les moyens affectés aux trois grandes priorités clairement avancées (Airbus A3XX, sciences et techniques de l’information et de la communication, sciences du vivant) et une fois retranchés les moyens affectés à la construction du nouveau synchrotron Soleil, le reste de la recherche demeure confronté à de graves problèmes structurels, qui continuent de s’aggraver. Ils se traduisent par une poursuite des réductions de moyens de fonctionnement et le vieillissement dramatique des effectifs. Dans la pratique, pour être réellement significatif, l’examen de ce budget doit être accompagné de quelques précisions :- Quelles sont les perspectives de financement concomitantes par les entreprises privées, par le budget militaire de l’Etat, proportionnellement élevé en France, par l’Europe, qui est en plein cinquième PCRD, et par les régions, qui viennent de négocier les contrats de plan Etat-régions ? Conjointement, ces ensembles constituent des ressources très importantes et tendent à prendre une place croissante.- Comment le ministère de la Recherche voit-il la place de ces financements comme ressources pour la recherche publique, et quelles structures de recherche permettraient de les mobiliser ?- Plus précisément, le gouvernement voit-il d’un bon ?”il le développement massif d’une recherche de statut privé, qui ferait de la science et de la technologie un vrai business, tout en permettant à des jeunes de trouver du travail ?Il convient de replacer les évaluations budgétaires dans l’ensemble des moyens, qui, seul, permet d’évaluer les conditions de leur efficacité. Ainsi, il est clair que ce nouveau budget ne permettra pas d’apporter des solutions à la dégradation structurelle du système national de sciences et techniques, alors qu’il s’agit là de questions fondamentales pour l’a- venir…
(*) [email protected]
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
