Le vol de vélo touche toute l’Europe, mais les 20 millions de cycles que l’on recense en France sont parmi les plus à risques pour leur propriétaire. Chaque année, 400 000 sont volés, soit un toutes les 80 secondes. De jour comme de nuit, on peut se faire voler son vélo partout, tout le temps, et en un rien de temps. La présence d’un antivol n’est pas suffisante – il est recommandé d’en utiliser au moins deux – et seulement 2 % des vélos retrouvent leur propriétaire, faute de pouvoir être identifiés aussi.
Chez un revendeur Apple du neuvième arrondissement de Paris, on constate que l’un des accessoires de la marque à la pomme lancés en 2021, le AirTag peut venir en aide aux cyclistes : « vous le mettez dans la selle, si votre vélo est éloigné de vous et que vous ne le retrouvez plus, vous pouvez le localiser avec l’iPhone. Vous saurez directement où il se trouve », nous expliquait l’un de ses employés. C’est en effet ce que permet le petit accessoire vendu 39 euros pièce, et 129 euros la paire de 4.
Plutôt présentés pour se glisser dans un sac ou s’attacher à un trousseau de clés, certains ont pourtant fini par faire du AirTag un complément de sécurité pour leur vélo. Si bien que sur les sites de commerce en ligne, la panoplie d’accessoires est très étoffée. Sonnette, attache pour la selle, feu arrière, ils sont des dizaines, et certaines marques en ont carrément fait toute une gamme, présentée sous l’étiquette de « protection antivol intelligente pour vélo ». Le but : les camoufler du mieux possible pour ne pas se faire repérer par un voleur, et éviter qu’ils ne tombent.
Comment utiliser un AirTag pour protéger son vélo ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le AirTag est l’un des traceurs pour vélo les moins cher. « Le sujet des trackers a beaucoup pris en popularité et le AirTag a permis une diffusion auprès du grand public, car c’est une solution moins chère et pratique à mettre en place », constate Christophe Corbel, chargé de mission Bicycode à la Fédération française des Usagers de Bicyclettes (FUB).
La plupart des modèles spécialisés fonctionnant par GPS coûtent plus de 80 voire 100 euros. Leur autonomie est aussi plus petite. Dans un format très discret, les caractéristiques du AirTag lui permettent de se glisser partout et les accessoires proposés sont dans l’ensemble tous pertinents. Ils ont besoin d’être discrets, bien attachés, et pouvoir laisser passer (ou non) le son de leur petite alarme qui peut être activé grâce à l’iPhone de son propriétaire.
La plupart du temps donc, on le retrouve sous une selle ou dans la sonnette sur le guidon. Il peut aussi être installé au niveau du porte-bidon, ou dans un feu arrière.
Il faut bien comprendre cependant que le AirTag n’est pas réellement un traceur GPS. Plutôt que de s’appuyer sur le réseau satellite, le petit accessoire d’Apple profite des plus de 2 milliards d’appareils actifs dans le monde pour faire relais. Les iPhone, iPad, et MacBook à proximité peuvent ainsi repérer la balise par Bluetooth, transmettre ses informations sur iCloud, et permettre ainsi au propriétaire de suivre sa localisation.
Une fois à proximité, le AirTag peut être trouvé précisément grâce à un outil fonctionnant sous la forme de boussole et du principe chaud/froid.
En cas de vol ou de perte donc, l’application Localiser permet de savoir la position de son vélo. Y compris dans des zones plus reculées comme les souterrains (ce que ne permet pas un vrai traceur GPS), à condition qu’un appareil Apple soit à proximité. Sinon, ce sera sa dernière localisation qui sera affichée. Celle-ci peut déjà permettre d’aider à communiquer avec la police sur le vol et la probable localisation de votre vélo.
Le AirTag est donc aussi un accessoire d’identification bien pratique, sachant que la plupart des vélos retrouvés ne peuvent pas être rendus à leur propriétaire faute de moyens d’identification.
Les limites du combo AirTag/Vélo
Pourtant, plusieurs limites sont à prendre en compte avant de s’équiper d’un AirTag. S’il s’agit de l’un des moins chers et des plus précis des traceurs, il n’en demeure pas moins totalement incompétent sans la présence d’appareils Apple. Ce n’est pas ce qui effraie le plus les cyclistes cela dit. En comparaison des autres traceurs GPS, et des autres balises Bluetooth comme celle de Tile, les AirTags offrent un meilleur rapport prix/performance.
Non, ce qui dérange le plus, c’est la crainte qu’une alerte de « AirTag à proximité » ne soit envoyée au voleur, démasquant le dispositif. « J’en ai acheté un pour mon vélo, mais après plusieurs lectures de test il s’avère que si quelqu’un vole votre vélo, il sera automatiquement informé qu’un AirTag qui ne lui appartient pas est en train de le suivre… Donc je ne l’ai jamais utilisé », expliquait à 01net.com Florian, un cycliste installé à Alès.
La fonctionnalité de l’AirTag est grandement utile pour la vie privée et éviter que quelqu’un ne puisse vous suivre à votre insu. Mais il est vrai que lorsque l’on utilise l’AirTag en guise de prévention contre les vols, si le dispositif est repéré, le voleur pourra s’en débarrasser très vite. Faut-il cependant s’arrêter à ce constat ? Non, peut-être pas. Car même si Florian a raison, le AirTag d’Apple n’envoie pas d’alerte tout de suite.
À ses débuts, la fonctionnalité anti-suivi s’activait seulement après 3 jours. Aujourd’hui, elle s’étale sur une fourchette de 8 à 24 heures après la dernière connexion de l’AirTag avec l’iPhone de son propriétaire. Nous avons fait le test, en laissant un AirTag dans une voiture lors de nos vacances. Résultat : une notification envoyée 15 heures après seulement. De quoi laisser le temps de pister le déplacement du AirTag, prévenir la police, et trouver une solution pour récupérer son vélo.
Comme un verre à moitié plein ou à moitié vide, ce défaut du AirTag en cas de vol a aussi du bon. Cela laisse toujours le temps de pouvoir suivre de près la progression du voleur avec votre vélo – d’autant plus s’il possède un iPhone lui-même. Mais aussi d’informer quelqu’un qui aurait retrouvé votre vélo qu’un accessoire de suivi est présent et pourra permettre d’identifier son propriétaire et ainsi s’accorder sur un lieu et un horaire pour une remise en main propre.
Plutôt qu’un AirTag, quel traceur pour vélo acheter ?
Il est difficile de mesurer l’attrait du AirTag chez les cyclistes. Les revendeurs Apple sont plutôt distants de la vente de cet accessoire ; les clients préférant passer par la boutique officielle ou le web directement. En revanche, chez les vendeurs d’accessoires pour vélo, le sujet est de plus en plus abordé. Chacun y va de son conseil et modèle favori. Plusieurs traceurs se sont spécialisés pour les vélos et proposent davantage de fonctionnalités. Cela dit, ils coûtent aussi plus cher et un abonnement mensuel peut être nécessaire pour qu’ils soient réellement utiles.
Les Tile Mate et Pro
Le premier choix qui peut revenir facilement, c’est l’alternative économique de chez Tile. La balise Bluetooth qui concurrence celle d’Apple coûte moins de 25 euros. Si son rayon de portée est de 76 ou 120 mètres selon que l’on choisisse le modèle Mate ou Pro, il faut ensuite compter sur les autres clients de la marque lancée en 2012 pour pouvoir tracer le capteur. Et beaucoup préféreront compter sur la présence de personnes équipées d’un iPhone que celles équipées d’un appareil Tile pour pouvoir être géolocalisées.
Le Knog Scout
Pour pouvoir compter sur le réseau des appareils Apple (que la marque s’est bien gardée de protéger pour ne pas en faire profiter Android), il faudra choisir un autre capteur compatible avec « Find My ». C’est le nom du programme de la marque à la pomme pour que les iPhone, iPad et Mac puissent localiser un appareil à proximité et envoyer sa géolocalisation sur iCloud.
Dans cette catégorie, l’une des meilleures alternatives est le modèle Scout de la marque Knog. Ce dernier fait office de balise et d’alarme, pour un prix compris entre celui d’un AirTag et d’un Tile. Il fonctionne sur batterie rechargeable, pour une autonomie de 6 mois, avec une alarme de 85 dB et un détecteur de mouvement (qui s’active quand vous vous éloignez). Il peut à la fois être positionné pour être bien visible (avec un cache jaune fluo) ou discret, sous un porte-bidon par exemple.
Le Invoxia Bike Tracker
Contrairement à ce que son nom laisse supposer, le Bike Tracker de la marque Invoxia est un accessoire français. Avec lui, on passe d’une balise Bluetooth à un traceur GPS (toutes les 3,5 et 10 minutes). Son avantage : il permet aussi de fonctionner par Bluetooth et Wi-Fi pour une plus grande précision et une connectivité avec l’application. Son format est très discret. Il peut s’intégrer par exemple dans le réflecteur arrière, ni vu ni connu.
En tant que traceur GPS, l’accessoire coûte plus cher qu’un AirTag et il faudra, au bout de 3 ans, passer à un abonnement mensuel pour pouvoir continuer de profiter de la fonctionnalité GPS (9,99 euros par mois). En effet Invoxia fait fonctionner son traceur par le réseau LoRa payant, fourni par Objenious de Bouygues Telecom. L’autonomie du traceur est quant à elle de 3 mois, avec un système de recharge qui demandera 1h30. Nos confrères de Journal du Geek l’ont essayé et leur constat est plutôt très positif sur la question de la précision et de l’intérêt en tant qu’antivol ou système anti-dégradation.
L’attente interminable de See.Sense
Tous les accessoires ne se vaudront certainement pas dans les années futures et l’attrait pour le petit accessoire a déjà fait des dégâts collatéraux. Parmi eux, les investisseurs et premiers clients du « Knowhere » de la marque See.Sense, qui s’appuyait en février 2020 sur une campagne de crowdfunding pour lever près de 100 000 euros et obtenir l’accord de plus de 800 cyclistes pour s’équiper de leur tout nouveau traceur GPS. Trois ans plus tard, tous sont encore là à attendre leur produit qui n’est jamais arrivé.
La marque est toujours active, se concentre sur d’autres accessoires, et expliquait en mars dernier au média road(.)cc qu’elle avait rencontré des problèmes d’approvisionnement avec la pandémie. Espérons que cela ne tarde plus et que la forte demande pour les traceurs pour vélo n’engendre pas d’autres projets manquant de sérieux.
Traceur intégré : l’avenir des vélos connectés ?
Cet état du marché est potentiellement temporaire, du moins surtout pour le marché des VAE (vélo à assistance électrique) et des vélos cargo. Car à l’avenir, les traceurs seront directement intégrés dans les vélos, ouvrant la voie à de nouveaux usages possibles, notamment dans le suivi des vélos et de leur historique, en plus de l’intérêt en guise de supplément antivol.
Selon Christophe Corbel de la Fédération française des usagers de la bicyclette, « ce sont déjà 200 modèles de vélo que nous allons pouvoir classer dans la catégorie des vélos connectés équipés d’un traceur après avoir passé en revue un certain nombre de fabricants ». Grâce à ces nouveaux traceurs, « on bénéficie d’un retour sur l’entretien et l’état du vélo, de cela permet de remonter pas mal d’informations entre le fabricant et le propriétaire ».
Qu’en pensent les assurances ?
Maintenant, la question sera de savoir comment les assureurs verront l’intégration de cet équipement. Car il pourrait, à l’avenir, faire du traceur une obligation plus qu’un encouragement. Aujourd’hui, certains proposent déjà des ressources à leurs clients, et nouent des partenariats. C’est le cas de Qover avec la marque française Invexia. Les clients qui possèdent un tracker se voient bénéficier d’une promotion de l’ordre de 20 % sur leurs cotisations.
Amber de Paepe, responsable produit de l’assurance née à Bruxelles en Belgique, expliquait à 01net que « l’utilisation généralisée des traceurs pourrait potentiellement conduire à une réduction des primes d’assurance ou même devenir une exigence standard des assurances pour vélos ». Certaines marques de vélos connectés qui intègrent des trackers GPS ont d’ailleurs elles aussi été approchées par Qover, à l’instar de Cowboy et de Veloretti.
Chez la MAIF, un porte-parole nous répondait que l’assureur restait « attentif aux évolutions technologiques qui permettront de limiter les risques de vol, sans toutefois les imposer ». Ils en resteront donc à demander « un comportement responsable des assurés afin de limiter les risques de vol ». L’assureur citait alors la nécessité d’un marquage sur son vélo et un d’un cadenas homologué.
Bilan : protéger son vélo, avec ou sans AirTag ?
AirTag ou traceur GPS ?
Pour conclure, le AirTag continue d’être la solution au meilleur compromis entre une précision dans le suivi, un moyen simple d’identification du propriétaire, et un prix accessible. Il reste cependant réservé aux iPhone. Au sein des autres balises Bluetooth, la concurrence s’organise, mais les meilleurs modèles à recommander sont surtout ceux compatibles avec le système Find My d’Apple. À cela, le Scout de la marque Knog est une bonne alternative, qui s’accompagne aussi d’une alarme antivol.
Du côté des vrais traceurs GPS, il faut encore payer assez cher pour pouvoir suivre son vélo et les modèles sont toujours limités en autonomie. Pour autant, ils seront toujours efficients dans des endroits en retrait et seront aussi faciles à dissimuler. Ils sont aussi généralement équipés de fonctionnalités supplémentaires que n’ont pas des AirTags, comme l’alarme antivol.
Profiter pleinement du traceur
La plupart du temps, une balise de suivi ou un véritable traceur GPS a plutôt intérêt à être dissimulé que mis en avant. Il n’est pas vraiment un système antivol tant qu’il reste un système facile à démonter ou à casser par un voleur. Son intérêt se trouve surtout en cas de vol avéré, pour retrouver son vélo, demander à la police d’ouvrir la porte d’un garage et attester de sa propriété. En ce sens, il est un moyen d’identification supplémentaire au bicycode devenu obligatoire sur les vélos pour être identifié par les autorités, mais qui n’est disponible que sur les vélos les plus récents.
Le bicycode se présente sous la forme d’un numéro ajouté directement à la vente du vélo désormais, mais il n’est pas un moyen d’identification infaillible non plus, car il peut être dégradé. On pourrait imaginer les marques de traceurs ou les fabricants de vélos connectés à l’avenir proposer le numéro bicycode directement dans le traceur, pour être une alternative de méthode d’identification. Dans l’idéal, il faudrait pouvoir intégrer le traceur dans un endroit inaccessible, comme à l’intérieur du cadre du vélo.
Les bons gestes antivol à adopter
Comme il est toujours préférable de ne pas se faire voler son vélo, plusieurs bons réflexes sont importants à adopter. Parmi eux, l’intérêt double de se protéger son vélo de deux antivols différents.
Avoir deux antivols : en plus de rallonger le temps alloué au voleur pour dérober votre vélo, il jouera aussi psychologiquement et un voleur préférera peut-être passer sur un vélo à côté du vôtre qui ne possède qu’un seul antivol.
Vérifier le support : nous vous conseillons aussi que le support sur lequel vous accrochez votre vélo soit bien fixe. Qu’il s’agisse d’un poteau, d’un panneau, d’une clôture, d’un porte-vélos, et tout autre support du mobilier urbain.
Éviter la routine : contre les vols ciblés (contrairement aux vols opportunistes), évitez de garer votre vélo toujours au même endroit, sans quoi il pourra plus facilement attirer l’attention des voleurs qui auront compris vos habitudes et pourront aisément profiter des occasions ou votre vélo est stationné pendant longtemps pour le dérober.
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J’ai retrouvé mon vélo volé grâce a un AirTag et plus anecdotiquement un baggage perdu grâce à un AirTag également. Est-ce l’outil parfait? Non vraisemblablement mais il m’a sauvé à 2 reprises…
Les balises/feux inoxia sont tellement reconnues qu’elles sont immédiatement reconnues par les voleurs qui s’en debarassent (expérience d’un ami s’ayant fait également volé son vélo avec cette balise)…
L’air tag n’est pas assez discret , facile de s’en débarrasser directement sur place 😂 ton air tag dans la selle c’est comme ne pas en mettre 😄
J’ai pu retrouver mon vélo électrique le mois dernier grâce un AirTag, je suis très content de mon investissement !
Merci Apple !
Bonjour,
Personnellement je ne changerai pas de téléphone pour acheter un Airtag !!! Si pour vous le fait que ce soit limité à une seule marque de téléphone n’est pas un problème, pour moi c’est extrêmement important et donc disqualifiant.
L’autre façon de ne pas se faire voler son vélo, c’est d’avoir un vélo tout pourri qui ne vaut rien. Il parait que même géolocalisé parfois les policiers ne veulent pas intervenir.