Alors que Airbnb envahit les capitales dans le monde entier, à Jersey City, une banlieue new-yorkaise, les citoyens ont infligé une humiliante défaite à la plate-forme de partage de logements. Une victoire d’un nouveau genre dans la bataille que mènent les grandes métropoles contre la société californienne devenue incontournable.
Quelque 70% des votants de cette ville de 270 000 habitants, séparée de Manhattan par le fleuve Hudson, ont approuvé mardi 5 novembre de sévères restrictions sur les locations de courte durée, selon des résultats quasi-définitifs publiés le lendemain.
Un permis pour partager son logement
Les règles encadrent le partage, imposant notamment l’obtention d’un permis et la présence du propriétaire sur le site. Ces restrictions devraient réduire l’afflux de visiteurs via le géant de la location en ligne, accusés d’aggraver la crise du logement, de la dégradation de quartiers à l’origine paisibles et de nuire au secteur hôtelier. Selon le site InsideAirbnb, le nombre d’appartements, chambres individuelles ou partagées dans la ville est de plus de 3 000.
Airbnb, accusé de campagne de « désinformation »
Le maire démocrate Steven Fulop a salué ce résultat, qui vient valider une ordonnance du conseil municipal adoptée en juin et qu’Airbnb avait âprement contestée. La plate-forme avait rassemblé 20 000 signatures réclamant un vote populaire sur ce règlement, et dépensé plusieurs millions de dollars dans l’espoir de le faire annuler. Une campagne que le maire qu’il n’a pas hésité à qualifier de « désinformation ».
$5m from @Airbnb – I’m really proud that #JerseyCity researched the topic and looked to really understand the issue. It’s early but the trend is positive pic.twitter.com/8m4qF21eYS
— Steven Fulop (@StevenFulop) November 6, 2019
David contre Goliath, vraiment ?
Visiblement amère, la plate-forme californienne a renvoyé la faute sur une autre campagne de lobbying, celle du puissant secteur hôtelier new-yorkais.
« Depuis le début de cette campagne, nous savions qu’il allait s’agir d’un des combats les plus difficiles pour nous, avec la grande industrie hôtelière new-yorkaise décidée à combattre le partage de logements », a indiqué Christopher Nulty, porte-parole de la start-up dans un communiqué.
Même si Airbnb plaide un rapport déséquilibré en sa défaveur, la start-up n’est plus vraiment au stade de jeune pousse. Lancée en 2008, l’entreprise, qui n’a pas l’obligation de publier ses résultats, était évaluée en 2017 à plus de 30 milliards de dollars. Airbnb a affirmé fin septembre 2019 avoir dégagé un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars au deuxième trimestre 2019, pour la deuxième fois depuis sa création. Et s’apprête à rentrer en bourse courant de l’année 2020.
Cette défaite va dans le sens des efforts de grandes métropoles touristiques, comme New York, Paris, Berlin ou Barcelone, envahies par les Airbnb et désertées par les habitants, pour brider l’activité de la plate-forme de partage. Reste à savoir si l’exemple new-yorkais va être imité.
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