La justice va devoir trancher sur l’un des débats du moment les plus symboliques des dérives du secteur aérien sous l’ère Internet : « le skip lagging ». Loin des techniques qui visent à dénicher les meilleurs billets d’avion en recherchant sur les comparateurs à des horaires ou des périodes plus propices, cette technique permet de réserver des billets avec escale puis de s’arrêter à la destination de l’escale sans prendre le deuxième vol.
Cela pourrait sembler impossible de payer moins cher de tels billets, mais la guerre des prix des compagnies aériennes à l’heure d’internet a créé des politiques tarifaires parfois très étranges.
Skiplagged, qui est la plateforme historique et de référence pour trouver des billets de skip lagging, vient d’être attaquée en justice par la compagnie American Airlines, qui menace de désactiver l’ensemble des billets qu’elle a vendus à ses clients. Comme les billets ne sont pas illégaux en tant que tels, American Airlines cherche à mettre à l’amende la plateforme en l’accusant de publicité mensongère.
United Airlines a déjà essayé et perdu un procès contre Skiplagged en 2015.
Qui est Skiplagged et qu’est-ce que le skip lagging ?
Basée à New York, Skiplagged existe depuis plus de 8 ans et a été lancée par Aktarer Zaman. Lorsque ce résident de New York a découvert le principe du skip lagging, il en a fait un business. Beaucoup pourraient trouver cela impossible, mais avec des compagnies aériennes qui tirent de plus en plus les prix vers le bas, il est parfois moins cher de choisir une réservation qui ferait de votre destination une escale plutôt qu’une réservation pour un vol simple.
La baisse des prix ne s’explique par aucune autre raison que celle de la compétitivité sur internet. Avec l’émergence des comparateurs en ligne, les compagnies ont compris qu’elles devaient s’afficher moins cher pour pouvoir espérer remplir leurs avions. Au point donc de baisser tellement leur prix qu’il est devenu moins cher de choisir ces réservations à deux vols plutôt qu’un seul.
Skiplagged n’est pas attaqué en justice pour la première fois avec Americain Airlines. Le créateur de la plateforme avait déjà fait face à United Airlines et à une agence de voyages du nom de Orbitz. Grâce à une campagne de dons en ligne et une forte détermination, il est parvenu à faire reculer la compagnie et intégrait l’agence parmi ses partenaires.
Ironie du sort, Skiplagged retournait son procès – qui aurait pu l’anéantir – en une campagne de communication, en affichant fièrement sur la première page de son site : « nous sommes si bons que United Airlines nous a poursuivis en justice ». Le jeune entrepreneur commentait alors son expérience à CNN Business en expliquant avec une pointe d’ironie : « ce fut un voyage amusant. Avec le recul, ce fut une expérience très intéressante que la plupart des gens n’auront pas l’occasion de vivre ».
La technique d’American Airlines pour faire plier Skiplagged
Pour espérer remporter son procès, American Airlines n’a pas suivi la même technique que United Airlines et Orbitz, à savoir d’accuser Skiplagged de concurrence déloyale. Il est en effet impossible de les juger illégaux : ce sont des billets commercialisés par des compagnies aériennes. Il est même préférable de les prendre depuis les sites des compagnies pour éviter les frais additionnels qu’ajoute Skiplagged aux réservations dans le but de se rémunérer.
Pour faire plier la plateforme, Americain Airlines a cherché à être plus malin. C’est ainsi que la compagnie a trouvé l’idée de désactiver tous les billets vendus par Skiplagged, et attaquer la plateforme en justice pour publicité mensongère : elle a en effet promis aux clients des billets « valides » sans pouvoir garantir que ces billets le seront tant ils dépendent de la compagnie aérienne. « Le comportement de Skiplagged est trompeur et abusif », a indiqué American Airlines dans son procès.
Histoire de mettre les points sur les « i », la compagnie ajoutait : « Skiplagged trompe le public en lui faisant croire que, même s’il n’a pas le pouvoir d’émettre un contrat au nom d’American Airlines, la plateforme peut toujours émettre un billet entièrement valide. Ce n’est pas le cas. Chaque “ticket” émis par Skiplagged risque d’être invalidé ». Pour l’heure, ni Skiplagged ni son fondateur Aktarer Zaman n’ont fait de commentaire.
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Mais du coup si ces billets peuvent être vendus avec commission par Skiplagged, c’est qu’ils peuvent être achetés sans commission directement auprès des compagnies (c’est d’ailleurs ce que dit l’article en substance). Donc même si Skiplagged disparait, le procédé mis en lumière peut continuer à être exploité par les clients qui prennent le temps de faire leurs calculs. Intéressant, c’est une une sorte de surbooking à l’envers ce qui est finalement assez ironique quand on connait la politique des compagnies et agences de voyage dans ce domaine…
Ras.
Je découvre encore le site, je veux bien comparer les prix avant de me prononcer. Je ne veux pas mettre la charrue avant les boeufs. Je trop de publicité qui dérange quand on veut faire le commentaire.
Cette technique supposerait de voyager sans bagage ? Car on ne les récupère pas systématiquement lors de l’escale…..