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Advitam ausculte en ligne les ouvrages d’art

Le système de capteurs acoustiques installé par Advitam sur les ouvrages d’art prévient du moindre problème de structure. Connecté à internet, il transmet automatiquement les alertes.

Internet se niche parfois dans les endroits les plus insoupçonnables. Ainsi, ce sont les ouvrages d’art qui se voient désormais connectés au Net. Installés sur le site, des capteurs répercutent en effet, via internet, tous les bruits “anormaux” de la structure. Les opérations de maintenance sur l’enceinte de confinement d’une centrale nucléaire ou les interventions de réparation sur un ouvrage autoroutier coûtent toujours très cher aux exploitants ou aux concessionnaires. Elles impliquent des pertes d’exploitation dues aux arrêts de production provisoire ou à une simple interruption de trafic. Pire, de nombreuses pathologies, non détectées en amont, peuvent devenir catastrophiques en cas de non-intervention. L’effondrement, en 1985, du petit pont routier d’Ynys-y-Gwas, au Pays-de-Galles, suite à un problème de corrosion des câbles de précontrainte, en est une illustration significative.

Une détection précoce et à distance

D’où l’idée de développer des méthodes d’auscultation non destructives, accessibles en ligne, qui vont anticiper l’apparition des désordres afin de freiner leur développement. Ce procédé vise à limiter les coûts de maintenance en respectant le bon vieil adage populaire “mieux vaut prévoir que guérir“. Principale difficulté ? Si de nombreux ouvrages sont plus ou moins facilement “visitables” ( ponts suspendus ou haubanés, bâtiments, réservoirs, aéroréfrigérants), de nombreuses structures restent, en revanche, totalement inaccessibles aux moyens classiques d’investigation, à l’instar des tirants d’ancrage, des pipelines enterrés ou, plus généralement, de tous les systèmes à précontrainte intérieure.Jeune start-up financée par Vinci Innovation, Advitam propose une solution qui s’appuie sur Soundprint, un procédé de surveillance acoustique mis au point par le Canadien Pure Technologies. Son principe ? Voir l’invisible et prévoir l’imprévisible, en étant capable de détecter, d’identifier et de localiser des événements anormaux (rupture d’un câble, fissures dans le béton…).

Les données transitent par internet

Dans la pratique, le système se compose d’un réseau de capteurs sonores, disposés en des points clés de l’ouvrage à surveiller et reliés à une centrale d’acquisition informatique, située à proximité du site. Internet entre ici en jeu, car le PC installé sur le site va transmettre les fichiers son générés par les capteurs au serveur ftp Advitam (d’origine Compaq). Le PC distant se connecte à internet soit par modem, soit via ADSL sur les grands projets.Ainsi, lorsqu’un événement singulier (choc, fissuration, bruit provoqué par la réaction de corrosion d’un tirant d’ancrage en contact avec un sol agressif) se produit, il libère une énergie propre qui se propage instantanément dans la structure en générant une réponse dynamique. Autrement dit, “une onde sonore spécifique constitue en quelque sorte la signature acoustique de l’événement originel”, explique Jérôme Stubler, directeur général d’Advitam. Il n’y a plus qu’à filtrer et à analyser l’ensemble des données recueillies selon leur intensité et leur fréquence. Le logiciel de la centrale d’acquisition effectue préalablement un premier niveau de traitement, afin d’éliminer les bruits de fond ambiants (trafic routier par exemple) correspondant à un fonctionnement normal de l’ouvrage. “Le système est en effet calibré pour chaque structure, au cas par cas, en fonction des matériaux, de l’environnement et du type d’événements recherchés.” Les réponses qualifiées “d’anormales” sont transmises, via internet, au serveur d’analyse qui est alors capable d’identifier la cause et de localiser son origine.

Des ingénieurs alertés automatiquement par SMS

La démarche est analogue à celle des “oreilles d’or” employées dans les submersibles, le sous-marinier étant, en l’occurrence, remplacé par un PC informatique déporté dans les bureaux d’Advitam. Il est capable de reconnaître plus de 22 bruits caractéristiques, “jusqu’au grincement provenant du frottement de deux voussoirs contigus”, précise Jérôme Stubler. Le logiciel classe ensuite les paramètres en fonction de divers critères (instant, type, axe principal du départ de l’onde), puis établit un rapport synthétique permettant une projection statistique de futurs taux de rupture éventuelle, les événements étant finalement analysés par des ingénieurs spécialisés. Avec cette technique, les capteurs n’ont pas besoin de pénétrer à l’intérieur des structures. Ils sont dès lors mis en place directement au contact des éléments à surveiller, tandis que tous les paramètres des centrales d’acquisition, capables de s’autocontrôler, sont pilotés à distance, via internet.Ce serveur effectue sa tâche en temps quasiment réel. Et lorsqu’un son correspond ou s’approche d’une des signatures redoutées (ruptures de fils, fissurations importantes, etc.), le serveur appelle automatiquement une liste de téléphones portables. Les équipes d’Advitam se connectent alors en direct sur le serveur ou via internet pour lancer une analyse poussée.Ce type de système équipe à ce jour une soixantaine de sites dans le monde, à commencer par les grands ponts suspendus américains, mais aussi 500 km de pipelines, le pont de la rivière d’Abord à la Réunion, ou encore le viaduc de Saint-Cloud à Paris.

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Philippe Donnaes