Il y a des méthodes répressives et des réponses intelligentes : en dévoilant sa nouvelle stratégie de distribution de sa suite de logiciels créatifs Creative Cloud, Adobe semble avoir choisi la seconde option. Il faut dire que l’offre d’Adobe souffre de problèmes structurels : comme on est vite perdu sous la pléthore de logiciels, identifier la suite adaptée à ses besoins devient compliqué, et le moindre ajout de logiciel supplémentaire plombe l’addition. Quant au pack qui regroupe la suite complète, il est très cher – il faut compter 3 500 € pour la Master Collection. Pour le salarié indépendant comme pour la petite entreprise, le piratage est parfois une solution plus facile et plus souple.
Voir plus clair, payer moins cher
Face à ce problème, et afin d’améliorer son offre, l’éditeur va donc lancer Adobe Creative Cloud, une offre de location de ses logiciels à prix abordable. « L’idée est d’offrir une plus grande lisibilité à notre offre logicielle, explique Geneviève Hamelin, responsable marketing chez Adobe. Pour 50 € par mois [pour un engagement annuel, Ndlr], vous avez accès à l’intégralité de notre catalogue de logiciels créatifs. Plus besoin de réfléchir à quel pack acheter, vous installez les logiciels quand vous en avez besoin et ils sont toujours à jour ».
Les logiciels sont installés en dur sur votre ordinateur et non sur le cloud, et le système de licence vérifie tous les mois la validité de la licence. Pour les PME, dont les besoins collaboratifs sont plus larges, une offre spécifique devrait voir le jour pour environ 70 € par mois. Quand on compare le prix d’une suite complète avec celui d’une licence Photoshop – environ 1 000 € pour un seul poste – l’équation est vraiment séduisante d’autant plus que « l’offre logicielle est vouée à s’étoffer sans surcoûts. Lightroom 4 devrait arriver dans l’année, de même que la plupart de nos logiciels issus de l’Adobe Lab ».
La bataille des services
Si le combat des suites logicielles se poursuit gentiment, cette version cloud des produits d’Adobe illustre parfaitement le fait que la prochaine bataille sera celle des services. Avec l’explosion des offres de stockage (Cloud, Dropbox, Hubic, Bitcasa…) et des plateformes de publication, Adobe tente de transformer sa suite logicielle en un écosystème. « Outre l’accès à notre catalogue logiciel, la souscription à Adobe Creative Cloud comprend un espace de stockage de 20 Go, l’accès à nos outils d’hébergement de sites (Business Catalyst) et à nos outils de publication, détaille Geneviève Hamelin. Le but étant de simplifier non seulement la chaîne de création mais aussi celle, de plus en plus importante, de la publication des travaux ». C’est d’autant plus important que l’inclusion de services dans leur version de base – stockage de 20 Go, TypeKit standard, etc. – est aussi un moyen pour Adobe de générer du revenu supplémentaire en proposant des mises à jour vers des services Premium : plus d’espace, plus de polices de caractères, etc.
Une offre alléchante, des questions prégnantes
L’offre soulève des questions dont les réponses officielles demanderont à être vérifiées par les remontées terrain : les serveurs d’Adobe supporteront-ils la charge de millions d’utilisateurs téléchargeant Premiere Pro à la demande ? Les vérifications mensuelles de la validité des licences se feront-elles sans problèmes ? Et surtout, l’éditeur ne tentera-t-il pas de faire monter les prix une fois le marché captif ? Interrogée sur le risque de tentative d’enfermer les utilisateurs dans sa plateforme, Mme Hamelin répond que « si nos services sont intégrés, c’est pour faciliter l’expérience utilisateur. Mais nous avons toujours été ouverts et vous pouvez toujours exporter vos fichiers dans les formats et sur les plateformes de votre choix ».
Des réponses rassurantes… pour l’instant. Une chose est sûre : si la bataille logicielle a toujours lieu, celle des services ne fait que commencer.
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