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Administration Bush, les lobbies et Microsoft

Face au risque de scission, Microsoft n’a pas lésiné sur les moyens pour obtenir les bonnes grâces de la Maison Blanche. Ni pro-républicain, ni pro-démocrate, l’éditeur joue la carte de la préservation de l’avantage acquis.

L’arrivée des républicains au pouvoir aux Etats-Unis aura sûrement aidé Microsoft à mettre fin à son procès antitrust. Malgré la poursuite du procès par neuf des dix-huit Etats plaignants, il est légitime de se demander si l’éditeur a pu bénéficier d’appuis politiques auprès du gouvernement Bush.” Une administration Gore n’aurait certainement pas proposé un tel accord, et Microsoft n’aurait alors rien signé “, juge Robert Litan, vice-président à la Brookings Institution (un des grands instituts d’analyse américains), et ancien responsable de la division antitrust du département de la Justice. Et d’ajouter : ” Je pense que l’administration Bush a choisi la solution de l’accord à l’amiable principalement pour éviter les incertitudes du procès à venir, mais aussi parce qu’elle possède une philosophie bien différente des sanctions à appliquer dans un tel cas. “Ces dernières années, Microsoft n’a pas lésiné sur les moyens pour influencer la classe politique. Selon le Center for Responsive Politics, une association surveillant les dons des particuliers et des entreprises aux responsables politiques, les dépenses en lobbying de l’éditeur ont triplé entre 1997 et 2000.

Une influence difficile à évaluer

Mais les concurrents de l’éditeur ont aussi commencé à bâtir des réseaux d’influence à Washington DC. Parmi les cinq plus gros contributeurs de l’industrie informatique, on trouve ainsi AOL et Oracle, deux sociétés qui ne sont pas en odeur de sainteté du côté de Redmond.De fait, le procès Microsoft semble avoir converti cette industrie aux joies du lobbying. En 1998, elle était le 25e (sur 80 industries) contributeur de la classe politique, en 2000 le 7e. Sans pour autant chercher à s’attirer particulièrement les grâces du parti républicain.A l’instar de Microsoft, le monde de l’informatique et d’Internet finance les deux grands partis américains à parts égales. Pour le Center for Responsive Politics, cette stratégie neutre ” correspond à celle d’une équipe sportive dotée d’un avantage confortable : jouer la défense et préserver le statu quo. L’industrie veut prévenir toute tentative de retour sur ses succès précédents “.A éviter ainsi de prendre parti, Microsoft ne se met pas en position de bénéficier de l’appui d’un parti, démocrate ou républicain. ” Attaquer une des rares sociétés bénéficiaires en pleine récession posait problème au parti républicain “, juge Rob Enderle, analyste au Giga Group.

Le DoJ reste suspicieux

” Mais le département de la Justice [de l’administration Bush] ne fait pas confiance à Microsoft et cet accord le reflète. ” Au temps où il travaillait pour IBM, Rob Enderle s’occupait en effet de vérifier la conformité de la compagnie avec l’accord signé avec le département de la Justice au début des années quatre-vingt. Même réalisée en interne, cette vérification s’est souvent révélée paralysante.Or le département de la Justice a refusé la solution de l’audit en interne. Microsoft sera surveillé par un comité technique de trois membres, l’un désigné par l’administration, le deuxième par l’éditeur, le troisième étant coopté par les deux premiers.” Le choix des représentants sera très intéressant. Le candidat de Microsoft sera dans une position délicate [il ne peut pas travailler pour Microsoft], tandis que celui du département de la Justice pourra être un des dirigeants de la division antitrust. Ce qui pourrait donner plus de poids à ce côté. “Férocement, parfois violemment, opposé à toute ingérence gouvernementale dans l’industrie informatique, Microsoft a signé un accord qui donne aux pouvoirs publics un droit de regard sur ses activités.

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Ludovic Nachury, à New York