« Je n’ai jamais pu faire l’E3. » Voici ce que se dit sans doute une partie des joueurs du monde entier (pas nécessairement les plus jeunes). Après avoir peiné à se remettre sur pied dans les années post-covid, proposant une édition intégralement numérique en 2021 et annulant les éditions 2022 et 2023, les organisateurs de l’ancienne grand-messe du jeu vidéo sifflent la fin du match. Le dernier E3 organisé en présentiel est donc l’édition 2019.
Dans le Washington Post, Pierre-Louis, président de l’Entertainment software association (ESA) a annoncé la nouvelle. « Nous savons que toute l’industrie, les joueurs comme les créateurs, se passionnent pour l’E3. Nous partageons cette passion. Nous savons qu’il est difficile de dire au revoir à un événement aussi apprécié, mais c’est la meilleure chose à faire compte tenu des nouvelles possibilités pour notre industrie de toucher les fans et les partenaires. »
La chute avait démarré avant le Covid
Impossible de ne pas penser aux Game Awards 2023 qui viennent de s’achever début décembre, dans une édition vivement critiquée pour son usage un peu trop appuyé de la publicité, ou encore au Summer Game Fest, deux évènements lancés par l’ancien journaliste Geoff Keighley. Au départ, le Summer Game Fest s’était d’ailleurs positionné comme un concurrent frontal à l’E3, même s’il n’a jamais sauté le pas de l’évènement grand public, préférant la diffusion de la conférence en ligne. Il a désormais remplacé son modèle.
L’E3 a un temps été le plus grand évènement de la planète jeu-vidéo, le rendez-vous immanquable pour tous les studios et éditeurs. Au détour des années 2010, le show commence à perdre quelque peu de sa superbe, à mesure que les plus gros éditeurs se lancent dans des diffusions d’évènement en ligne sur les plateformes de streaming, sauvegardant ainsi les coûts et maitrisant les timings.
L’industrie du jeu-vidéo a changé
« Aujourd’hui, les entreprises ont accès aux consommateurs et aux relations d’affaires par divers moyens, y compris leurs propres vitrines », confirme Pierre-Louis auprès du Washington Post. Une fin qu’il regarde avec un œil somme toute assez positif, expliquant que la fin de l’E3 signifie aussi que l’industrie du jeu vidéo a éclos de plusieurs manières différentes. « Chacune de ces grandes entreprises peut créer une vitrine individuelle (…) [et] s’associer à d’autres événements de l’industrie pour présenter l’étendue des jeux. »
Un des exemples de ce phénomène peut se trouver dans le trailer de GTA VI, comme le soulignait le journaliste Oscar Lemaire début décembre : le premier trailer de GTA V, en 2013, avait enregistré 8,7 millions de vues un mois après sa mise en ligne, tandis que celui de GTA VI culminait à 57 millions de vues 11 heures après sa publication. Qui a besoin d’un évènement du jeu vidéo physique dans un monde où les joueurs et joueuses savent désormais où trouver eux-mêmes les trailers.
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Source : Washington Post