“Avec le net, Adecco veut devenir un groupe global en matière de ressources humaines”, écrivait Le Nouvel Hebdo en mars 2001. Un an après, le numéro 1 mondial du travail temporaire illustre cette stratégie. La semaine dernière, il a annoncé une OPA amicale sur le site d’emplois d’origine allemande Jobpilot. Le prix de la transaction a été arrêté à 5,3 euros (35 francs) par action, payable en cash. Ce qui valorise l’entreprise à 70 millions d’euros.Les termes de l’accord sont assez simples : Adecco veut détenir au moins 75 % du capital d’ici le 15 avril. Un montant facile à atteindre, puisque les trois actionnaires de référence de Jobpilot, son président-fondateur Roland Metzger (43 %), les fonds United Internet (23 %) et Private Equity Bridge Investment (3 %), ont d’ores et déjà donné leur accord. Reste à trouver 6 % supplémentaires, notamment sur le Neuer Markt, le marché allemand des valeurs de croissance, où est coté le jobboard.
Bonne complémentarité
“Après la récente fermeture de Newmonday.fr et l’interruption de Stepstone.fr, notre secteur bruissait constamment de rumeurs de rachat ou de dépôts de bilan, explique Patrick Pedersen, le directeur général de Jobpilot.fr. Nous avions donc pris le parti de nous concentrer sur notre métier et de ne pas tenir compte du brouhaha ambiant “. Et de se réjouir, au nom de ses équipes, de la décision d’Adecco : “Nous n’avons pas d’activités concurrentes et ce sont comme nous des professionnels des ressources humaines.” Sans parler de la réputation de solidité financière du groupe suisse, dont le chiffre d’affaires tutoie les 4,5 milliards d’euros. “L’arrivée d’un “brick and mortar” comme Adecco contribue à légitimer l’activité de recrutement sur internet alors que les nombreuses faillites pouvaient finir par décrédibiliser le secteur”, reconnaît de son côté Mats Carduner, le directeur général de Monster.fr.
La fin des rumeurs
Principale conséquence à ce jour de l’annonce de l’OPA, les entreprises de travail temporaire qui, jusqu’à présent, utilisaient les services de Jobpilot, ont presque toutes adressé la semaine passée une lettre pour mettre un terme à leurs relations commerciales avec le site. À l’inverse, “l’offre d’Adecco semble avoir décidé nombre de nos prospects, qui avaient suspendu leurs commandes depuis la fin du 3e trimestre 2001, à nous passer ces jours-ci des contrats”, remarque Patrick Pedersen, qui revendique un chiffre d’affaires de 9,7 millions d’euros pour le dernier trimestre 2001, en baisse de 4 % par rapport au précédent, pour un chiffre d’affaires de 45,2 millions (33,5 lors de l’exercice 2000). L’achat de Jobpilot clôt ainsi des semaines de rumeurs, qui désignaient le Norvégien Stepstone comme cible potentielle d’Adecco. Reste à savoir maintenant ce que la société suisse fera de son acquisition.Conserver le nom Jobpilot ? C’est envisageable puisque, rien qu’en France, l’entreprise fondée par Roland Metzger a dépensé en 2000 et 2001 la somme de 30 millions d’euros pour entretenir la marque. Mais alors quid des petits sites déjà créés par Adecco, comme Idealjob.com ? Trop tôt pour le dire. D’autant plus qu’Adecco étudie la façon dont Yahoo, qui a récemment acheté le site anglo-saxon Hotjobs.com, va déployer son offre RH à l’échelle de la planète, et par la même occasion en Europe.
Le PDG reste dans la société
Pour ce faire, Adecco dispose déjà d’un avantage : l’ensemble des CV des quinze déclinaisons européennes de Jobpilot sont réunis dans une base unique. Ce qui facilitera les adaptations technologiques. D’ailleurs, Roland Metzger ne devrait pas avoir à éprouver lui-même l’efficacité de son site pour dénicher un job, puisqu’il est prévu qu’il conserve des fonctions au sein de la nouvelle entité.
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