” Surfez sur le web avec votre téléphone ! ” Malgré leurs nombreux défauts, les téléphones Wap, et bientôt les PDA, permettent d’accéder à des services en ligne. Mais derrière les slogans accrocheurs et souvent usurpés, que signifie aujourd’hui la notion d’internet mobile ? Des services “internet”, certes, mais bien distincts de ceux qui nous sont proposés sur un terminal de bureau. Langage spécifique, HTML allégé, contenu épuré et adapté à un usage ponctuel, en situation de mobilité… Tôt ou tard, les entreprises qui possèdent un site web devront réfléchir à son adaptation à l’internet mobile. Pour cela, une stratégie spécifique et de nombreuses modifications techniques sont nécessaires.
1 Quel support mobile choisir ?
SMS, Wap ou PDA ? La première décision à prendre est de déterminer sur quel type de terminaux mobiles lancer son service.Le SMS (tous les terminaux GSM). Ces petits messages de 160 caractères maximum sont devenus un phénomène de société : plus de 200 millions de SMS sont échangés chaque mois en France. De plus en plus de sites web offrent la possibilité de paramétrer des messages d’alertes (fluctuation boursière, résultats des matches de football, offres d’emploi…) que le destinataire reçoit sur son téléphone mobile en fonction de critères qu’il a lui-même préalablement choisis.Mon conseil : Actuellement, le SMS est le meilleur outil pour “pousser” des informations (faire du push, disent les experts) depuis un site vers un client en situation de mobilité. Mais le message doit être envoyé uniquement si l’utilisateur en a exprimé la demande. Le site doit éviter tout envoi abusif de SMS (spamming), sous peine de saper la confiance des utilisateurs à son égard.Le téléphone Wap. Le Wap, tant décrié, reste néanmoins le moyen d’accès à l’information en situation de mobilité le plus répandu. Ce standard a été défini par les acteurs du marché de l’internet et des télécoms pour adapter le contenu du web aux contraintes des réseaux mobiles (faible bande passante) et des terminaux mobiles (faible capacité, écran et autonomie limités).Certes, le Wap a du mal à démarrer. Les premiers terminaux ?” aux écrans trop petits et à l’interface trop complexe?” en ont découragé plus d’un. D’autant que les premiers sites nétaient pas pensés pour être utilisés en situation de mobilité.Mais ces premiers écueils sont en train d’être dépassés. Les premiers sites Wap bien conçus apparaissent. Avec celui de British Airways, plus besoin de se présenter au comptoir pour s’enregistrer sur un vol de la compagnie et choisir son siège. Le voyageur n’a qu’à saisir sur son téléphone Wap le numéro de sa carte de fidélité pour s’enregistrer sur le vol. Le site permet également de vérifier les heures de départ et d’arrivée des vols, ainsi que les places libres.Une autre application se développe aujourd’hui : les comparateurs de prix. Si je suis à la Fnac et que je veux acheter un lecteur DVD, je consulte sur mon Wap le meilleur prix disponible pour cet appareil sur les sites d’e-commerce, pour voir si j’ai intérêt ou non à l’acheter dans le magasin.Plus de 2 millions de terminaux Wap ont été vendus et tous les téléphones commercialisés aujourd’hui sont à cette norme. Le nombre de téléphones Wap devrait donc rapidement dépasser celui des PC, constituant une cible potentielle de plus de 30 millions de connectés. Reste à savoir combien d’acheteurs se transformeront réellement en utilisateurs réguliers.Mon conseil : Le Wap peut constituer un axe de développement de votre offre internet mobile si votre contenu web est réactif, évolue fréquemment et a vocation à être consulté en situation de mobilité, ou si vous offrez des services à forte réactivité (passage d’ordres boursiers ou enchères en ligne, par exemple). L’offre déclinée pour le Wap peut alors se combiner de manière complémentaire avec le SMS.Dans le monde professionnel, le Wap prend tout son sens pour des applications d’intranet mobile, où l’utilisateur a besoin de pouvoir se connecter au système d’information de l’entreprise depuis l’extérieur.L’assistant personnel (PDA). Présents sous trois standards différents, Palm (Palm et Visor de Handspring), Pocket PC (Compaq, Casio, HP) et Epoc (Psion), les assistants personnels rencontrent actuellement un vif succès : 300 000 unités vendues en France en 2000 (et probablement 500 000 en 2001).Ces PDA stockent de l’information qu’ils acquièrent par synchronisation avec un PC. Ils ne permettent donc pas de naviguer en temps réel (à part via un téléphone à infrarouges ?” c’est fastidieux !), mais stockent des informations qu’on peut ensuite consulter à tout moment. On “emporte son magazine sur son PDA” qu’on va lire ensuite dans le métro, ou sa liste de course qu’on va compléter devant son frigo.Les PDA diposent d’un navigateur et peuvent lire des sites “reformatés” en html simplifié. En contrepartie, les PDA n’ont pas la réactivité du téléphone Wap, qui permet d’accéder à une information mise à jour.Mon conseil. Le PDA s’impose donc pour les sites à contenu riche, qui nécessitent un niveau de mise à jour hebdomadaire, voire quotidien. Ainsi, un des services qui connaît le plus de succès sur les PDA est celui d’AlloCiné. Il permet, tous les mercredis par exemple, de télécharger les séances de cinéma de son arrondissement, pour les consulter ensuite à tout moment de la semaine.Dans quelques mois, les PDA intégreront une carte SIM permettant de naviguer en temps réel sur les sites formatés PDA. On pourra alors véritablement parler d’internet mobile sur PDA.
2 Quel contenu, avec quelle organisation ?
Une fois choisi le type de terminal sur lequel on développe son site internet mobile, il est important d’en déterminer le contenu. Hors de question en effet de porter l’intégralité de son site web sur Wap ou PDA. La plupart des écrans de téléphone étant limités à 4 ou 5 lignes de texte, il est impératif d’adapter totalement le contenu du site en extrayant les services de proximité dont l’utilisation en situation de mobilité paraît pertinente.Par exemple, les informations locales (restaurants, liste de prix…) ou en évolution permanente (Bourse, news…). Le Wap, c’est du “live”, mais c’est aussi du “light”! On peut également choisir de créer des rubriques spécifiques au Wap en complément des rubriques du site web. Sur un PDA, le contenu peut être plus dense, mais il faut éviter à l’utilisateur un scrolling vertical important.
3 Quel degré de personnalisation ?
L’utilisateur, en raison de l’ergonomie moins conviviale des terminaux mobiles (et du fait qu’il paie la communication sur son terminal Wap), est plus exigeant sur la rapidité d’accès à l’information.Un moyen de répondre à cette exigence est de proposer une personnalisation du site, avec la possibilité de configurer “Mon Site mobile” jusque dans les sous-rubriques. Cette opération doit être possible sur le site web, mais aussi directement sur le site Wap ou le PDA.
4 Quel contenu pour quel support ?
Pour déterminer le contenu adapté à tel terminal, il faut mettre en place, au niveau du site web, un outil de gestion éditoriale qui “tague” (marque) les parties destinées au Web, au Wap ou au PDA chaque fois qu’un article est inséré.Cet outil permettra de créer des règles automatiques de publication pour redistribuer les contenus en fonction du support : le titre ne va que sur le Wap, le chapeau va aussi sur le PDA, le web prend l’article en entier. Pour publier des contenus vers les Wap ou les PDA, ou mettre en place des systèmes d’alertes SMS, deux solutions se présentent.Vos flux de données sont organisés en langage XML. Ce langage permet de décrire en amont les différents niveaux de contenu (titre, résumé, corps de texte), avant d’être décliné en différents langages de représentation (site Wap en WML, site PDA en Tiny HTML).Vos flux de données ne sont pas en langage XML. Il est alors préférable de venir chercher les informations qui alimentent le site mobile directement dans les bases de données. Il est certes possible de les glaner depuis les pages HTML, mais il y a un risque : en cas de modification de l’organisation du site web, il faudra réécrire entièrement le programme internet mobile.Une fois la publication organisée, un travail graphique adapté au support s’impose. Il faut mettre en place une charte graphique s’inspirant de la charte web pour un site PDA et développer des pictos furtifs (apparaissant brièvement à l’écran) qui marqueront l’entrée dans les rubriques du site Wap.
5 Quels terminaux compatibles ?
Développer un site web nécessite de prendre en compte des différences mineures entre Netscape et Internet Explorer. Pour un site Wap, la tâche est plus ardue ! En effet, la trentaine de téléphones Wap actuellement disponibles proposent sept navigateurs, différentes largeurs d’écran et un affichage de 4 à 7 lignes.Certains terminaux disposent de plusieurs polices, font apparaître le gras ou l’italique et disposent de fonctionnalités spécifiques (sécurité, mémoire…). Avant de lancer un site Wap, il est donc nécessaire de le tester sur tous les terminaux. Même chose pour une page PDA, qui doit pouvoir être consultée à la fois sous Palm et sous Pocket PC.
6 Quelle visibilité pour votre site ?
Du fait de la difficulté à entrer une URL sur un téléphone ou un PDA, les portails ont un rôle central. Pour le Wap, il faut donc être référencé ou sur les portails des opérateurs (iService, Vizzavi, 6e Sens) ou sur ceux des distributeurs (Mviva de Phone House). Mais, à moins que vous ne soyez une grande marque qui apporte de la notoriété au portail, le référencement se paye (on a vu des tarifs négociés entre 200 000 et 300 000 francs l’année dernière) ou s’échange contre une visibilité de l’opérateur sur votre site.
7 Quel business model “mobile” ?
Trouver un business model dans l’internet mobile n’est pas plus facile que sur l’internet “fixe”, mais on peut distinguer deux grands types de revenus.Un revenu marketing indirect qui se manifeste par :
– un gain d’image. Être présent sur PDA est un signe de modernité fort pour une marque ;
– des services à valeur ajoutée : services mobiles, alertes ;
– une fidélisation accrue. Le site mobile accompagne ses clients “anytime, anywhere” ;
– de la personnalisation. Introduction d’un marketing “one to one” (messages d’alerte SMS, site Wap ou PDA personnalisé…).Un revenu financier direct provenant :
– de la publicité. Les quarante derniers caractères d’un SMS d’alerte envoyé à un abonné peuvent être réservés à un annonceur. Le prix ? Entre 30 centimes et 2 francs, pour un SMS qui revient moins d’un franc au site. Les bannières sur les PDA sont du même modèle que sur le web, mais elles sont beaucoup plus visibles ;
– du M-commerce. On assiste aux premières expériences de vente sur les sites mobiles (Lastminute, Alapage, Chronoresto…) ;
– de l’intéressement des opérateurs aux recettes. Ce système n’existe encore qu’au Japon : l’opérateur NTT DoCoMo a reversé en 2000 plus de 25 milliards de francs aux fournisseurs de contenus.* Responsable de l’activité internet mobile chez Himalaya, architecte web multiaccès
Propos recueillis par Éric Meyer
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