Deux fois, depuis 2002, avons-nous prévenu dans ces colonnes qu’il allait y avoir risque de capacités de production de circuits intégrés insuffisantes pour répondre à la demande dans les mois qui venaient. Deux fois, nous avons
eu tort de tirer la sonnette d’alarme. Mi-2002, nous nous sommes trompés d’un bon 5 % : le point de retournement est arrivé en juin, plus tôt que nous le prévoyions.Mi-2004, nous avons “touché” : certains circuits ont connu une pénurie mais sans qu’une catastrophe ne s’ensuive. Le déstockage de fin 2004 a en effet dégonflé la “mini-bulle”. Cette
fois-ci, nous nous y prenons apparemment vraiment à l’avance puisque le monde entier ne parle que de surcapacités ; mais mieux vaut être prévenu d’un danger potentiel que de raisonner comme le mouton d’à côté.Retour en arrière : en 2000, c’est l’euphorie. L’industrie du semiconducteur investit tout ce qu’elle peut pour répondre à une demande explosive. A cette époque, pas question de se focaliser sur les
technologies d’après-demain : les équipements achetés doivent fonctionner tout de suite. Les investissements se font alors essentiellement dans des technologies 0,2 µm à 0,3 µm : très peu en 0,18 µm et en dessous.S’ensuivent une année 2001 à investissement ” normal ” (25 % du CA) puis trois années de sous-investissement notoire (19 % du CA en 2002, 18 % en 2003 et 21 % en 2004 selon Future
Horizons). Les prix des circuits étant faibles durant cette période, le rapport investissement sur nombre de circuits produits ?” le seul qui compte réellement ?” a en fait été encore plus faible que ces chiffres ne le montrent.Les investissements de ces trois dernières années ont ainsi fatalement donné la priorité au court terme au détriment du long terme. Nos inquiétudes se retrouvent dans des chiffres : le Sicas a publié récemment des statistiques sur
le taux d’utilisation des capacités de production mondiales au 4e trimestre 2004, statistiques dont les observateurs n’auront retenu qu’un chiffre : 86 %, une moyenne, toutes usines confondues.Or ce chiffre associe des unités de production d’avant 2001 (technologies au-delà de 0,2 µm) et d’après 2001 (technologies en deçà de 0,16 µm). Bien entendu, si une pénurie devait revenir, elle ne serait grave
que pour les circuits les plus avancés, c’est-à-dire à technologies inférieures à 0,16 µm.Nous nous proposons donc de distinguer ces deux catégories de circuits et de faire une présentation différente de ces statistiques. D’un côté, sont reflétés dans nos tableaux les investissements essentiellement de l’an
2000 (technologies de 0,2 µm à 0,3 µm) ; de l’autre, les investissements “post-2001” (technologies inférieures à 0,16 µm).Vous découvrez alors “l’horreur” comme nous : les unités de 2000 ont tourné fin 2004 à “seulement” 80 % de leurs capacités maximales, et les usines “sensibles” à…
93 % : un taux qui déclenche normalement des restockages, alors que les investissements se réduisent en cette période dite “de surcapacité” !!!Franchement, chers acheteurs, nous espérons vous inquiéter une troisième fois pour rien !Taux d’utilisation des capacités de production
Fin 2004, les capacités de production étaient utilisées à 93 % pour les technologies inférieures à 0,16 µm ; elles ne devraient pas être en dessous de 91 % actuellement. Or nous sortons d’une période
de déstockage…
* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique jeudi 24 mars
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