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Accusé de plagiat, Gad Elmaleh s’attaque à CopyComic

Gad Elmaleh envoie ses avocats contre la chaîne YouTube CopyComic pour faire valoir ses « droits voisins ». Or, les vidéos publiées utilisent les images pour poser la question « coïncidence ou plagiat ? » entre les sketchs du Français et ceux d’humoristes nord-américains. L’arroseur finira-t-il arrosé ?

Retour en 2007. Invité par Michel Denisot, sur le plateau du Grand journal, Gad Elmaleh rencontre pour la première fois son idole, le stand-upper américain Jerry Seinfeld. Une star outre-Atlantique. En fan absolu, le comique français glisse cette phrase (en guise d’aveu ?) : « J’étais à deux doigts de lui piquer des blagues ». Gad Elmaleh aurait-il finalement cédé à la tentation ? Car c’est bien de plagiat que la chaîne YouTube CopyComic l’accuse.

Dans deux vidéos qui accumulent en seulement quelques semaines plus de 1,9 million de vues. CopyComic met en parallèle les images de sketchs de l’humoriste français avec les… originaux. En deux épisodes d’une dizaine de minutes, on découvre avec stupéfaction Gad Elmaleh reprenant à son compte – parfois au mot près – les blagues de ses confrères nord-américains, voire français. Il aurait même plagié Coluche. 

Tweets suspendus et anonymat contesté

A la suite de ces accusations, la société K2S Productions, gérée par Gad Elmaleh lui-même, a réclamé le retrait de deux tweets reprenant les vidéos YouTube, jugées litigieuses, selon des messages publiés par CopyComicVideos sur Twitter.
Le stand-upper français soutient que les contenus portent « atteinte à ses droits voisins sur les vidéogrammes reproduits sans autorisation [et seraient] constitutive[s] de contrefaçon en application du code de la propriété intellectuelle française ».

https://twitter.com/CopyComicVideos/status/1098118604262965248

En France, les droits voisins du droit d’auteur permettent aux artistes de contrôler l’utilisation et l’exploitation de leurs prestations. Les artistes peuvent négocier une rémunération en échange d’une autorisation de diffusion. Le plagiaire crie au plagiat, donc.

Et l’accusation devrait se traduire en justice. Toujours selon le compte Twitter CopyComicVideos, la demande a été exercée par le cabinet d’avocats « W ». Le site NextInpact confirme l’information après avoir consulté Lumen, le site de base de données répertoriant l’ensemble des notifications adressées à Google ou Twitter et trouvé deux entrées du cabinet « Wan Avocats ».

Les avocats de Gad Elmaleh ne s’arrêtent pas là. Ils exigent de Twitter de donner « l’identité et les coordonnées de l’internaute ayant créé le compte Twitter intitulé CopyComic Vidéos ». Une requête qui ne manque pas d’agacer Ben, le vidéaste derrière les vidéos de CopyComic :

« Au motif de “non-respect de tes droits d’auteur”, tu fais censurer par Twitter les deux tweets contenant les vidéos CopyComic qui te concernent! Et tu exiges de Twitter qu’ils te révèlent mon identité !», publie-t-il sur son compte Twitter, avant d’insister : « Mon anonymat est celui de ceux qui préfèrent mettre en avant le sujet et non les personnes, assure-t-il. Je n’ai à rougir de rien. Aucune honte ici. »

https://twitter.com/CopyComicVideos/status/1098118602178342912

Rira bien qui rira le dernier

Selon l’article L211-3 du Code de la propriété intellectuelle, si le producteur est propriétaire de droits voisins et peut les réclamer, il existe des exceptions: 

« Sous réserve d’éléments suffisants d’identification de la source », la loi autorise « les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées ».

Néanmoins, même si cette exception relative à l’analyse critique est retenue, l’article stipule qu’elle ne peut porter atteinte « à l’exploitation normale de l’interprétation, du phonogramme, du vidéogramme ou du programme ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l’artiste-interprète, du producteur ou de l’entreprise de communication audiovisuelle ». Le bras de fer juridique ne fait que commencer.

Une polémique qui fait écho au texte récemment validé par l’Europe sur la propriété intellectuelle sur Internet dans l’espace communautaire. L’article 13 consacrant les droits voisins déchaîne toujours les passions. Et, ce match de tweet-pong donne un avant-goût de ce que pourrait exiger le droit européen aux éditeurs du Web.

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Marion SIMON-RAINAUD