Passer au contenu

A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels

Les interventions et les réparations?” parfois de fortune ?” sur le réseau de France Télécom ont nécessité la mise en place de moyens humains et matériels inédits.

On a lâché l’activité commerciale “, murmure-t-on dans les couloirs de France Télécom. La dépression qui a fait souffler un vent de terreur sur la grande majorité du territoire français a eu pour premier effet de faire sortir de la chaleur des bureaux des employés auparavant poussés vers des fonctions commerciales.
” Les agents de ligne ont retrouvé leurs réflexes. Il fallait les voir refaire, en dix minutes, une connexion sur un 28 paires “, s’enthousiasme Claude Chevalier, responsable de la communication de France Télécom Poitou-Charentes. L’opérateur public avait, en effet, mis sur pied un important dispositif humain et matériel pour renforcer les équipes chargées de rétablir, au moins provisoirement, les communications téléphoniques. Outre les personnels en congé, des agents techniques en préretraite ont été appelés à la rescousse. Et ce sont pas moins de vingt mille salariés qui ont été déployés sur le terrain.

L’équivalent de deux ans de travail en trois semaines de temps

Il faut dire que l’enjeu était de taille : 400 000 lignes téléphoniques (en plus des 600 000 en panne en raison de l’absence d’électricité), 150 000 poteaux et 5 250 km de câbles étaient hors d’usage après les deux tempêtes. ” Les rafales de vent ont entraîné l’équivalent de deux ans de pannes “, assure France Télécom, qui a mis en place une exploitation optimale des ressources humaines. ” Nous avons mêlé les compétences en associant, par exemple, un magasinier à un spécialiste des lignes. Nous avons fourni, en trois semaines, un travail qui demandait deux ans dans des conditions normales. Nous avons déplacé 1 500 personnes, de la France entière, vers les régions en crise. ” En Dordogne et en Charente-Maritime, départements les plus touchés, les dégâts ont été très importants : sur les 400 000 lignes, 265 000 ont été interrompues. Les effectifs ont donc dû être renforcés par des équipes techniques issues d’autres régions. ” C’est la première fois que nous faisons face à une telle catastrophe, ainsi répartie sur tout le pays “, a reconnu Jean-Yves Gouffié, directeur exécutif de la branche réseaux de France Télécom, qui se félicite néanmoins que la totalité du réseau longue distance en fibre opti-que ait été enterrée, ce qui lui a permis de fonctionner normalement. De plus, peu de travaux ont été nécessaires sur les organes de commutation ou de transmission et les fils tombés, même vulnérables, sont restés opérationnels. ” Notre réseau est plus fiable depuis que nous l’avons équipé de câbles à graisse et de dispositifs d’extrémité contre l’oxydation “, ajoute Jean-Yves Gouffié.
A la direction de l’approvisionnement et des ateliers, les techniciens dressent un état des lieux : ” Nous ne sommes pas loin de un million de poteaux à relever “, estime l’un d’eux. ” Les besoins vont être colossaux pour refaire toute la connectique endommagée, voire brisée, aux points de concentration du réseau “, affirme un autre. ” Il va falloir 500 000 connecteurs (soit l’équivalent de dix fois la casse moyenne sur six mois), 100 000 dispositifs d’arrêt de câble et 52 000 connexions 30-34 “, assure un troisième. ” Nos fabricants et nos sous-traitants vont devoir être plus réactifs que jamais “, insiste un quatrième agent.
En ce qui concerne son réseau cellulaire, France Télécom avait signalé, le 30 décembre, de 700 à 1 000 relais Itinéris paralysés (sur 9 000), dont 90 % en raison de problèmes d’énergie. Quand la situation sera plus calme, les antennistes devront vérifier la position verticale des émetteurs afin qu’ils soient conformes aux critères de qualité des contrats commerciaux.

Les réseaux Internet relativement épargnés

” Beaucoup d’antennes ont été déplacées, souvent le tilt (inclinaison verticale) et son azimut ont bougé, ce qui modifie la couverture de la zone “, remarque un responsable de l’unité des réseaux mobiles. Quant aux réseaux Internet, Uunet confie que le point de présence (POP) le plus touché était celui de Niort en raison de la coupure électrique : un onduleur et une carte cascade ont été mis hors d’usage.
Sur Oléane-Transpac, des problèmes sont apparus à Mérignac. ” On a eu une coupure sur Oléane, mais franchement on s’attendait à pire que ça. Nos clients s’en sont peu inquiétés, mis à part les étrangers qui n’ont pas bien compris la situation “, explique Sébastien Carriot, chef de projet chez AT Internet.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Alain Thomas