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A réguler sans compter, on triomphe sans gloire

Les messages transitant par Internet devraient bientôt comporter un grand nombre de mentions obligatoires, dans le but de protéger les intérêts des internautes. Pour les SMS et leurs cent soixante caractères, cela pourrait
poser quelques problèmes…

La note de synthèse fut longtemps une épreuve reine des instituts d’études politiques. Pour ceux qui ignoreraient tout de l’exercice, il s’agit, pour l’essentiel, de faire entrer le contenu de
l’annuaire du Val-de-Marne dans un volume équivalant à un modeste timbre-poste. Le tout en gardant le style et l’esprit du texte.Les dirigeants des opérateurs télécoms vont pouvoir se remémorer à loisir leur période estudiantine, grâce à la prochaine mouture du projet de loi sur la confiance dans l’économie numérique. Adopté par le Sénat cet automne, il
devrait être enfin débattu par l’Assemblée en janvier.Dans la version en discussion ?” et dans un souci bien compréhensible de défense des intérêts de l’internaute ?”, le législateur a prévu une batterie de mentions obligatoires dans les messages adressés via
internet.Identité des personnes morales à l’origine de l’envoi, leur raison sociale, leur téléphone, leur adresse, leur capital social, leurs références d’inscription au Registre du commerce… La liste est longue des
renseignements à fournir dans la moindre correspondance électronique.L’ambition est claire : permettre au destinataire d’établir rapidement le contact avec l’émetteur si le contenu, voire le principe même de recevoir un tel courrier, lui déplaît. L’objectif est louable. Mais
dans leur enthousiasme à réglementer, les parlementaires n’ont pas hésité à élargir ce dispositif à l’ensemble des correspondances électroniques, SMS inclus.Et c’est là que le bât blesse. On peut, en effet, se demander comment les cent soixante caractères du SMS pourront accueillir ce florilège d’informations. C’est là que le talent des rédacteurs dotés d’un
esprit de synthèse pourrait briller.Mais, vu l’ampleur de la tâche, on s’attend au pire. A moins d’adopter l’alphabet SMS. Avec des messages tels que ‘ C ma boate Ki T cri. En K 2 pb, apel et on 10Qtra ‘, on gagne
évidemment en espace occupé. Et le principe du dialogue n’est pas mis à mal…On pourrait même envisager que nos parlementaires suggèrent une liste de vocables juridiques à la mode SMS. Que l’Académie française pourrait valider, histoire de donner à tout cela un peu de solennité. C OK ?* Grand reporter à 01 Informatique

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Nicolas Arpagian*