Et c’est reparti pour un tour ! Microsoft vient de soumettre de nouvelles propositions à Bruxelles, dans le cadre de la procédure pour abus de position dominante dont il fait l’objet concernant son logiciel Internet Explorer.
L’exécutif européen avait accusé le 15 janvier le groupe de Redmond (1) de nuire à la concurrence en livrant son navigateur avec son système d’exploitation, Windows. C’est Opera, éditeur du navigateur du même nom, qui avait porté plainte fin 2007 contre Microsoft.
Pour éviter d’écoper d’une nouvelle amende salée, comme en septembre 2007 dans un autre dossier (497 millions d’euros), Microsoft avait soumis à la Commission européenne, en juillet dernier, l’idée d’intégrer un ballot screen à Windows, c’est-à-dire un écran qui permettrait à l’utilisateur de choisir son navigateur.
L’éditeur a entre-temps revu son document. Celui-ci va maintenant faire l’objet d’une consultation, qui démarrera le 9 octobre, pour un mois. Les consommateurs, éditeurs, fabricants et autres associations sont donc invités par la Commission à envoyer leurs remarques. La proposition de Microsoft peut être consultée sur cette page.
Un écran multichoix comprenant douze navigateurs
Dans sa nouvelle proposition, Microsoft a revu le concept du ballot screen. Une piste a été écartée : l’utilisateur ne sera pas contraint de choisir son navigateur lors du premier démarrage de Windows sur une machine neuve. Tout se passera au moment d’une mise à jour de son système d’exploitation.
A ce moment, l’utilisateur de XP, Vista ou 7 verra d’abord apparaître une première fenêtre dans Internet Explorer, lui rappelant le rôle du navigateur et le fait que plusieurs logiciels sont disponibles sur le marché. Autre nouveauté : dans la fenêtre de choix, il pourra obtenir des informations supplémentaires sur chaque navigateur, en cliquant sur « En savoir plus ».
Le ballot screen sera proposé aux personnes dont Internet Explorer est le navigateur par défaut. Il devrait permettre d’effectuer un choix parmi les douze logiciels les plus utilisés dans l’Union européenne (selon des mesures qui restent à définir). Les cinq plus populaires seront immédiatement visibles, dans l’ordre alphabétique. Les sept autres le seront en déplaçant un curseur. Chaque éditeur n’aura droit qu’à un seul logiciel, et le contenu du ballot screen sera revu à intervalle régulier.
La proposition de Microsoft serait valable pour cinq ans à compter de sa mise en place. Elle prévoit aussi que, à terme, et notamment avec le prochain Windows 7, les fabricants de PC puissent proposer un autre navigateur qu’Internet Explorer.
Microsoft propose également qu’Internet Explorer fasse partie des éléments pouvant être désactivés dans Windows 7 (voir image ci-contre). Dans ce cas, le navigateur n’est plus actif, son icône disparaît, et le logiciel n’est plus lancé, quelle que soit l’action effectuée, même si aucun autre navigateur n’est installé.
Bruxelles semble satisfait
Dans son communiqué, la Commission européenne dit « accueillir favorablement la proposition de Microsoft », qui a le « potentiel pour donner aux consommateurs européens le choix dans leur façon d’accéder à Internet et de l’utiliser ». Cette proposition pourrait, si elle reçoit un accueil favorable, se transformer en décision.
La commissaire européenne chargée de la concurrence, Neelie Kroes, souhaitait que le dossier soit vite bouclé. Mais un nouveau round de consultation a été finalement décidé, sous la pression de certains éditeurs et associations de consommateurs. Opera s’était ainsi publiquement inquiété d’un accord conclu trop vite avec Microsoft. L’UFC-Que choisir, de son côté, ne cache pas sa déception.
« Nous sommes très déçus de voir que le ballot screen demeure intégré à Internet Explorer et qu’il n’est toujours pas question de le proposer dans une fenêtre indépendante lors du premier démarrage d’une machine neuve. Nous pensons qu’il s’agit du meilleur moment pour que le consommateur fasse un choix et par conséquent qu’il s’agit de la solution la plus à même de corriger les effets des pratiques anticoncurrentielles de Microsoft » commente Edouard Barreiro, chargé de mission au sein de l’assocation de consommateurs.
On attend aussi les réactions d’Opera et de Mozilla, qui avaient déjà émis des inquiétudes sur la façon dont cet écran multichoix serait implémenté dans Windows et sur la place qu’Internet Explorer devrait continuer à occuper au sein du système d’exploitation.
(1) Et non Richmond, comme nous l’avons écrit par erreur.
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