Après une première vague de“soldes” en juin dernier, les prévisions de croissance mondiale et française connaissent un nouveau “coup de balai” depuis quelques jours. Certains ont même décidé d’annoncer avec grand fracas l’avènement d’une récession internationale gravissime. En trois mots : “Tous aux abris !” L’origine de ce catastrophisme tient à une date malheureuse : le 11 septembre 2001. Compte tenu de ce drame, de nombreuses institutions, par la voix de leurs économistes, tablent sur un enlisement du conflit qui produira des effets désastreux et durables sur la confiance des acteurs économiques, avec plongeon des dépenses d’investissement et de consommation à la clé. La référence à la situation économique prévalant au moment de la guerre du Golfe constituant généralement l’ossature de ce scénario apocalyptique. Que faut-il donc penser, objectivement, de cette sombre prévision ? Certes, comme nous l’avons souligné dès le lendemain des attentats du 11 septembre, une menace majeure pèse sur l’économie mondiale en cas de dérapage du conflit géopolitique. La question est alors de savoir comment des économistes peuvent devenir “géopolitologues” en quelques jours pour être sûrs qu’un tel cas de figure est inévitable. Peut-être ont-ils adjoint à leur boule de cristal économique un pendule géopolitique…Soyons donc raisonnables : aucun économiste, voire aucun être humain, n’est aujourd’hui capable de dire comment évoluera la crise actuelle et, donc, quelles en seront les conséquences économiques. Car, n’oublions pas que, en cas de résorption rapide de ce conflit, un regain de confiance exceptionnel pourrait avoir lieu, comme à chaque lendemain de crise. Dans ce cas, la baisse des impôts et des taux d’intérêt, ainsi que la forte hausse des dépenses publiques ne manqueront pas de dynamiser fortement les économies américaine et européenne l’an prochain.
Le pire est loin d’être certain
À cet égard, il faut également souligner que la situation actuelle est très différente de celle de la guerre du Golfe. À l’époque, le taux objectif des fonds fédéraux était de 8 % et avait mis deux ans pour atteindre le niveau actuel. De même, les cours du pétrole flambaient et l’inflation américaine avoisinait les 6 %. En outre, les autorités budgétaires n’avaient pas de marge de man?”uvre, les stocks étaient très élevés et les entreprises connaissaient de sérieuses contraintes de liquidités. Enfin, les États-Unis et l’Europe étaient frappés par une crise immobilière majeure. Autant de situations qui ne sont pas celles qui prévalent aujourd’hui. Pourquoi donc vouloir absolument devenir pessimiste et trancher ses prévisions de croissance économique, alors qu’aucune certitude négative n’existe ?Tout simplement parce que l’optimisme n’est pas “vendeur”, en particulier en France, mais aussi parce qu’à l’instar de ce qui s’était produit au lendemain des crises asiatiques et russes, il est de bon ton pour certaines institutions de noircir la situation économique mondiale pour justifier des résultats financiers en déclin, voire des plans de licenciement. Ne soyons donc pas dupes !En ce qui nous concerne, nous avons la chance de pouvoir réaliser des prévisions économiques en complète indépendance et sans aucun préjugé politique ou financier. Ainsi, s’il est fort probable que les récentes craintes “récessionnistes” perdureront tant que la situation géopolitique internationale ne sera pas éclaircie, à défaut d’être assainie, le scénario d’une reprise économique mondiale en 2002 reste largement crédible. Il pourrait d’ailleurs passer par une recrudescence des dépenses en informatique et en multimédia liées à la sécurité des citoyens et des systèmes dinformation.* Chef économiste de Natexis Banques Populaires
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