Quand débarquent tous les jours de nouveaux projets technologiques ensorcelants, soutenus par des capital-risqueurs hyperactifs, les histoires politiques de cassette (vidéo, ou sonnante et trébuchante) ont, en comparaison, un délicieux goût d’anachronisme. On y fait grand cas de quelques millions de francs de financement occulte pendant que les accords économiques mondiaux se jouent à coups de milliards de dollars ! Bien sûr, les partis doivent être transparents sur leur financement, comme sont censés l’être l’Etat, les entreprises et les collectivités locales. Mais ils devraient peut-être aller au-delà et bouger un peu plus. Tout se passe comme si les politiques n’avaient pas vu le monde changer et qu’ils continuaient de vivre au rythme ancien des jours heureux. C’est probablement un problème de rapport au temps. La vitesse des changements de la nouvelle économie conduit les entreprises à se remettre en cause en permanence, à changer tous les trois ou six mois leur business plan, à modifier leur organisation pour se tourner vers le client, à travailler par équipes de projets avec des réseaux de partenaires. Les politiques, eux, ont besoin de recul, de références, d’institutions, de modèles bien établis. Ils aiment le débat, la discussion, le compromis (au sens noble du terme) ; ils respectent les traditions, la hiérarchie, l’autorité. Pourtant, il ne peut pas y avoir de nouvelle économie sans nouvelle politique. Alors, comment adapter ces grands principes à des évolutions aussi rapides qu’inévitables ? Aujourd’hui, 300 millions d’internautes ; demain (dans trois ans, probablement), 600 millions. Comment faire pour que le politique puisse garder ce nécessaire recul mais que, en même temps, sa vitesse de compréhension et de fonctionnement se calque sur celle du monde qui l’entoure ? Tant qu’on n’aura pas trouvé les bonnes réponses à ces questions, le risque est grand de voir s’agrandir la fracture entre un monde économique dynamique et innovant et un monde politique statique et sclérosé.
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