Si vous vous demandez encore en quoi consiste cette nouvelle économie dont on vous a rebattu les oreilles, il suffit de lire l’ouvrage de Marie-Paule Virard, “ Le roman des grands patrons“, pour prendre conscience de la fin d’une époque au sein des états-majors des entreprises françaises. Et d’assister en direct à la naissance d’une nouvelle ère qui voit le triomphe des normes de rentabilité chères aux financiers anglo-saxons. Elle raconte ces m?”urs d’un autre âge qui conduisaient Raymond H. Lévy, alors patron de Renault, à réserver le tutoiement lors de ses discussions avec ses administrateurs aux seuls diplômés de Polytechnique et de l’école des Mines. Sans oublier le capitalisme dit “de la barbichette “, qui veut que quelques PDG se répartissent les sièges au sein de leurs conseils d’administration. Histoire de rester entre soi au sein de cette société d’entraide mutuelle, qui veille à préserver les intérêts d’une poignée de dirigeants.Une vision a mille lieues du capitalisme version Wall Street, dans lequel votre influence se mesure essentiellement au montant de cash que vous êtes en mesure de mettre sur la table. Les portraits et les anecdotes présents dans ce livre renvoient systématiquement à des événements précis de l’histoire économique récente. À tel point que l’on s’interroge sur le mot “roman” qui figure dans le titre. Loin d’être des personnages de fiction, les héros de cette fresque contemporaine semblent surtout doués pour le théâtre. Il faut lire ainsi les pages consacrées à Jean-Marie Messier ou Bernard Arnault, qui ont fait de la communication et de l’émotion des armes dans les affaires. Mais, réalité bien française, ces deux-là sont issus de l’aristocratie scolaire : Polytechnique ou l’ENA. Ce qui fait dire à l’auteur que dans notre pays, c’est à l’école que, depuis toujours, on devient dirigeant. Un axiome que la nouvelle économie n’a pas encore su remettre en cause.
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