Une campagne de communication d’un genre inédit a lieu à Marseille. Dans le métro et sur les Abribus, les habitants peuvent découvrir des affiches les incitant à dénoncer les actes de piratage. « Signalez les logiciels piratés en toute confidentialité », indique le texte, qui donne ensuite un site Internet et un numéro de téléphone à cet effet.
Pour appuyer le message, les figures sévères d’un magistrat, d’une avocate et d’un policier toisent le passant. Ces « nouveaux amis » attendent tous ceux qui ont oublié de payer les licences de leurs logiciels.
C’est la Business Software Alliance (BSA), une organisation regroupant les principaux éditeurs de logiciels du monde, qui lance cet appel à la délation. Elle a constaté qu’en France 39 % des programmes étaient installés illégalement et estime le manque à gagner à 1,9 milliard d’euros.
Piratage et concurrence déloyale
Plutôt que de relancer une campagne d’envergure nationale, comme elle l’avait fait par le passé, la BSA a choisi de se concentrer sur une seule ville, pour plus d’efficacité.
Ses affiches ne s’adressent pas seulement à l’employé sourcilleux qui pourrait dénoncer son patron. L’alliance espère aussi profiter de la concurrence que se livrent les sociétés de la région pour obtenir les noms des fraudeurs.
« Ce sont bien les entreprises elles-mêmes, en plus des éditeurs de logiciels, qui se plaignent souvent du piratage, puisque cela conduit à une concurrence déloyale. Elles le constatent lors d’appels d’offres, par exemple, où elles voient que leurs devis sont bien plus chers que ceux de leurs concurrents. C’est souvent parce que les coûts des logiciels professionnels ne sont pas comptabilisés, les licences n’ayant pas été payées », explique un porte-parole de la BSA.
Quel est le sort réservé aux fraudeurs ? Ils devront se mettre en conformité avec la loi en achetant les licences des logiciels utilisés et s’acquitter de dédommagements. La BSA souligne aussi que le piratage peut nuire à la réputation des sociétés en infraction. Sans cependant se poser la question des répercussions de cette campagne sur sa propre image auprès du grand public, qui sera vraisemblablement peu réceptif à son appel.
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