La révolution que mène Free ne concerne pas seulement l’équipement qu’il place dans les foyers ; elle remet également en cause toute sa politique tarifaire. En clair, le triple play à 30€ n’existe plus…
Lors du lancement de l’offre Révolution, Xavier Niel assurait qu’il resterait fidèle aux 29,99 euros, le tarif historique qui a rendu Free si populaire durant ces cinq dernières années. Mais lorsqu’on se penche sur la nouvelle grille de tarifs du FAI, on se rend rapidement compte que ce prix ne concerne plus qu’un petit nombre d’abonnés, et surtout, qu’il a beaucoup perdu de sa substance…
La Révolution au prix fort
Nouveaux ou anciens, les abonnés situés en zone dégroupée ou éligibles à la fibre souhaitant passer à l’offre Révolution devront payer chaque mois 5,99 euros supplémentaires au titre des frais de boucle locale. Le prix à payer sera donc de 35,98 euros. Et encore, pour du double play seulement. Lorsqu’il annonçait les détails tarifaires de sa nouvelle offre en décembre, le patron de Free n’avait pas encore tenu compte de l’augmentation de TVA censée toucher quelques semaines plus tard tous les forfaits télécoms intégrant une composante TV. Lorsqu’on lui demandait comment cette hausse serait appliquée, il avait promis une solution “ intelligente, et un peu casse-pieds ”. Promesse tenue. La hausse de la TVA ne s’applique qu’à la partie TV ? Soit, la télé sera désormais proposée sous la forme d’une option à 1,99 euros. Comme un pied de nez au gouvernement, Free estime que la part de la télévision dans son offre triple play ne sera plus désormais que de 6 % contre 50 % jusqu’à présent, ce qui lui permettait d’appliquer un taux de TVA de 5,5 % sur la moitié du forfait. Mais comme le triple play n’est qu’un principe commercial, sans valeur légale, il est aujourd’hui impossible d’exiger de Free ou de tout autre opérateur de fixer la part exacte de l’accès Internet, de la téléphonie et de la télévision dans le prix global d’une offre. Pour bénéficier d’une formule triple play avec le nouvel équipement de Free en zone dégroupée ou via la fibre, il faudra donc désormais débourser 37,97 euros par mois.Les abonnés non dégroupés sont certainement les plus lésés par ces changements tarifaires. Alors qu’ils payaient déjà le même prix que les abonnés dégroupés, mais sans pouvoir recevoir la télévision, ils vont voir leur facture subir une augmentation de près de 20 %. Soit 35,98 euros au lieu de 29,99 euros. Et sans même bénéficier de la Freebox Révolution, réservée aux clients dégroupés. Petite consolation, les nouveaux clients en zone non dégroupée profiteront eux aussi des appels illimités vers les mobiles, et recevront la Freebox V5 (et non plus la V4). Ils resteront privés de télévision par ADSL, faute de débit, mais le décodeur HD leur permettra de recevoir les chaînes de la TNT, d’enregistrer des programmes, et de bénéficier des fonctions Media Center du boîtier.Les bouleversements opérés par Free mettent en lumière de nouvelles orientations économiques, disons, plus terre à terre. Bien moins rentables que ses abonnés dégroupés, les non-dégroupés sont les plus touchés par l’augmentation des tarifs de près de 20 %. Une stratégie par conséquent davantage tournée vers les finances à la veille de faire son entrée sur un marché extrêmement coûteux en termes d’investissements : celui de la téléphonie mobile en 2012… dont il veut, qui plus est, casser les prix. Déjà, il vient de mettre l’eau à la bouche des Français, en offrant le premier à la plupart de ses abonnés les appels illimités vers les mobiles. Et en forçant les autres opérateurs à s’aligner, une fois de plus.