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A la tête des PME, on traîne encore des pieds

Mieux vaut tard… Les dirigeants français de petites structures se mettent enfin aux nouvelles technologies. Sans entrain.

Selon l’étude Nouvelles technologies et internet, rendue publique par BNP-Paribas Lease Group en janvier dernier, 76 % des patrons de PME françaises disposant d’un ordinateur de bureau sont connectés à internet. Pas si mal. Mais loin derrière l’Allemagne, dont 84 % des patrons sont connectés. De même, 45 % des PME hexagonales possèdent un site web, contre 60 % des entreprises de moins de 200 salariés installées outre-Rhin. La France est en retard, mais en a pris conscience : 29 % des investissements des PME françaises ont été consacrés aux nouvelles technologies en 2001, le plus fort score des 4 pays étudiés (Allemagne, Espagne, Italie et France).Une marche forcée vers l’“internétisation” qui ne se fait pas toujours dans l’enthousiasme : “Les patrons de PME sont encore très sceptiques vis-à-vis des nouvelles technologies, constate Philippe Ausseur, associé chez Ernst & Young en charge de l’e-business sur le secteur PME-PMI. La mise en place de sites web et de progiciels de gestion intégrés devient naturelle, mais intranets et extranets, de même que le commerce électronique, commencent tout juste à être envisagés.” Et certains n’en sont même pas là : “J’ai rencontré des dirigeants qui craignent encore que l’implantation de la messagerie ne désorganise le fonctionnement de leur entreprise, l’information n’étant plus contrôlée exclusivement par eux.” Au final, ce sont d’abord les sous-traitants des grands comptes qui, sous la pression de leurs donneurs d’ordres, s’équipent et se forment. “Sans contrainte de marché, sans menace de la concurrence, la plupart des patrons ne se lanceraient pas dans la société de l’information”, confirme Alain Foret, membre du bureau national du Centre des jeunes dirigeants (CJD). Pour convaincre les irrésolus, chambres de commerces, conseils régionaux et Directions régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environnement (Drire) mènent depuis plusieurs années des actions d’évangélisation, à l’image du Centre des technologies nouvelles ( www.ctn.asso.fr) qui organise depuis 1996, en partenariat avec la Drire de Normandie, des actions de sensibilisation et de coaching de patrons de PME sur des projets technologiques.C’est la même démarche qu’a entreprise le CJD entre l’automne 2000 et l’été 2001 : 140 patrons de PME ont été suivis par des délégués régionaux. Bilan : “La réussite des projets technologiques dépend de l’implication personnelle des entrepreneurs et, surtout, de l’intégration de la composante technologique dans une réflexion stratégique globale, estime Alain Foret, en charge du programme. Or, bon nombre de dirigeants ne savent toujours pas par quel bout prendre les nouvelles technologies.” Pour “acculturer” les patrons, le CJD a publié sur son intranet les 140 cas d’entreprises, base de données devant permettre, notamment, des échanges d’expériences entre entrepreneurs. Pour Alain Foret, il y a urgence à agir : “Il ne faut surtout pas laisser l’attentisme sinstaller chez les patrons : les nouvelles technologies sont source de gains pour les PME, et parfois la condition de leur survie.”

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Sophie Janvier-Godat