Plus décideurs qu’informaticiens, ces DSI-là doivent savoir maîtriser des projets complexes, de dimension internationale, et intimement liés à la stratégie de leur entreprise.
Dans un contexte d’entreprise multinationale, les directeurs informatiques se muent en DSI et, parfois, en directeurs de l’organisation et des systèmes d’information (Dosi). Une évolution qui montre leur capacité à gérer des projets stratégiques, complexes, multinationaux et à fort impact organisationnel. Ils doivent connaître les concurrents de leur entreprise ?” leur métier et leur informatique ?”, mais aussi savoir gérer acquisitions et projets multilingues.
Des budgets extraordinaires et des armées d’informaticiens Bertrand Kientz, de JC Decaux, et Daniel Zamparini, de PSA, sont de ceux-là. Seuls quelques-uns se reconnaîtront dans ces deux hommes, qui touchent à des cultures disparates et manient des budgets extraordinaires, ainsi que des équipes informatiques réparties sur les cinq continents.Ils doivent gérer de nombreux projets simultanément, en identifiant et en suivant particulièrement ceux qui sont stratégiques. Qu’il s’agisse du bâtiment, de l’automobile, des cosmétiques ou de la plupart des industries, ces Dosi doivent plus que jamais prouver l’efficacité et la rentabilité des technologies qu’ils proposent.
Bertrand Kientz (JC Decaux): ” Normaliser, tout en préservant la différence des filiales “ Coté en Bourse, acteur international de l’affichage publicitaire extérieur, disposant de cent quinze agences et filiales, JC Decaux, l’inventeur de l’abribus, s’est trouvé pendant dix-huit mois sans direction informatique. Arrivé pour combler ce manque en mai 2001, Bertrand Kientz doit s’atteler à un travail inhabituel. Il s’agit en premier lieu de remotiver une troupe de cent quarante informaticiens ?” une centaine en France, et le reste réparti dans des filiales à l’étranger. Objectif : industrialiser les méthodes de développement, tout en laissant une certaine autonomie aux cent quinze agences françaises et antennes étrangères.
” J’ai travaillé pendant dix-sept ans à Air France. Et, lors d’importants projets internationaux menés dans le secteur aérien, j’ai retenu des recettes pour gérer une équipe informatique. “ A très court terme, Bertrand Kientz doit créer une méthode davantage basée sur la collaboration avec les métiers non informatiques de l’entreprise. Il faudra ainsi repenser tout le logiciel du c?”ur du métier à travers la refonte complète des applications frontales et la généralisation d’Oracle Applications, acquis voilà deux ans.
Autre chantier crucial : la normalisation des processus de l’entreprise. Difficile. D’autant que les attentes diffèrent selon les filiales. Celles d’Europe du Sud, par exemple, penchent pour une centralisation, tandis que les filiales anglo-saxonnes entendent conserver une autonomie forte. ” Il faut ménager ces dernières, car elles constituent une tête de pont technologique pour JC Decaux, précise Bertrand Kientz. En tant que DSI, je dois donc associer une logique de fédération et une logique de standardisation entre systèmes “corporate” et systèmes locaux. “ Bertrand Kientz met donc un point d’honneur à donner une visibilité permanente sur les investissements importants en systèmes d’information. ” A l’heure actuelle, la plupart des entreprises freinent leurs investissements informatiques. Dans ce contexte, je me sens particulièrement responsable de chaque euro investi dans l’informatique de l’entreprise. C’est une question de devoir de transparence. “
Son parcours
Daniel Zamparini (PSA Peugeot Citroën): ” Nous menons plus de trois cents projets par an “ Daniel Zamparini, cinquante ans, dirige une légion de deux mille informaticiens, dont trois cents à l’international, à laquelle s’ajoute l’équivalent de mille personnes à temps plein chez les intégrateurs et sous-traitants de PSA Peugeot Citroën. Il faut dire qu’il conduit des projets prestigieux : participation à la branche européenne de Covisint ?” la plus grande place de marché électronique du secteur automobile ?”, ouverture d’un portail collaboratif doté d’outils de maquette numérique, mise en place du progiciel de gestion intégré SAP R/3… Son budget donnerait le vertige à beaucoup d’autres directeurs informatiques : 3 milliards de francs par an.
Mais pas question de dépenser de trop. ” L’informatique pèse près de 1 000 francs par voiture. Contre 1 200 francs ?” et plus ?” chez des constructeurs automobiles concurrents, se félicite Daniel Zamparini. Depuis quatre ans, nous avons sorti neuf nouveaux modèles. Dans les quatre années qui viennent, il y en aura vingt-cinq supplémentaires. Mais nos coûts informatiques, eux, ne seront pas multipliés par trois…” Pourtant, les défis sont titanesques. L’informatique est au centre de l’objectif de réduction de trente-six à vingt-quatre mois du cycle de conception d’un véhicule. Il faut en outre adapter les systèmes d’information des usines pour qu’elles tournent en permanence, proposer de nouveaux services dans les véhicules pour vendre davantage une ” fonction “ qu’une ” possession “ , accompagner les marques sur internet. Comment le DSI s’y prend-il pour gérer plus de trois cents projets de développement par an ? ” Pendant neuf mois, avant de prendre mes responsabilités opérationnelles, j’ai fait le tour de l’amont technico-industriel, de la fabrication, des marques, des autres directions du groupe…” De quoi jauger les priorités de chaque direction. Ensuite ? ” J’ai acquis des responsabilités à la fois verticales et horizontales. Je me sens autant informaticien que business man. “ Et de s’émerveiller comme un enfant avec ses Lego : ” Avec le projet Meeting ou dans le cadre de Covisint, un fournisseur pourra participer à la conception depuis son domicile. Jusqu’à présent, il fallait qu’il soit physiquement chez nous. “
Biographie
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