Le satellite de télécommunication Konnect d’Eutelsat s’élancera depuis Kourou à bord d’une fusée Ariane 5 à la mi-janvier, afin de connecter l’Europe de l’Ouest et l’Afrique. Nous avons pu l’approcher dans une salle blanche à Cannes avant son départ pour la Guyane.
Une carrure hors norme
Sa carrure est impressionnante avec ses 35 mètres d’envergure et ses 3,5 tonnes. C’est même le plus grand satellite jamais construit par Thales Alenia Space. Il est tellement imposant que seul l’un des plus gros avions au monde, une nouveau modèle de transporteur Antonov, a pu le transférer dans les airs jusqu’en Guyane. Mais avant de décoller depuis le tarmac de Nice, il a fallu aménager son itinéraire sur route. « Nous avons fait modifier le péage d’Antibes et avons obtenu de le convoyer la nuit, autoroute fermée », nous explique Pascal Homsy, vice-président des activités de télécommunications de Thales Alenia Space.
De l’intérêt d’une propulsion électrique
C’est aussi le premier né d’une nouvelle génération de satellites fonctionnant avec une plate-forme 100% électrique : Spacebus NEO, développée avec le soutien financier de l’ESA (Agence spatiale européenne) et du CNES (Centre national d’études spatiales). La propulsion va se faire entièrement de façon électrique, alors qu’elle était jusque-là chimique. Le résultat, c’est moins de produits polluants et davantage de place pour embarquer plus de capacité et d’équipements électroniques. « Cela a permis de réduire le poids du satellite et de faire baisser le coût de lancement » , témoigne le directeur technique d’Eutelsat Yohann Leroy.
Les 65 faisceaux de Konnect sont également plus flexibles que ceux des générations précédentes. « Nous pouvons enfin mettre de la capacité là où il y a de la demande », témoigne encore Yohann Leroy. S’il y a beaucoup de demandes sur un faisceau, on peut aussitôt lui allouer davantage de capacité en réduisant celle d’un autre moins sollicité.
Aussi, lorsque le futur satellite Konnect VHTS sera lancé en 2021, Konnect cessera d’émettre à destination de l’Europe et se focalisera entièrement sur l’Afrique. Une souplesse qui manquait cruellement aux satellites précédents. Ka-Sat, par exemple, ne pouvait pas réallouer ce qui était inutilisé en l’Europe de l’Est à destination de l’Europe de l’Ouest, pourtant saturée.
L’ombre des constellations de satellites en orbite basse
Au final, Konnect va permettre de faire baisser le coût au Gbit/s de la technologie. L’idée, c’est de pouvoir rivaliser un jour avec celui de la fibre optique. Mais Eutelsat a également en ligne de mire les constellations de satellites en orbite basse, comme Starlink. « Le coût par Gbit/s avec les constellations sera deux à trois plus élevé. Tout simplement parce qu’elles seront obligées de lancer énormément de satellites pour couvrir toute la planète et qu’elles vont maintenir de la capacité partout, y compris là où il n’y aura pas de service à rendre », fait observer Yohann Leroy. Eutelsat compte donc prouver l’intérêt de continuer à utiliser des satellites géostationnaires pour connecter la planète. Et mise aussi sur son prochain satellite Konnect VHTS, à la capacité encore supérieure, pour faire la différence.
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