A l’heure où la RATP inaugure la station entièrement automatisée Olympiades, sur la ligne 14, à Paris, l’usager du métro s’interroge. Les agents de la Régie autonome des transports parisiens vont-ils connaître le même sort que le
Poinçonneur des Lilas ?La question est posée avec la fermeture programmée d’ici à 2010 des guichets de vente actuellement en activité dans le métro parisien. A terme, seuls 50 guichets sur les 400 devraient rester ouverts, essentiellement dans des
stations à forte fréquentation touristique. Les 350 autres points de vente seront rebaptisés ‘ comptoirs d’information ‘ et seront remplacés par des distributeurs automatiques de titres de transport. La tendance est la
même dans le RER, où sur les 65 gares concernées, 23 seulement devraient conserver leurs guichets en l’état.
Une évolution à marche forcée
Après une phase
d’expérimentation menée en 2005, cette mutation technologique est désormais menée à marche forcée. ‘ Nous avons procédé, après concertation avec les
organisations syndicales, à une requalification de la fonction d’agent ‘, indique la RATP. Au lieu de vendre des billets, les agents ont désormais pour mission d’assister les usagers qui ne comprennent pas forcément comment
fonctionne un distributeur automatique. Ils conservent parallèlement la responsabilité de la gestion de leur station et sont présents sur place du premier jusqu’au dernier métro.Cette nouvelle fonction laisse perplexes certains usagers. ‘ Nous avons des témoignages d’adhérents qui voient des agents qui s’ennuient derrière leur vitre et ils se demandent ce qu’ils vont
devenir ‘, explique Marc Pélissier, secrétaire général de l’AUT (Association des usagers des transports).Cette obligation qui est faite aux usagers d’acheter désormais leur titre de transport à des machines passe mal. Si elle peut avoir pour effet de fragiliser certaines populations déjà vulnérables (personnes âgées, réfractaires à
l’informatique ou illettrées, ressortissants étrangers…), cette nouvelle posture technologique pose également plusieurs questions.‘ Que se passe-t-il pour les gens qui avaient l’habitude de payer leur carte Orange par chèque ? s’interroge Marc Pélissier. Sur ce point la RATP nous a répondu que cela ne concernait que
1 % des usagers, et que les personnes visées n’auraient qu’à se rendre dans une station toujours équipée de guichets ou qu’à acheter leur titre de transport auprès d’un buraliste. ‘
‘ Cela complique les
choses, constate l’association qui s’étonne par ailleurs de cet empressement à vouloir changer les choses de manière brutale. ‘
La fiabilité des distributeurs automatiques en question
De plus, poursuit Marc Pélissier, ‘ les distributeurs automatiques actuellement déployés ne sont pas d’une fiabilité à toute épreuve, et quand cela marche il y a parfois des problèmes de rendu de
monnaie ! ‘ Sur ce point, l’association, dont un représentant siège au Conseil d’administration de la RATP, a demandé que les pannes constatées soient réparées dans des délais beaucoup plus brefs qu’actuellement. De son
côté, la RATP indique qu’elle travaille au remplacement du parc actuel de distributeurs par des modèles dotés ‘ d’une nouvelle ergonomie ‘.Pour le Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France), qui est l’un des principaux soutiens financiers du transport public à Paris, la politique du ‘ tout-télébilletique ‘ de la RATP ne va
pas sans heurt, à tel point que selon nos informations le président du Stif, Jean-Paul Huchon, également président du Conseil régional d’Ile-de-France, aurait demandé à la régie un moratoire sur ce dossier.La RATP déclare mener des ‘ enquêtes post-installation ‘
sur les comptoirs d’information qui remplacent progressivement les guichets de vente, ‘ 90% des usagers
seraient satisfaits de l’accueil et de la qualité de l’aide qui leur est apportée par les agents ‘. Alors jusqu’où ira la politique de dématérialisation menée aujourd’hui ? ‘ Très certainement
jusqu’à la disparition pure et simple de tous les titres de transport papier, indique l’AUT, car la RATP souhaite depuis longtemps se débarrasser des validateurs automatiques qui lui coûtent trop cher en
maintenance. ‘Quoi qu’il en soit, le coupon de carte Orange tel que le nous le connaissons aujourd’hui vit peut-être ses derniers instants. Selon la RATP, il devrait être remplacé par une version de type Navigo dès 2008. Reste à savoir si ces
évolutions technologiques seront du goût des usagers.
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