Dans Duels sans interdits, intellectuels et politiques débattent des problèmes de l’heure. En matière économique, l’échange se fait entre Daniel Cohen et Laurent Fabius. Échange poli et, en pratique, assez peu conflictuel. Même quand Daniel Cohen rappelle que l’économie n’a jamais évolué vers une disparition du travail et souligne le caractère fallacieux des discours alarmistes sur la construction d’une société à deux vitesses courant à sa perte du fait d’un chômage de masse irréductible.En effet, Laurent Fabius est d’accord avec lui pour défendre l’idée que le travail change mais ne disparaît pas et pour affirmer qu’il est le mode de vie naturel de l’espèce humaine. À le lire, on comprend bien que la réduction brutale et politique du temps de travail fondée sur une vision arithmétique et statique du nombre d’heures travaillées dans un pays donné ?” la France par exemple ?” n’est pas ce qui l’enthousiasme le plus…Ce qui se dégage de ce court dialogue, ce sont deux convictions assez clairement exprimées par les deux débatteurs : selon la première, les nouvelles technologies, que ce soient celles de l’information ou celles issues de la biologie, vont, comme en leur temps l’électricité ou la vapeur, enclencher un cycle de croissance, dont les États-Unis ont donné un exemple dans les années quatre-vingt-dix et que l’Europe peut espérer connaître bientôt, par-delà les aléas conjoncturels actuels ; d’après la seconde, la politique économique reste un élément déterminant de l’expression des potentialités d’une économie. Une mauvaise combinaison entre la politique budgétaire et la politique monétaire, une fragilité du change, et les retards d’investissement qui en découlent conduisent à des ralentissements de croissance qui peuvent être durables. Conclusion immédiate et pratique des deux protagonistes : vive l’euro et vive les NTIC…
*professeur à l’ESCP-EAP
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