Au quotidien, il y a des tas de manières de marquer sa différence et sa supposée supériorité sur ses contemporains. Vous ne parlez pas à celui qui vous adresse la parole, vous regardez ostensiblement par-dessus l’épaule de celui qui vous sourit, etc. C’est vieux comme l’humanité, je ne vais pas me lamenter. Mais que nous refilions cette sale habitude à nos machines, là c’est trop.Prenons au hasard un CD-ROM professionnel, celui des pagespro de France Télécom par exemple. A votre avis, il fonctionne sur quels micros ? Eh oui ! les PC et rien que les PC. Les entreprises équipées en Linux ou Mac OS ont beau protester, personne n’a eu l’idée de les écouter. Le couple Wintel peut s’en féliciter, pas nous.Sur Internet, ça vire carrément au cauchemar ces histoires de ségrégation technique. Pas au niveau des pages d’accueil, mais pour aller au-delà. La chanson est bien aigre pour les minoritaires de l’OS. Vous voulez un exemple ? J’en ai un savoureux : le site de la fête de l’Internet, une excellente initiative chaperonnée par le ministère de la Culture et de la Communication.L’événement, sympathique en diable, vante les joies et les plaisirs du Net auprès de tous les citoyens, sans exclusive. Intrigué par ce qu’ils concoctent pour 2001, je m’y rends d’un clic. Jusqu’à la page d’accueil, pas de souci. Sans PC, laissez tomber pour la suite ! Les infos sont accessibles sous une très belle forme ?” des arbres colorés, vous pensez comme c’est chouette ! ?”, mais elle suppose d’utiliser la visionneuse Umap de Trivium.Faisant d’un mail part de mon étonnement, j’ai eu la surprise d’avoir une réponse indirecte de l’équipe de développement. Apprenant que j’étais sur Macintosh, elle me suggéra d’acheter Virtual PC, c’est-à-dire d’installer une version virtuelle du système d’exploitation Windows sur mon Mac. Une idée à 1500 balles (ttc, je vous rassure) qui entre directement dans mon top 10 des réponses nazes non pas techniquement (c’est tout-à-fait faisable) mais pratiquement (comme se gratter l’oreille droite avec la main gauche).Bon, le choix technique est expliqué, mais pas justifié, par le fait que Trivium a offert sa technologie au site. Mais que personne dans l’équipe technique n’ait remarqué que son adoption interdisait l’accès à tous les Unixiens, Linuxiens, Beiens, etc. de France et de Navarre me coupe la chique. Cette fête nationale de l’Internet, ça va devenir la fête des Microsoftiens à ce rythme.Allez, je me calme ! Une version Java, normalement ouverte à tous, devrait être en ligne courant décembre. Je tiens à remercier la responsable du site d’avoir su réagir intelligemment pour mettre fin à la ségrégation. N’empêche, le plus choquant dans cette histoire, somme toute assez banale, c’est que les commanditaires gouvernementaux n’ont rien vu d’anormal dans cette exclusion des minorités informatiques. A croire que nous sommes plus égaux devant les impôts que devant l’écran.
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