Comme de nombreux spécialistes du cycle, Trek est arrivé dans le domaine des cargos électriques avec un peu de retard, mais surtout beaucoup d’opportunisme. La fabricant, davantage connu pour ses VTT et ses vélos de randonnée, ne souhaite pas passer à côté de cette tendance majeure. En conséquence, il a développé non pas un mais deux modèles de cargo, nommés Fetch +2 et Fetch +4. C’est le premier des deux, au format longtail que nous avons choisi de tester.
Un cargo court sur roues
Le Fetch +2 est donc un cargo allongé, soit la forme la plus en vogue du moment. Esthétiquement, le modèle de Trek est assez original et, disons-le franchement, vraiment joli. Mais ce qui frappe tout autant que ses jolies formes, ce sont ses dimensions. Le Fetch +2 donne l’impression d’être à peine plus long qu’un VAE urbain classique. C’est le cas. Les concepteurs du cargo de Trek ont voulu pour leur bébé un empattement le plus réduit possible. Cela passe par une géométrie assez particulière, nous y reviendrons, mais aussi par certains choix d’équipement, à commencer par les très petites roues de 20 pouces. Si vous avez la même taille de roues que votre fille de 6 ans sur son vélo, n’ayez crainte, tout est sous contrôle.
De manière générale, la qualité de fabrication est impeccable. Trek est particulièrement reconnu sur ce point et n’a pas raté l’occasion de justifier sa réputation sur sa première réalisation chez les cargos. Surtout, le fabricant à ajouté à son cadre quelques éléments qui relèvent de la malice, mais qui s’avèrent particulièrement utiles. Ainsi, les deux « trapèzes » que forme le cadre au niveau de la roue avant et juste au-dessus du moteur servent aussi bien à une meilleure préhension du vélo que pour l’attacher facilement, ce qui est souvent plus pénible lorsqu’on roule en cargo.
Au rang des franches réussites, il convient également de souligner la belle intégration de la batterie. Celle-ci se dissimule dans le tube principal, mais Trek a développé un petit accessoire qui facilite sa préhension lorsqu’on souhaite la retirer, évitant ainsi de la faire tomber. Enfin, et c’est peut-être l’essentiel, tout semble avoir été pensé pour rendre l’utilisation du Fetch +2 la plus facile possible. Cela va de l’enjambement très bas au choix de la béquille. Nous regretterons seulement que Trek n’ait pas jugé utile de doter son cargo d’une tige de selle télescopique, un accessoire indispensable selon nous, surtout si le vélo est amené à passer entre plusieurs mains.
Lire : les meillerus vélos électriques à moins de 1 500 euros
Équipement et accessoires
Passons à présent à la partie un peu plus fâcheuse. Le Fetch +2 est vendu nu comme un ver. Le futur propriétaire devra remettre la main au porte-monnaie, que ce soit pour la barre de protection à l’arrière (300 euros), les banquettes pour les enfants et même pour les garde-boues (60 euros). C’est évidemment sans compter sur l’éventuel besoin d’ajouter à ces options indispensables d’éventuelles sacoches ou un porte-bagages à l’avant. Qu’un cargo soit un gouffre financier en termes d’accessoires, c’est une chose, que ce même cargo ne propose pas un kit de base en est une autre, surtout lorsque ce dernier est facturé 5 000 euros. En d’autres termes, si vous souhaitez équiper le Fetch +2 d’un minimum d’accessoires utiles, il vous en coûtera environ 500 euros de plus. La pilule pourrait sans doute être plus facile à avaler si la partie arrière du Fetch +2 ne souffrait pas de quelques défauts que nous qualifierons de jeunesse. Un exemple : le système de fixation des fameuses banquettes repose sur quatre vis qui sont difficilement accessibles une fois la barre de protection fixée. Or, un utilisateur de cargo sait à quel point il est important que son vélo soit adaptable rapidement et facilement. Dans le cas du longtail de Trek, il faut de longues minutes pour retirer les banquettes et installer une caisse par exemple et autant de temps perdu pour remettre les sièges des enfants une fois les courses rangées.
C’est d’autant plus dommage que, sur la partie mécanique, Trek a fait un sans-faute. Le système de transmission Shimano Deore M4100 à 10 vitesses ou encore les freins à disques hydrauliques Tektro (180 mm) nous ont paru tout à fait adaptés. Enfin, mention spéciale pour la béquille du Fetch +2 qui rajoute certes quelques grammes à l’ensemble, mais qui stabilise parfaitement le vélo, ce qui n’est pas le cas de tous les cargos. Résultat : les enfants peuvent s’amuser à grimper seuls à l’arrière, sans risque de faire basculer le vélo. Le poids total atteint 31 kg ce qui est certes lourd, mais pas exagéré pour un cycle capable d’en porter 200.
Performances et assistance
L’un des arguments majeurs du Fetch +2, c’est assurément sa motorisation. Pour son premier cargo, Trek a choisi la référence du moment avec Bosch et son moteur spécifique : le Performance Line Cargo. Celui-ci est associé à une batterie Powertube 500, qui n’est pas ce que l’accessoiriste allemand a de mieux en stock, mais qui pourrait suffire selon le type d’utilisation souhaité. Enfin, pour contrôler le système, Trek a opté pour une solution assez originale. Pas la peine de chercher un afficheur sur le Fetch +2, c’est le SmartphoneGrip de Bosch qui a été choisi, faisant ainsi de votre smartphone l’interface privilégiée pour la navigation, mais aussi pour disposer des informations essentielles telles que la vitesse ou encore l’autonomie restante. Petit plus non négligeable du support maison : il recharge le téléphone par induction en allant puiser l’énergie du côté de l’accumulateur de 500 Wh.
Rassurez-vous, le smartphone n’est pas le seul moyen de commander la partie électrique du vélo. La fameuse LED Remote de Bosch est également de la partie. Cette petite gâchette pourvue de LED permet de passer d’un mode d’assistance à l’autre et d’avoir un aperçu assez grossier du niveau de sa batterie. Là encore, l’utilisation du smartphone n’est pas indispensable et il nous est régulièrement arrivé lors de notre test de laisser notre téléphone dans la poche. En effet, dans la mesure où la navigation n’est pas nécessaire et que la batterie a été chargée, le recours aux statistiques de roulage est dispensable.
Au niveau de l’assistance, la motorisation Bosch fait, comme à son habitude, le nécessaire. Néanmoins, le poids conséquent du longtail ainsi que ses petites roues ont une conséquence assez fâcheuse. En mode éco et Tour, le Fetch +2 peut parfois donner l’impression d’être sous-motorisé et demande au cycliste d’appuyer un peu plus sur les pédales. À l’inverse, le mode Turbo donne l’illusion d’avoir ajouté deux turbines à l’arrière tant il entraine le vélo avec aisance. Entre les deux, il n’y a pas grand-chose. Fort heureusement, le mode auto permet d’aller un peu au-delà des performances du mode Tour, même s’il demande lui aussi un certain effort de la part du cycliste. Pour notre part, c’est l’une des premières fois que nous avons ressenti un tel niveau d’écart d’un mode à l’autre sur un VAE équipé par Bosch.
Le Trek Fetch +2 sur la route, ça donne quoi ?
En conduite, le longtail de Trek a les défauts de ses qualités. C’est-à-dire que ce qui peut apparaître par moment comme un avantage est aussi ce qui le limitera le plus souvent dans ses performances. L’exemple le plus frappant concerne le choix des petites roues de 20 pouces. Il n’y a pas de consensus des fabricants de cargo sur la bonne taille de roue à adopter. Certains, comme Trek, se contentent du minimum, d’autres optent pour des roues plus proches de celles d’un vélo classique et d’autres encore vont jusqu’à doter leur longtail de deux tailles de roues différentes. Si Trek a opté pour le 20 pouces, c’est assurément pour l’aspect pratique, le fait qu’elles limitent la longueur du cargo, mais aussi pour la maniabilité. Des choix qui peuvent s’entendre, donc. Mais les petites roues ont aussi des désavantages : il est difficile d’atteindre des vitesses « élevées » sur des roues de vélos d’enfant. Passe encore. Ce qui est plus gênant en revanche, c’est la tendance du guidon à trembler légèrement lorsqu’on lâche une main pour indiquer un changement de direction, par exemple. Ainsi s’il ne serait pas exact de parler de perte de stabilité, disons tout de même que la monte en 20 pouces ne donne pas l’assurance de roues de plus grande taille.
Là encore, c’est l’usage souhaité par Trek pour son cargo qui semble avoir dicté les choix d’équipement du vélo. Si l’option choisie a du sens, il n’en demeure pas moins qu’elle limite la polyvalence du longtail. Pour le reste, le Fetch +2 est un vélo cargo électrique agréable et confortable, très simple à prendre en main grâce notamment à son empattement réduit. En conséquence, il répond parfaitement à la mission que lui a fixé son fabricant.
Autonomie : vrai point faible ou faux débat ?
Voilà sans doute l’une des véritables faiblesses du Fetch +2. Son autonomie est particulièrement limitée. En mode Turbo, celui qui sera sans doute le plus utilisé tant il permet de jouer avec le vélo, il faut compter un maximum de 30 km… à vide. Lors de notre utilisation en mode auto, nous avons obtenu une meilleure autonomie qu’en mode Tour. La raison vient sans doute de notre propension à pédaler relativement fort et ainsi à solliciter un peu moins le moteur. Pourtant, même en fournissant les efforts nécessaires, l’autonomie peine à grimper.
Mais est-ce vraiment une limite du longtail de Trek ou un choix délibéré ? Comprenons-nous, que ce soit dans sa fiche technique ou dans certains choix apparait en filigrane une volonté de faire du Fetch +2 un cargo minimaliste, idéal pour les petits trajets. Compact, dynamique, facile à manœuvrer, celui-ci n’a pas vocation nécessairement à voyager longtemps. D’ailleurs un longtail doit-il être capable d’avaler les kilomètres comme un spécialiste du vélotaf ? Qui d’autre qu’un testeur un peu fou s’embarquerait avec deux enfants, pesant une quarantaine de kilos en cumulé, à l’arrière pour un trajet de 40 km, afin de vérifier les capacités routières d’un cargo ? L’histoire raconte que notre vaillant héros a survécu à l’épreuve, que le mode “Auto” et quelques bons coups de pédale lui ont permis de boucler le parcours avec 1 km d’autonomie restante et que les deux petites furies à l’arrière ont apprécié la balade.
On peut donc reprocher à Trek de ne pas avoir opté pour une batterie de 625 Wh ou même 750 Wh, toutes deux disponibles au catalogue de Bosch, mais le choix de cette « petite » batterie colle parfaitement à l’esprit de ce cargo et, disons-le franchement, suffira largement à la très grande majorité des usages.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.