La société Alten, introduite en Bourse début 1999 (IT CAC 50), est une société d’ingénierie et de conseil en technologie, dont les clients sont les laboratoires de recherche et développement des grands groupes industriels, notamment dans le monde des télécoms. Avec un chiffre d’affaires de 290 millions de francs (clos au 31 mars 2000), la croissance du groupe accuse un léger fléchissement : 41 % au premier trimestre 2000, contre 60 % de 1998 à 1999. Le responsable ? La pénurie d’ingénieurs. La solution ? Adopter un mode de management original, adapté à la fois aux contraintes de la régie et à la culture de l’ingénieur.
La fameuse Net économie, dont on parle tant, fait-elle évoluer votre métier de consultant en technologie ?
Nous allons être de plus en plus amenés à mettre en place des équipes d’ingénieurs chez nos clients. En France, les laboratoires ont compris l’avantage de ce mode de délégation, qui s’inscrit dans leur logique de réduction des cycles de R&D. Nous répondons à cette demande en développant une culture d’entreprise forte et en cherchant avant tout à développer une croissance organique.
Quelle est, dans ce contexte, votre stratégie de recrutement ?
Nous visons essentiellement les grandes écoles, et nous recrutons 20 % de débutants. Ceux-ci, déjà armés par leurs stages obligatoires en entreprise, sont quasiment opérationnels. Quant à la majorité de nos recrues (80 %), ils ont entre un et cinq ans d’expérience. Certes, nous sommes aussi tributaires de la pénurie caractérisée d’ingénieurs. Mais je pense que nous avons un peu moins de mal à recruter des ingénieurs de métier que dans le domaine de l’informatique pure et dure. Nous consacrons 2 % de notre CA à la formation de nos salariés.
Comment faites-vous pour remédier au fort turnover de la profession ?
Toute la difficulté pour nous est de développer un sentiment d’appartenance à notre société, et non à celles de nos clients. Pour ce faire, nous avons mis en place une culture d’entreprise forte, qui s’appuie sur des valeurs traditionnelles, comme le respect de l’ingénieur. Nous subissons malgré tout, comme les autres, un turnover de l’ordre de 20 %. Nous avons recruté neuf cents personnes l’année dernière. Et, cette année, nous prévoyons d’en embaucher un millier – surtout dans le domaine du calcul scientifique. C’est pourquoi il est très important pour nous de nous faire connaître et reconnaître par les grandes écoles. Nous y consacrons plus de 90 % de notre budget marketing !
Quels sont les principaux atouts de votre management ?
Nous avons mis au point un système d’échange entre nos filiales, qui nous a permis de réduire considérablement les délais d’interprojets : le taux d’occupation de nos ingénieurs est de 97 % ! Qu’il travaille pour son agence d’origine ou pour une autre filiale du groupe, un ingénieur, chez nous, est quasiment toujours occupé. Nous sommes organisés en agences, mais le mot commercial n’existe pas dans notre société : un responsable d’agence passe 50 % de son temps à constituer son équipe et 50 % à lui trouver des débouchés – dans le groupe ou à l’extérieur
Inventer un nouveau management
Une chose est sûre pour Simon Azoulay : le métier de son entreprise est très différent de celui d’une SSII. Pourtant, Alten figure bel et bien, sur la base de ses prestations en informatique, au trentième rang de notre classement des cent premières SSII (voir page 45). Pourtant, les deux segments les plus prometteurs de son marché sont, comme dans le service informatique, ceux de l’externalisation et de la régie. Prestations en technologies avancées et services informatiques semblent en effet partager une préoccupation commune : comment inventer un nouveau management, adapté aux salariés de la connaissance ? Bien sûr, Simon Azoulay réfléchit, lui aussi, à un système d’aide à la création d’entreprise et aux stock options. Toujours est-il que, après six à sept années dexpérience, la majorité des ingénieurs quitte Alten pour rejoindre un client… AMu
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