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7e vol de Starship : SpaceX créé l’exploit et rattrape sa fusée (le vaisseau explose)

La septième mission de la méga-fusée de SpaceX avait un programme chargé : elle devait inaugurer une nouvelle génération du Starship, embarquer pour la première fois une charge utile, se mettre en orbite, et rattraper pour la deuxième fois l’étage principal.

Les reports ont été multiples à Boca Chica, au sein de Starbase, le centre spatial de Starship au Texas. SpaceX, qui prévoyait de lancer le compte à rebours du septième vol de sa méga-fusée le 10 janvier dernier, l’a reporté au lundi suivant, puis au cours de la semaine, avant de mettre en marche les 33 moteurs Raptor de son colosse de 123 mètres de haut le jeudi 17 janvier. Parmi ces moteurs du booster 14, l’un d’eux, baptisé Raptor 314, fut utilisé lors du cinquième vol, sur le booster 12. Un nouvel exploit, plus discret, qui accompagne l’arrivée d’un nouveau vaisseau Starship, plus grand, disposant d’un réservoir accru de 25 %, et de plus de 30 caméras embarquées.

Avec cette bagatelle d’équipements, SpaceX a pu tout d’abord réitérer son exploit du 15 octobre dernier, lorsque l’on découvrait pour la première fois l’étendue des travaux de la société américaine pour faire en sorte de réutiliser son booster principal de façon ingénieuse. Une prouesse, confirmée ce jour peu après 23 heures en France, grâce aux bras du pas de tir « Mechazilla ». Sous un grand ciel bleu sur les berges du Golf du Mexique, la tour de 145 mètres réceptionnait sans encombre Super Heavy, et ce malgré la panne de l’un des treize moteurs Raptor, éteint depuis la séparation de l’étage principal avec le Starship.

La séparation des deux étages s’est produite peu après 2 minutes et 45 secondes, alors que la fusée progressait déjà à plus de 67 kilomètres d’altitude, à une vitesse de 4200 km/h. À ce moment-là, les équipes de SpaceX prenaient la décision de suivre le plan initial et renvoyer l’étage Super Heavy en direction de sa tour de lancement, grâce à une météo favorable et une trajectoire nominale. Trois minutes plus tard, le colosse gagnait à nouveau l’atmosphère pour se retrouver à moins de 3 kilomètres du sol à une vitesse encore supersonique, au-dessus de 1400 km/h. En quelques secondes, celui-ci réduisait sa vitesse à zéro, et ce grâce au retour du Raptor défectueux. Treize moteurs portés à plein régime pour freiner et guider le gigantesque cylindre entre les baguettes de Mechazilla.

SpaceX a perdu son vaisseau Starship, qui a explosé

La suite de la mission ne s’est pas passée comme prévu pour SpaceX. Le septième vol de Starship, l’étage supérieur, n’a pas pu suivre ce pour quoi il était destiné, à savoir une mise en orbite, avec une livraison de simulateurs de satellites Starlink, puis un retour sur Terre, dans l’océan Indien. Peu après vingt minutes de direct, SpaceX a préféré couper la retransmission en direct alors que la société n’avait plus de nouvelle du vaisseau, et ne pouvait communiquer avec lui. « Nous pouvons confirmer que nous avons effectivement perdu le vaisseau », a déclaré Kate Tice, ingénieure de SpaceX.

« Nous devons évidemment passer en revue toutes les données. Cela va prendre du temps. Dans les prochaines heures, les prochains jours, nous allons déterminer exactement ce qui s’est passé, revenir, effectuer le prochain vol, aller plus loin », ajoutait Dan Huot, responsable des communications, avant d’ajouter : « pour rappel, il s’agit d’un essai de véhicule expérimental ». Quelques minutes plus tôt, toutes les données partagées par Starship pendant la retransmission en direct s’arrêtaient, et le vaisseau nous laissait avec la dernière information que tous ses moteurs s’étaient éteints, comme prévu, sauf un.

Spacex Starship V2 Vol 7
Le premier Starship V2, monté à l’occasion du septième vol d’essai, n’a pas résisté à sa mise en orbite © SpaceX

Une heure après la fin de la retransmission, la société aérospatiale est revenue sur le réseau social X pour donner des nouvelles. SpaceX a ainsi confirmé un « démontage rapide non programmé lors de l’ascension », que l’on pourrait traduire simplement par une explosion totale et imprévue de l’engin avant sa mise en orbite. Il n’a pas fallu longtemps pour que son destin se confirme, avec l’apparition de centaines de traînées, correspondant à chaque débris de l’appareil, dans le ciel au nord de Puerto Rico et de la République dominicaine. Selon les données de FlightRadar24, de nombreux vols ont été détournés pour mettre en sécurité les avions.

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SpaceX n’a pas eu le temps de travailler sur la mise en orbite et sur la rentrée atmosphérique de son vaisseau, qui, rappelons-le, est tout nouveau, comparé au précédent. Malgré qu’il soit monté sur un même booster que les précédents vols, et qu’il ressemble énormément aux autres Starship, ce nouveau vaisseau est plus grand, possède de nouveaux moteurs-fusées, une nouvelle protection thermique et une géométrie totalement différente forcément. En vue de la récupération de l’étage principal, SpaceX devrait désormais se focaliser sur le développement des phases orbitales et de la réception du Starship, au cours de 2025.

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C’est d’ailleurs au premier semestre 2025 que SpaceX compte bien rattraper Starship avec sa tour de lancement. Pour cela, il faudra pourtant faire un choix, et sacrifier le booster. Autrement, il faudra que SpaceX ait à temps un second pas de tir prêt. Pour une telle mission, le Starship doit impérativement certifier sa capacité à se mettre en orbite puis se désorbiter correctement, puisqu’il devra effectuer au moins un tour de la Terre, puis survoler les terres américaines, avant de revenir se reposer à Boca Chica au Texas, fief de Starbase.

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Hadrien Augusto