Perdre des données critiques est souvent synonyme de catastrophe pour une entreprise. Et même le plus pointu et le plus sécurisé des systèmes de sauvegarde n’est pas à l’abri d’un incendie, d’une inondation, d’un virus, d’une manipulation malheureuse, d’un acte malveillant, etc. Heureusement, dans la majorité des cas, les données ne sont pas réellement perdues : 75 % des unités de stockage peuvent en effet être récupérées et restaurées, estiment les prestataires spécialisés dans le domaine. En fait, le taux de récupération dépend de la nature de l’incident et, surtout, de la zone détériorée : “C’est comme pour un livre. Lorsque le sommaire est endommagé, il est plus difficile de retrouver une page. Et lorsqu’une page est brûlée, l’information est définitivement perdue”, explique Paul Dujancourt, directeur des ventes d’Ontrack, société spécialiste de la récupération de données, qui a refusé, au début de l’année, son intégration au sein de l’éditeur de logiciels de gestion de stockage Legato.
On distingue deux sortes de récupération : physique et logique. Lorsque le disque est physiquement endommagé (destruction de secteurs suite à un ” atterrissage ” des têtes de lecture sur un disque, mauvaise position des têtes qui endommagent les secteurs au fil du temps, etc. ), les prestataires réparent l’élément défectueux en laboratoire. Ils procèdent ensuite à la récupération logique des données à partir d’une image du disque, et non de l’original. L’essentiel est de récupérer la table d’indexation qui structure le stockage des fichiers pour, ensuite, pouvoir les restaurer. Si une zone de la table est endommagée et qu’il n’est pas possible de la reconstituer à l’aide de son double – en théorie, présent sur le disque dur -, la récupération est alors plus complexe. Entre en jeu, à ce moment-là, l’état de fragmentation du disque. Des fichiers volumineux très fragmentés seront beaucoup plus difficiles à réparer que de petits fichiers enregistrés d’un seul tenant sur des secteurs consécutifs.
La majorité des récupérations s’effectue en laboratoire après envoi au prestataire des unités de stockage endommagées. Protégeant jalousement leur technologie, ils sont une dizaine à posséder des laboratoires répartis à travers l’Europe et les Etats-Unis. Ils peuvent réparer différents supports (disques durs, bandes magnétiques, cartouches ZIP, etc. ) formatés et utilisés sous différents systèmes d’exploitation (DOS, Windows, MacOS, NetWare, Unix).
Une science inexacte
Seul Ontrack propose le dépannage à distance pour certains dommages logiciels. Un technicien prend alors le contrôle de la machine à distance pour rétablir l’accès à l’unité de stockage ou établir un diagnostic. La restauration peut ne prendre alors que quelques heures là où il faut compter entre deux et cinq jours lorsque l’unité doit passer en laboratoire. “La démarche est risquée, selon Philippe Joliot, PDG de PCM Assistance. Toute action sur un support endommagé peut affecter le taux de récupération des données.”En pratique, soit du fait du choix d’une formule économique (plus les délais demandés sont courts, plus les prix sont élevés), soit du fait de la complexité inhérente à l’opération, l’intervention du laboratoire nécessite beaucoup plus de temps. C’est souvent le cas pour les bandes magnétiques. Mais cela se justifie, car il s’agit généralement de données critiques, faisant partie des archives de l’entreprise. “Certaines récupérations exigent des centaines d’heures. Et, une fois sur quatre, la restauration des données n’est pas complète, estime Paul Dujancourt. Même si notre activité repose sur des technologies très pointues, la récupération n’est pas une science exacte, qui fonctionne à tous les coups.”L’existence de ce dernier recours ne doit donc, en aucun cas, se substituer à une vraie stratégie de sauvegarde.
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