2,8 milliards d’euros, c’est la somme que les quatre opérateurs ont fini par aligner hier, le troisième et dernier jour des enchères pour les fréquences de la bande 3,5 GHz. Une opération 5G rondement menée, qui n’a pas sombré dans la surenchère comme en Italie ou en Allemagne où les 6,5 milliards d’euros avaient été atteints. Mais cela rebat-il vraiment les cartes chez les opérateurs ? Ils se sont tous fendus d’un communiqué de presse euphorique hier soir à l’annonce des résultats. Comme s’ils avaient gagné la Coupe du monde.
Certes, on pourrait dire qu’il n’y a pas de perdant. Le système avait été conçu pour que chacun reparte avec une part substantielle du gâteau. Les quatre gros opérateurs étaient effectivement assurés de récupérer au moins un gros bloc de 50MHz au prix fixe de 350 millions d’euros.
Malgré tout, c’est bien Orange le vainqueur et celui qui rafle le plus de blocs (90 MHz) en mettant 845 millions d’euros sur la table. Juste derrière, SFR* repart avec 80 MHz. Pour finir, Bouygues Telecom et Free Mobile se contentent de 70 MHz. Cette différence de 10 à 30 MHz apporte-t-elle un avantage marqué à l’opérateur historique ?
Orange fait plus que doubler son portefeuille
Tout d’abord, avec près de 20 millions d’abonnés, Orange dispose du plus gros parc de clients mobiles en France. C’est considérable et il se devait d’acquérir suffisamment de fréquences pour maintenir sa qualité de service. Il ajoute 90 Mhz à son portefeuille 4G qui était déjà le plus conséquent des opérateurs. Il possédait jusque-là 83,5 MHz, soit 27,9% des fréquences mobiles. Il fait ainsi plus que doubler son portefeuille qui se composera de 223,5 MHz au total si l’on ajoute les 50 MHz dévolus à tous. Pour comparaison, Free Mobile ne possédait « que » 68,5 MHz et se hisse désormais à 188,5 MHz. C’est une belle progression mais l’écart reste notable.
L’opérateur historique conserve ainsi sa domination en matière de spectre. C’est important de le rappeler parce que certaines fréquences 4G vont pouvoir être réallouées progressivement à la 5G. Il est donc certain de proposer un débit plus rapide que ses concurrents pour son réseau 5G. Mais saura-t-il transformer ce point fort commercialement ?
La suite des épisodes semble écrite d’avance. Sûr de son avantage et fidèle à ses habitudes, Orange ne bradera pas la 5G. Et les premières fuites sur le prix de ses forfaits semblent le confirmer. Bouygues Telecom et Free Mobile seront peut-être, en revanche, tentés de le faire. Ou en tous cas de ne pas procéder à des augmentations tarifaires. On attend donc maintenant de connaître la stratégie marketing des opérateurs. Ils pourraient imiter la Chine, la Corée du Sud et les Etats-Unis où des systèmes de pré-abonnements ont été proposés aux abonnés pour basculer immédiatement de la 4G à la 5G le jour où les réseaux seront ouverts. Pas sûr que cela fonctionne aussi bien chez nous, surtout si les Français ignorent tout de la couverture à venir. Malgré tout, l’équipementier Ericsson a révélé cette semaine que 20 % des clients seraient prêts dans notre pays à passer à la 5G dans un délai de 6 à 12 mois.
* 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété de Altice Médias.
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