Verizon est l’un des plus gros opérateurs américains avec AT&T, T-Mobile et Sprint. Il commercialise aux États-Unis des offres 5G pour l’Internet fixe depuis le mois d’octobre 2018 et des forfaits mobiles 5G depuis avril dernier. La société propose aussi des solutions de connectivité sans fil, de réseau géré, de virtualisation et de sécurité aux entreprises et institutions. Elle possède enfin un groupe de médias. Rencontre avec l’une de ses vice-présidentes, Victoria Lonker, responsable des produits télécoms.
01net.com : Combien de villes couvrez-vous en 5G aux États-Unis et combien de clients comptez-vous ?
Victoria Lonker : Nous couvrons à ce jour 13 villes et nous aurons atteint les 30 d’ici la fin de l’année. Nous ne communiquons pas encore sur le nombre de clients, mais je peux vous dire qu’ils proviennent essentiellement de la partie grand public, car nous commençons tout juste à proposer de la 5G pour les entreprises. Et nous avons autant d’abonnés sur la partie Fixed Wireless Access que sur le mobile. Le défi, c’est qu’il n’y a pas encore beaucoup de terminaux pour le moment. En plus de quoi nous avons besoin d’une offre plus étoffée pour convaincre les utilisateurs de passer à la 5G. Ce sont vraiment les tous débuts.
Les États-Unis, la Corée du Sud ou la Suisse ont déjà lancé la 5G. La France ne le fera que dans le courant de l’année prochaine. Pensez-vous que notre pays soit en retard ?
La France va arriver tard, c’est certain. Mais cela ne veut pas dire trop tard. Pour qu’un lancement fonctionne dans un pays, il faut que plusieurs facteurs soient réunis. Le premier impératif, c’est que les stations de base mobiles soient reliées en fibre optique. Or, j’ignore si tous les opérateurs français remplissent ces conditions. Notre aimons dire en plaisantant qu’« il faut beaucoup de fils pour faire du sans fil ». Par extension, je dirais qu’il faut beaucoup de fibre optique pour faire de la 5G.
L’autre problème, c’est l’accès au spectre. Je crois savoir que la procédure d’attribution des fréquences 5G n’est pas lancée en France. Cela crée probablement une situation d’attentisme de la part des opérateurs qui pour cette raison ne se sont peut-être pas précipités pour fibrer leurs stations de base.
Y a-t-il un risque que les utilisateurs soient déçus par la 5G qui ne pourra pas être exploitée au maximum de ses performances dans les débuts du déploiement ?
Nous promettons depuis le lancement un débit de 1 Gbit/s à nos abonnés. Et encore, nos tests grimpent bien au-dessus de ce pic. Vous seriez déçue, vous, avec un tel débit mobile ?
Mais en quoi consistent vos offres et combien coûtent-elles ?
Nous offrons plus de débit. Mais nous ne proposons pas de service ou de contenu spécifiques. Nous apportons à nos clients de la connectivité et c’est à eux de décider ce qu’ils veulent en faire. Ils ont la liberté de puiser dans des offres OTT ou des applications tierces.
Concernant les prix, nos tarifs sont en partie expérimentaux. Pour le mobile, nous avons choisi de reprendre les mêmes forfaits qu’en 4G avec un supplément de dix dollars par mois. Pour le fixe, ceux qui sont déjà clients chez nous bénéficient d’un forfait plus avantageux que les nouveaux abonnés.
Avez-vous eu des surprises avec vos premiers déploiements ?
Nous avons beaucoup appris avec le Fixed Wireless Access. Pour notre offre, en plus du routeur, les particuliers doivent installer un point d’accès avec une antenne, comme on le voit sur l’image ci-dessus, pour capter la 5G à leur domicile. Son installation est particulièrement délicate. Pour éviter l’intervention systématique d’un technicien, nous avons développé des outils et du machine learning, afin de positionner au mieux l’antenne et optimiser le signal à l’intérieur. Mais chaque implantation représente un nouveau défi.
Pensez-vous que la 5G va apporter davantage aux entreprises qu’au grand public ?
La 5G va bénéficier automatiquement davantage aux industries et aux entreprises qu’au grand public. La voiture sans conducteur, les usines avec des robots œuvrant en toute sécurité pour les ouvriers, les opérations chirurgicales à distance vont ouvrir de nouvelles opportunités aux industriels. Ce sera encore plus marqué dans les pays comme l’Allemagne où les verticaux (les acteurs industriels qui ne travaillent pas dans les télécoms, comme les constructeurs automobiles, par exemple) ont pu se porter candidats pour acheter des bandes de fréquences 5G.
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