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5G : Huawei bientôt interdit dans toute l’Union européenne ?

La Commission européenne souhaiterait que l’ensemble des États-membres de l’Union européenne exclut Huawei lorsqu’ils choisissent leurs fournisseurs des infrastructures 5G. Une règle, qui date de 2020, recommande déjà de ne pas s’adresser à des « fournisseurs critiques » – ce qui comprend Huawei – mais cette préconisation ne serait suivie que par un tiers des pays européens. De quoi mettre à mal la sécurité de toute la zone, selon l’exécutif européen.

L’Union européenne pourrait durcir ses règles en matière de 5G et passer d’une recommandation à une interdiction totale, à propos du fournisseur chinois Huawei. C’est ce que laisse entendre le Financial Times ce mercredi 7 juin. Selon nos confrères, la Commission européenne envisagerait d’interdire le recours aux « fournisseurs à risque » pour la construction de la 5G, afin d’assurer la sécurité de l’ensemble de l’Union européenne (UE), selon des fonctionnaires qui n’ont pas souhaité être nommés. Dans cette catégorie de sociétés se trouveraient des fournisseurs « qui dépendent fortement d’un État, ou qu’un État peut obliger à divulguer les données de ses clients », expliquait Thierry Breton en 2020. Parmi eux : Huawei, contraint par une loi chinoise de 2017 de collaborer avec les Renseignements chinois si ces derniers en font la demande. 

Car si certains pays ont bel et bien déjà exclu le fournisseur chinois, visé notamment par des sanctions aux États-Unis, d’autres continueraient à y avoir recours pour construire leur infrastructure 5G. Ils ne seraient qu’un tiers des États-membres à avoir véritablement exclu la société de la fourniture des infrastructures 5G. Un tiers, « c’est trop peu. Et cela met en péril la sécurité collective de l’UE », a déclaré Thierry Breton, commissaire européen chargé du Marché intérieur, aux ministres des télécommunications de l’Union lors d’une réunion qui s’est tenue la semaine dernière.

« Une dépendance critique qui pourrait devenir une arme contre nos intérêts »

Les fonctionnaires interrogés par nos confrères ont mis en garde contre les « coûts d’une dépendance à long terme » à l’égard de la Chine, si l’ensemble des États-membres de l’UE n’excluait pas Huawei. Ils n’ont pas hésité à comparer cette situation avec la dépendance européenne au gaz russe, énergie dont les Européens étaient pieds et poings liés jusqu’à la guerre en Ukraine. 

« Mon principal message aux États membres a été de leur rappeler qu’il était urgent d’agir pour éviter de créer des vulnérabilités majeures qu’il serait difficile d’éliminer », a déclaré Thierry Breton. Et si l’Europe a réussi à réduire, voire à éliminer sa dépendance au gaz russe, il faut désormais faire de même pour les réseaux 5G, car« nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir des dépendances critiques qui pourraient devenir une arme contre nos intérêts », a-t-il prévenu. 

Huawei estime qu’une telle interdiction violerait les lois de l’UE

Contactée par nos confrères, la Commission européenne n’a pas souhaité faire de commentaire. Mais elle devrait présenter dans quelques jours un rapport sur le sujet. Un durcissement des règles actuelles, qui avaient été approuvées en 2020, ne devrait toutefois pas être mis en œuvre dans l’immédiat. Il faudrait que la mesure soit adoptée par les États-membres et le Parlement européen – un processus qui prend de longs mois, au mieux.  Huawei a, pour sa part, critiqué ce potentiel durcissement de l’UE, qui reviendrait à « exclure des fournisseurs spécifiques du système sans évaluation technologique appropriée ». La mesure constituerait « une violation des principes d’équité et de non-discrimination » allant « à l’encontre des lois et des règlements de l’Union européenne et de ses États-membres ». 

Répondant à l’accusation des États-Unis qui estime que l’entreprise a dérobé de la propriété intellectuelle et fait de fausses déclarations au FBI, l’entreprise explique qu’aucune cour de justice n’a jugé « que Huawei s’était livré à un vol malveillant de propriété intellectuelle, ni exigé de Huawei qu’elle verse des dommages-intérêts pour violation de la propriété intellectuelle d’autrui ». 

Depuis des années, la société est dans le viseur de Washington, qui l’a placée sur liste noire en 2019, accusant l’entreprise chinoise de copier ses champions nationaux. Le pays estime aussi que Pékin pourrait utiliser ses infrastructures 5G pour intercepter des communications et surveiller des pays ou des personnes, à la demande du parti communiste chinois – accusations toujours réfutées avec virulence par la Chine. Les États-Unis militent pour que leurs alliés bannissent l’entreprise de leurs marchés de la 5G. C’est déjà le cas pour le Danemark, la Suède, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie dans l’UE. Le Portugal devrait bientôt rejoindre cette liste. Mais il reste tous les autres États-membres, qui ont opté pour des règles moins dures, comme la France

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Source : Financial Times


Stéphanie Bascou